Paru la semaine dernière, Roi Ours nous plonge au coeur de la forêt, à la rencontre de dieux-animaux fascinants.
Une véritable seconde chance ?
Xipil est offerte en sacrifice à la déesse Caïman. Elle est la fille du chaman. Une offrande qui, il l'espère, amènera la déesse à lever sa malédiction. Mais contre toute attente, la jeune femme est libérée par le Roi Ours avant que ne puisse s'accomplir son funeste destin.
En la sauvant, il la condamne aussi. Xipil ne peut plus rentrer auprès des siens. Alors pour qu'elle puisse continuer de vivre, le Roi Ours lui propose une alternative : devenir son épouse.
Première bande dessinée de Mobidic, Roi Ours s'inspire de la mythologie amérindienne, essentiellement aztèque. Son héroïne va se confronter à des dieux qui, s'ils sont bien réels, ne sont pas pour autant ceux que croient les humains. L'auteure brode autour des mythes et légendes son propre univers. On fait petit à petit connaissance avec les uns et les autres, leurs coutumes, et leur passé, en même temps que l'héroïne.
Une jolie première bande dessinée.
Le récit reste peut-être un peu en surface, mais n'en reste pas moins très bien construit, et vraiment prenant. On s'attache tout de suite aux personnages que l'on croise, fasciné par ce lieu tout en sérénité où des animaux géants règnent sur leurs peuples. L'histoire est rythmée, riche en rebondissements, mais prend le temps de nous en dire un peu plus sur ce monde que les hommes craignent sans vraiment le comprendre. L'univers est d'ailleurs si riche et réussi qu'on regrettera de ne pas pouvoir passer plus de temps à l'explorer et le découvrir.
Graphiquement, on regrettera ce qui semble surtout être un choix éditorial : Roi Ours est publié en grand format, mais l'épaisseur du trait et de la police de caractères semblent indiquer que les planches ont été prévues pour un format plus petit, comme celui de la collection Mirage. Le trait est en tout cas un peu épais ici, desservant la finesse et la douceur du très beau dessin de Mobidic. Certaines planches comptent quelques cases avec des différences d'épaisseurs d'encrage qui accentuent ce sentiment.
Pour autant, le dessin est vraiment beau. Il apporte de la sensualité à Xipil, et une vraie douceur à l'ensemble, appuyée par une colorisation aux teintes terreuses qui donne à la nature qui les entoure une présence, en faisant presque d'elle un personnage de l'histoire. La mise en scène est elle aussi réussie, se concentrant surtout sur les échanges et les relations entre les personnages, mais sans oublier des scènes d'action qui viennent rythmer l'ensemble, donnant au récit un côté plus sombre.
Malgré quelques petits défauts, Roi Ours est une vraie belle surprise. Un premier tome maitrisé, riche d'un univers captivant, d'une histoire bien menée et servie par un dessin élégant et doux.