Illustration de l'article
Critiques
Archive 9ᵉArt
par Sullivan - le 26/10/2015
Partager :
par Sullivan - le 26/10/2015

Astérix et le Papyrus de César, la critique

Affichage en gare, dans le métro et dans la rue, en plus de quelques milliers de PLV dans le moindre tabac-presse : il vous est impossible de passer à côté de la sortie d'un nouvel album d'Astérix. BD la plus vendue avec quelques centaines de milliers d'exemplaires d'avance sur ses concurrents à chacune de ses sorties, Astérix est à la fois une valeur sûre du monde de la BD, en plus d'être particulièrement en marge en étant le principal titre de sa maison d'édition, Albert René. Presque deux ans jour pour jour après la sortie d'Astérix chez les Pictes, que j'avais adoré à sa sortie et que j'ai relu avec plaisir, voici venir la seconde collaboration de Jean-Yves Ferri (scénario) et Didier Conrad (dessins) aux mains des irréductibles gaulois. 

Le ton est posé dès le titre et la couverture de l'album : César va une fois de plus s'en prendre plus ou moins directement au village d'Abraracourcix. Marquant chez les Pictes pour sa propension à proposer une lecture et une morale très moderne au travers des traditions archaïques des Gaulois, Ferri va cette fois-ci consacrer le propos de son album au pouvoir de l'information, son coeur et les très nombreux lieux qu'elle touche et qu'elle inspire. Ainsi, Rome va se poser en mégalopole absolue, seule source d'information et des nombreux potins qui viennent agiter le quotidien de Gaulois qui voient en cette nouveauté la meilleure façon de trahir la routine. Sauf qu'à l'instar de notre société, celle-ci va s'imposer comme source de conflits, de désintéressements et accompagnera la lente décrépitude des valeurs humaines. Certes, tout ici est bien plus joli que ce terrible constat, mais la finesse de l'auteur et ses jeux de mots brillants (une marque de fabrique de la série depuis toujours) nous confèrent la certitude que c'est bien un message plus profond qui se cache dans cet album. 

Malheureusement, derrière cette belle allégorie se cache un vrai manque d'originalité, notamment en raison du schéma trop classique de l'opposition entre la Gaule et Rome, les voyages entre les deux points chauds de cet univers et la récurrence de personnages loin d'être tous passionnants, ou aussi travaillés qu'ils le devraient - à l'image du mentor de Panoramix, qu'on aurait aimé voir d'avantage développé.

Du côté du dessin, Didier Conrad impressionne toujours autant par sa faculté à coller au trait historique de la série, et s'offre quelques respirations par de grandes cases bourrées d'action, où sa science du détail fait briller un sublime académisme dans sa représentation de chaque personnage. Là aussi, à l'image de la richesse profonde du scénario de Ferri, l'album souffre d'un petit manque d'originalité (dans le design des nouveaux venus notamment) et surtout d'une fabrication parfois abominable. Ce ne sera peut-être pas le cas de tous les tirages, mais mon édition achetée dans le commerce compte une moitié de pages à l'impression "doublée", ce qui donne une désagréable impression de flou et de traits qui bavent à des pages qui ne demandent qu'à briller. 10€ certes, mais à quel prix ? 

Plus fin qu'il n'y paraît derrière son utilisation des éléments classiques de la série, Astérix et le Papyrus de César déçoit par sa fabrication pour le moins limite et par son manque d'originalité, qu'on pouvait craindre après le très bon Astérix chez les Pictes. Toutefois, le second niveau de lecture et l'excellence de Didier Conrad sauvent les apparences, et font de cet album un élément tout à fait acceptable dans votre immense collection Astérix, qui n'aurait pas dit non à un second petit classique. 

Actualités
Voir tout
Publications similaires
Abonnez-vous à la newsletter !
Le meilleur de l'actualité BD directement dans votre boîte mail