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par Elsa - le 29/12/2013
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par Elsa - le 29/12/2013

Mes incontournables 2013 2/2 - BOUM

Et voici la suite et fin de mon (très long) best-of. Pendant que je voyais ma liste s'allonger sur mon petit brouillon, la question de comment découper la sélection s'est posée. Aucune envie de catégoriser en franco-belge/manga/comics parce que je n'aime pas les petites cases, et que j'aime d'ailleurs souvent des titres qui mêlent les genres et prennent leurs influences partout.

Puis tout s'est fait instinctivement, un titre dans une colonne, l'autre dans l'autre, tout ça tout ça. Et ce qui est marrant (enfin je trouve ça marrant, mais il ne m'en faut pas beaucoup), c'est qu'à bien y réfléchir, toutes les bandes dessinées qui me parlent vraiment provoquent chez moi l'un de ces deux effets (voir les deux, parfois).

La première s'intitule Invitation à la rêverie, parce que j'aime qu'on me raconte des histoires, qu'on m'invite dans un univers construit en petits bouts de plein de choses et surtout de sincérité, et qu'on me laisse m'y promener. C'est reposant, et inspirant aussi.

La deuxième, celle que vous allez lire ici, s'appelle BOUM. Parce que je souffre d'une légère addiction à ces bd qui, sous leurs airs innocents de simples objets faits d'encre et de papier, vous explosent en pleine face et vous laissent un peu sonné une fois la dernière page tournée. Comme si vous  étiez venu admirer un feu d'artifice, et que sans faire attention vous vous étiez assis juste devant les explosifs. Au lieu du joli petit spectacle attendu, vos oreilles bourdonnent, vos yeux voient des trucs étranges et vous vous sentez en même temps euphorique et extrêmement fatigué.

Je ne saurai pas mieux vous décrire la sensation que m'a procuré la lecture des 17 titres qui vont suivre.



On commence avec Brian K. Vaughan ? Avec Saga, le scénariste a mis tout le monde d'accord. Il rafle tous les prix, et impossible d'en parler sans étoiles plein les yeux. Saga est une vraie bombe. Space opera complètement allumé, on y voit défiler une tonne de personnages plus géniaux les uns que les autres, tout le monde déteste tout le monde, ils ont tous des secrets inavouables, et dans l'immensité de l'Univers, tous les regards sont braqués dans une seule direction : Hazel, une petite fille métisse qui porte en elle une lueur d'espoir que beaucoup voudraient éteindre. C'est beau, drôle, fou, incroyablement bien construit, et le trait réaliste et dynamique de Fiona Staples sert parfaitement le génie du scénariste. Si ça n'est pas déjà fait, lire Saga devrait faire partie de vos bonnes résolutions pour 2014.

Urban Comics a aussi réédité Ex Machina, autre bijou de Brian K. Vaughan, et j'en ai profité pour le découvrir. Cet auteur semble transformer tout ce qu'il touche en or. Ici, un homme sans histoire se voit doter du pouvoir de communiquer avec les machines, devient un super-héros, prend sa retraite, puis est élu maire de New York. Mais est-ce que des super-pouvoirs et de belles ambitions sont vraiment suffisants pour réussir en politique ? Un titre qui mêle les genres avec brio sous le trait élégant de Tony Harris.

On reste chez Urban (un éditeur qui fait du super super boulot, sélection géniale et livres canons) avec un autre auteur qui a marqué mon année. Sean Murphy a beaucoup fait parler de lui à la sortie de Punk Rock Jesus (et vous savez sans doute déjà tout l'amour que lui porte le reste de l'équipe 9èmeArt, je ne viens que me rajouter à l'enthousiasme général). Ce one-shot contient tout ce qu'une bd peut compter de cool. Le dessin est sublime et bourré d'énergie, la narration ultra prenante et le propos sur la religion comme sur le business du divertissement vraiment intéressant.

Sorti en France en même temps, Off Road, premier titre de l'auteur, n'a pas eu la même visibilité mais n'en reste pas moins une des meilleures lectures de mon années. Basé sur une anecdote réellement arrivée à l'auteur, ce moment de lose aux airs de road trip immobile réussit à rendre captivants les plus petits détails, avec des personnages attachants, et une bonne dose d'humour qui permet à l'auteur d'aborder des sujets difficiles. Et puis déjà ce dessin beau et puissant.

Un autre éditeur qu'on aime beaucoup chez 9èmeArt, et dont j'ai déjà eu l'occasion de parler dans la première partie, c'est Ki-oon. J'adorais déjà le travail de Kim Byung Jin sur Jackals, et il laisse exploser tout son talent dans Warlord. Scénarisé par Kim Sung Jae, avec qui il avait déjà travaillé sur Chonchu, Warlord est une série de dark fantasy où une petite équipe semble le dernier espoir pour sauver le monde. Face à eux, des créatures surpuissantes et des ennemis bien humains, mais animés par les plus mauvaises intentions. L'histoire est prenante et les planches du dessinateur sont un vrai régal. Ses personnages sont beaux, les armes et armures superbement détaillées, les créatures géniales, et la mise en scène hyper cinématographique nous en met plein les yeux. Si le manga offre un support idéal pour des scènes de baston pleines d'énergie, Kim Byung Jin utilise cet atout avec un talent dingue.

Je parlais tout à l'heure de ces titres qui se fichent des cases, Lastman a marqué l'année en prouvant qu'on pouvait faire un excellent shonen en France aussi. Le trio Balak/Bastien Vivès/Mikaël Sanlaville fait des étincelles, et Lastman est un cocktail parfaitement dosé d'action, d'humour, d'émotions, et de références et d'hommages en tous genres. Et pour l'histoire, je vous laisse lire la géniale chronique de Sullivan.

En parlant de très bon, le Label 619 fait à n'en pas douter partie de ce qui se fait de mieux en bd ces dernières années. Aucune surprise à ce qu'on retrouve donc dans ma sélection, en plus de Rouge dans la partie 1, toutes les sorties 2013 du label. On commence avec le très attendu tome 4 de Mutafukaz . Angelino et Vince semblent attirer les embrouilles, et en savent involontairement beaucoup trop. Une ville californienne qui sombre dans la guerre civile, des personnages complètement barrés, une histoire pleine d'action et de rebondissements et le dessin magnifique de RUN, voici quelques uns des ingrédients de cette série culte dont chaque tome monte encore un peu plus en puissance.

Et puis The Grocery, qui prend place dans un quartier malfamé de Baltimore. Un nombre impressionnant de personnages s'y croisent dans des  scénettes tantôt drôles, dures, émouvantes, et dressent le portrait d'une Amérique bien moins glamour et lisse que celle racontée par Hollywood. Des ados qui finissent corner boys aux vétérans tombés dans la misère, les laissés pour compte sont les héros de cette histoire où Aurélien Ducoudray aborde des sujets difficiles avec beaucoup d'intelligence. Le savant mélange de mignon et de trash dans le dessin de Guillaume Singelin, et ses couleurs superbes, achèvent de rendre ces chroniques de quartier addictives. Le tome 2 perdait un peu en légèreté ce qu'il gagnait en profondeur, et bonne nouvelle, le tome 3 sort le 7 février prochain.

2013 a comblé tous les fans de Freaks' Squeele, avec un très très bon sixième tome , mais aussi deux spin-off. Rouge donc, mais aussi l'excellent Funérailles. Ce premier volume d'un triptyque revient sur les origines du plus mystérieux et charismatique personnage de la saga. Une plongée dans des temps anciens où les intrigues se croisent, un ton beaucoup plus sombre que ce à quoi Florent Maudoux nous avait habitué, et à la clé une vraie réussite. Funérailles est graphiquement superbe, très riche et bien écrit. Et vous pouvez le lire même sans connaitre la série principale, alors ne vous faites surtout pas prier. (ma chronique de Freaks' Squeele 6 et l'interview de Florent Maudoux et Sourya)

Imaginée par El Diablo et Pozla, Monkey Bizness est une bd aussi géniale que ses auteurs. Dans un L.A. devenu Los Animales après la quasi extinction de la race humaine, les animaux ont pris la place de cette dernière. Jack Mandrill et Hammerfist sont deux potes qui ne vivent que de magouilles un peu miteuses et de beuveries. A partir de là, le duo nous emmène en virée de quartier en quartier, de baston en embrouilles en tout genre. C'est trash, et surtout à hurler de rire. Le dessin de Pozla, plein d'énergie et de détails, tous comme les dialogues signés El Diablo sont un vrai régal. Le deuxième volume est tout aussi parfait que son prédécesseur.

Dernier titre labellisé 619 de cette sélection, et pas des moindres, le quatrième volume de Doggybags confirme un peu plus la qualité du titre. Un concept simple : trois histoires trois tueries. Et le mot tuerie s'emploie ici dans tous les sens du terme, puisqu'il y est question d'hectolitres d'hémoglobines et qu'on y retrouve des auteurs incroyablement talentueux. Au programme de ce nouvel opus, un naufrage, une dame blanche et des Navy Seals, le tout imaginé par El Diablo, Nicolab, RUN et Guillaume Singelin. Si l'exercice de l'histoire courte en bd est souvent casse-gueule, les auteurs utilisent ici cette contrainte à la perfection. C'est dense, et à chaque fois incroyablement cool.

Les auteurs du label 619, comme ceux de Lastman, font partie de cette nouvelle génération qui s'affranchit des codes du franco-belge et sait tirer ses influences de toutes les cultures avec beaucoup d'intelligence et tout autant de plaisir. Il en est de même avec le trio derrière Bad Ass, un comics qu'il ne faudrait en aucun cas bouder parce que ses auteurs sont français. Le génial scénariste Herik Hanna (7 Détectives), le tout aussi bon dessinateur Bruno Bessadi (Zorn et Dirna) et le coloriste Gaëtan Georges s'associent pour le meilleur dans cette série dont les deux premiers tomes sont chacun consacré à un personnage. On y fait la connaissance de Dead End et The Voice , deux cinglés dotés de super-pouvoirs. C'est ultra violent mais hilarant, aussi bien écrit que dessiné, et si le premier tome est déjà excellent, le deuxième monte encore en puissance. Du très bon.

Changement d'ambiance avec Blue note, dont j'ai déjà eu l'occasion de vous parler sur 9èmeArt. L'association de la boxe et du jazz sur fond de fin de la Prohibition. C'est graphiquement très beau, et tout aussi bien écrit. Un premier tome one-shot qui gagnera encore en profondeur avec le second tome, construit en miroir. (ma chronique de Blue Note et l'interview de Mikaël Bourgoin, le dessinateur)

Ma révérence fait partie de ces titres qu'on attendait d'un œil curieux, sans trop savoir, justement, à quoi s'attendre. Et personnellement, c'est une sacrée leçon d'écriture que m'a donnée Wilfrid Lupano. C'est l'histoire d'un montage de braquo par deux hommes un peu paumés. Ils n'y connaissent rien en banditisme, mais leurs intentions ne sont pas dénuées d'une certaine noblesse. Personnages géniaux, dialogues blindés de tirades appelées à devenir cultes, histoire toute en jeu de flashbacks vraiment captivante, le tout sous le trait vivant de Rodguen. Un bonheur. (l'interview de Lupano et Rodguen)

L'adaptation de Millénium signée Sylvain Runberg et José Homs est tout simplement excellente. Je ne vais pas redire tout le bien que j'ai pu en dire dans ma chronique, mais le travail de réécriture est très bon, et offre un nouvel angle pour découvrir l’œuvre de Stieg Larsson. Et que dire du dessin de José Homs ? Chaque planche est plus belle que la précédente, et sa Lisbeth est tellement charismatique qu'on en oublie toutes les autres. (ma chronique de Millénium)

Je conclurai cette liste avec ma dernière grosse grosse émotion. Sans mentir, j'ai dû passer 20 minutes à contempler le mur en face de moi en essayant de reprendre mon souffle, et de calmer mon cœur, après avoir terminé Pendant que le roi de Prusse faisait la guerre, qui donc lui reprisait ses chaussettes ? Zidrou est à mes yeux un des plus grands scénaristes actuels, chacune de ses bd adultes me bouleverse, me prend les tripes, et me rend tour à tour incroyablement triste ou joyeuse. Ça n'a pas manqué avec cette histoire pleine d'amour entre une maman plus toute jeune et son grand fils handicapé. C'est d'une justesse magistrale, et le dessin si fin, si doux, si élégant de Roger (Jazz Maynard) termine de remplir notre cœur de bouffées d'émotions incontrôlables. Cette bande dessinée rend la vie plus jolie, tenez-vous le pour dit. (ma chronique)

Et voilàààà ! Les trente cinq titres qui ont le plus marqué mon année, que je vous conseille de tout mon cœur, tant ils sont à mes yeux incontournables. Après une première partie pleine de douceur et de poésie, ici on est plutôt dans les sensations fortes.

Dans ma première note de blog, je vous parlais de la chance que nous avions que tant d'auteurs talentueux nous racontent des histoires. Je me sens réellement chanceuse d'avoir croisé chacun de ces titres, que des scénaristes et dessinateurs géniaux m'aient ouvert les portes de leurs univers, pour une balade un peu dingue, un voyage inspirant.

Et vous alors, quels sont les titres qui ont marqué votre année ?

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