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par Mast - le 23/10/2013
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par Mast - le 23/10/2013

Être Artiste (1): Le Temps.

C’est un peu le souci numéro un de quiconque tente de se lancer professionnellement dans une activité artistique. Où trouver le temps ? Comment le gérer ?

 

Je vais ici prendre notre exemple à Geoffo et moi – parce que c’est mon blog et qu’au moins ça limitera le nombre de conneries que je sortirais vu que je serai en terrain connu - tout en gardant en tête les expériences partagées par des collègues. Je vous préviens, c’est vraiment une note de blog brouillonne, vous pouvez passer au dernier paragraphe pour le résumé du schmilblick.

Geoffo et moi on se connaît depuis qu’on est gamins, on a longtemps squatté des forums internets tels que feu le forum Marvel France ou Buzz Comics, foutant en ligne dès 2002 (avant Facebook et Twitter, t’as vu) des tonnes et des tonnes de BD amateurs, faites sur notre temps libre. De 2008 à 2010, on a commencé chacun à s’intéresser sérieusement à la BD numérique créée POUR les écrans (en gros, pas simplement de la bd franco-belge scannée telle qu'elle), en découvrant les essais théorico-turbodessinés de Balak et en cédant à la mode des blogs BD… Jusqu’à l’arrivée de l’IPAD et des tablettes. C’est à ce moment-là qu’on s’est dit "hey, c’est pour nous, ça". On avait notre créneau. On estimait savoir comment gérer la création de récits dessinés pour les écrans. On s’est lancés. Et de 2010 à mai 2012, on a développé projets sur projets. On a mis le temps avant de réellement trouver notre voie et notre voix. En mai 2012, Balak – dans un élan de solidarité dans lequel on ne l’y reprendra plus parce que faut pas déconner, oh - nous a permis de faire publier notre série turbomedia Pax Arena chez Thrillbent, la maison d’édition numérique de Mark Waid, le Spielberg des comics, connu pour des trucs comme Kingdom Come ou Superman : Birthright.

Une saison de 8 épisodes plus tard, Marvel nous recrutait pour travailler sur leur ligne de comics numériques, les Marvel Infinite Comics.

Belle histoire, on est heureux, youpi. C’était loin d’être facile. Et surtout, ça a demandé du temps. Beaucoup de temps. Jusqu’aux Marvel Infinite Comics, tout ce travail de recherche et de création n’était évidemment pas rémunéré et venait en complément de petits boulots (pour moi) et de trois ans d’école d’anim’ à LISAA (pour Geoffo). Les autres secteurs du marché du travail ont les stagiaires. Nous, on a la production gratuite. Ne pas être payé pour son boulot, c'est toujours, comment-dire... Notre banquier n'approuve généralement pas. Produire gratuitement, ça fait partie du jeu. Il faut faire ses preuves sans attendre de retour financier. Je sais, c'est pas drôle, c'est pas sexy, ça fait rager. Pour le moment, ça fonctionne comme ça. Sur Pax Arena, on a touché très peu d'argent. Mais, au final, faire cette série nous aura permis de bosser pour Marvel. Ce qui était un de nos objectifs.

Le temps, donc. Il a fallu le trouver. Se priver toujours un peu plus de vie sociale, de loisirs. Un vrai défi, au final. On comprend vite que pour passer le cap d’artiste-amateur-pas-encore-pro-mais-presque, il faut un minimum de méthodologie et de contrôle sur sa procrastination. Dans notre cas, on avait en plus la désagréable sensation que le créneau du numérique pouvait disparaître à tout moment, et avec lui, notre petite porte d’entrée vers l’incroyable monde de la création. Cette stupide petite paranoïa nous a vraiment forcés à nous bouger et à créer notre chance en saisissant chaque opportunité qui se présentait à nous.

Avoir du temps, c’est bien, le mettre à profit, c’est mieux. Oubliez les jeux Facebook chronophages (dieu sait que ça a été dur d’arrêter Marvel Avengers Alliance, mais j’y suis arrivé) et réfléchissez bien à la façon dont vous investissez votre temps. Est-ce que vous avez encore besoin de faire des fanzines ou des commissions ? J’adore les fanzines. En tant que lecteur et en tant qu’auteur. Mais vient un temps où il faut manger autre chose que des chips à chaque repas. Les commandes de dessins font rentrer de l’argent. J’ai trouvé qu’elles m’éloignaient pourtant de mon objectif principal : raconter des histoires.

Pour bien gérer son temps disponible, l’idéal, c’est d’avoir un objectif clair. La fameuse question « qu’est-ce que tu veux faire quand tu seras plus grand ? ». Je veux raconter des histoires. Peu importe le médium. J’ai une grande préférence pour la BD, mais vraiment peu importe. Depuis un an, mon objectif s’est précisé.  Je veux  raconter une histoire cohérente éclatée sur plusieurs plateformes médiatiques (principe du transmedia storytelling). Utiliser les formats du turbomedia, du jeu-vidéo, de la bd papier, du dessin animé et les réseaux sociaux pour présenter un récit prenant place dans un univers étendu.

Savoir dans quelle direction je dois aller m’aide énormément à me débarrasser de tout ce qui est superflu. Pour prendre un exemple plus typique, si votre truc c’est dessiner des zombis, vous allez clairement pas perdre votre temps à aller scénariser des épisodes de Plus-Belle-La-Vie (encore que, d’aucuns diront que ça peut vous aider à apporter un nouvel angle au genre Zombie).

Le meilleur conseil que je puisse donner aux auteurs amateurs qui veulent franchir le pas et qui savent déjà où aller, c’est de trouver un petit boulot pendant 6 mois/ un an et de profiter du chômage derrière pour vous lancer dans le grand bain. On a un système en France qui permet à chacun (même les plus pauvres) d’avoir une chance de s’investir dans un projet qui lui plaît plutôt que de se perdre dans un boulot alimentaire. Profitez-en.

Je vais m’auto-résumer pour ceux qui viendront juste lire le dernier paragraphe : pour se lancer en tant que créateur, il ne faut pas céder aux sirènes de la procrastination. Chaque minute compte. Fixez-vous des objectifs. Trouvez le temps. Créez votre propre chance en travaillant dur et en ne laissant pas passer les opportunités. Viendra un moment où tout cela paiera.

Bises.

 

Mast.

 

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