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par Elsa - le 17/10/2013
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par Elsa - le 17/10/2013

Blue note - tome 1, la critique

Jack a raccroché les gants depuis un moment déjà. Il préfère se battre à mains nues, dans des petits combats minables, juste histoire de se sentir vivant. Pour le reste, il est bien mieux loin des lumières et des illusions de la ville. Mais Théo vient le voir, avec une idée derrière la tête. Théo, c'est son passé qui lui sourit de toutes ses dents, et qui connait par cœur les mots pour le faire rentrer au bercail.

Alors Jack Doyle revient à New York, pour un seul combat, celui qui lui permettra de régler ses derniers comptes. Il est bien décidé à éviter les embrouilles, mais peut-on lutter indéfiniment contre ses démons ?

La fin d'une ère

Blue Note démarre un mois avant la fin de la Prohibitition, et les tensions sont palpables. Leurs activités vont bientôt devenir légales, mais les mafieux ne sont pas près de devenir d'honnêtes citoyens. Jack connait le milieu, et il a toujours tout fait pour se tenir à bonne distance. Malheureusement pour lui, ce petit retour aux sources et à l'adrénaline du ring ne va pas être aussi simple que le plan sans encombre que lui avait vendu son 'ami' Théo. Et difficile alors de savoir à qui se fier.

C'est un instant sur le fil que nous racontent Mathieu Mariolle et Mikaël Bourgouin. Un New York entre deux ères, où les plus faibles payent les pots cassés pendant que les puissants s'en tirent avec un panache insupportable. Jack Doyle est un homme fatigué qui aimerait faire taire l'ancien boxeur en lui, aspirant seulement à une vie paisible. Il essaie d'être malin, mais ça n'est jamais évident quand on n'a pas toutes les cartes en main. Et puis il y a la musique... Blue Note, c'est la note bleue, bien connue des amateurs de blues et de jazz. Un petit abaissement de la note qui donne sa saveur si particulière à cette musique, entre douceur et nostalgie. Le cœur de Jack s'emballe dès les premiers accords. Car s'il déteste la part d'ombre de la Grande Pomme, les mélodies jouées au sein des clubs les plus prisés de la ville sont pour lui une véritable addiction. Le temps s'arrête quand il assiste au plus aérien des combats, entre trompette et contrebasse, piano et voix feutrée.

Quand la bande dessinée devient musique

L'histoire est remarquablement écrite, entre monologues intérieurs tout en justesse et argot de l'époque. Le dessin de Mikaël Bourgouin est élégant et nerveux. Son trait donne au noir toute la place qu'il mérite. Le noir qui creuse les rides, et qui dissimule les pires secrets, celui de la nuit aussi. Chacun des personnages a une véritable 'gueule', une présence, qu'il soit crapule détestable ou dernière lueur d'espoir dans un monde désabusé. La colorisation joue sur les ambiances, les atmosphères, avec des planches presque monochromes, des teintes un peu passées, qui nous plongent déjà dans la rondeur des cuivres qui résonnent à nos oreilles. Car Blue Note est véritablement habité par la musique, plus encore que par la sueur et la poussière des ring de boxe. Les planches où les musiciens entrent en scène sont d'ailleurs d'une rare puissance, s'affranchissant des cases et explosant devant nos yeux comme un solo de saxophone le ferait à nos oreilles.

C'est le premier volume d'un diptyque, mais ce titre peut se lire comme un one-shot. Le second tome nous emmènera sur les pas d'un jazzman. Deux destins qui se croisent pour mieux nous raconter entre les lignes l'histoire de toute une ville.

Blue note est une bande dessinée brillante, belle et débordante d'humanité. Mathieu Mariolle (Alta Donna, Smoke City...) et Mikaël Bourgouin (Le Codex Angélique) nous offre une très belle surprise...Il faudra désormais faire preuve de patience pour découvrir l'autre facette de ce petit bijou.

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