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par Elsa - le 18/11/2013
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par Elsa - le 18/11/2013

Médée tome 1, la critique

Deux vieilles femmes longent le rivage. L'une d'elles n'en peut plus, et finit par s'assoir pour attendre sa mort. L'autre, aidée d'un bâton, continue son chemin. Il lui reste tant à faire en si peu de temps. Arrivée au bout de sa route, elle se met à écrire ses mémoires...

Petite Médée

Royaume de Colchide. Médée, la deuxième fille du roi, est une enfant brillante, pleine de vie. Elle est le rayon de soleil de son père, le roi Aiétès. Calcioppé, l'ainée de la fratrie, a épousé un grec avec qui elle a eu quatre fils bien portants, et le roi enrage dès qu'il les voit. Car Absyrtos, son troisième enfant, et seul héritier, est malade. Faible, imprévisible, il vit dans sa bulle et fait des crises qui aggravent son état.

Aiétès règne sur son peuple d'une poigne sévère, l'isolant du reste du monde et méprisant tous les étrangers, son gendre en tête.
 
Au milieu de ce quotidien morose et plein de tensions, Médée inonde pourtant le palais de ses éclats de rire. Elle aimerait apprendre à tirer à l'arc comme les enfants de sa sœur, mais en tant que fille cela lui est interdit. Alors elle joue, apprend, et vit avec toute l'énergie de son jeune âge. Malheureusement pour son insouciance, son père a des projets pour elle...

Dans la mythologie grecque, l'histoire de Médée est sombre, violente, parsemée de meurtres plus atroces les uns que les autres. Pourtant, c'est sur ce personnage trouble que Blandine Le Callet et Nancy Peña ont décidé de s'arrêter. Qui était la femme derrière le monstre ? Quels sont les évènements, les drames et les traumatismes qui ont pu faire d'elle celle dont le mythe est venu jusqu'à nous ?

La naissance du 'monstre'

Ce premier volume nous plonge dans l'enfance de l'héroïne, sur l'île de Colchide. Alors qu'elle n'est encore qu'une petite fille, les enjeux politiques, les haines, les non-dits, influent déjà sur sa vie sans qu'elle n'en ait encore conscience.

Ancré dans la mythologie grecque tout en n'hésitant pas à prendre ses distances pour offrir une vision personnelle et plus intime de l'histoire, le récit signé Blandine Le Callet est captivant, bien écrit, rythmé. Professeur de latin, et chercheuse en philosophie et en littérature sur la notion de monstruosité dans l'Antiquité, on sent qu'elle maitrise son sujet sur le bout des doigts. Sous sa plume, Médée et ceux qui l'entourent se trouvent emplis d'humanités, de failles. Il n'y a plus de personnages mauvais ou bons, simplement des humains qui doivent vivre avec les buts qu'ils se sont fixés, les émotions qu'ils ne savent pas contrôler, leurs joies et leurs peines.

Le trait subtil de Nancy Peña apporte une sensibilité et une force supplémentaire à l'histoire. Sur chaque page, Médée rayonne, fascine, attire tous les regards y compris celui du lecteur. Quittant peu à peu le doux cocon de l'enfance, la jeune femme qu'elle devient gagne en sensualité ce qu'elle perd en innocence. Les autres personnages sont tout aussi réussis, et leurs regards racontent une histoire muette qui nous ouvre les portes des secrets du palais. Les couleurs, un peu passées, douces, apportent une sensation de calme avant la tempête à l'ensemble.

Une très jolie surprise, qui ravira tout autant les amateurs de mythologie que ceux qui aiment les sagas familiales. Médée est un regard humain et complexe sur un personnage de mythe dont on ne nous a toujours raconté qu'une facette.

 

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