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par wesen - le 21/10/2014
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par wesen - le 21/10/2014

REVIEW : SECONDS, GRAPHIC NOVEL PAR BRYAN LEE O'MALLEY

En 2014, suivant les traces de la distinguée concurrence, l'univers et ses parallèles entrent en collision dans la maison des idées, sonnant le glas du dernier multivers. Sous les assauts des légions de Stan Lee, toute dimension parallèle sera sacrifiée sur l'hôtel du reboot. Toute ? Non, car un petit canadien résiste encore aux assauts répétés de l'industrie.

 

Bryan Lee O'Malley (BLO pour les intimes) est de retour 4 ans après le dernier génialissime tome de Scott Pilgrim et sa non moins brillante adaptation cinématographique, conduite par le même Edgar Wright qui, il y a quelques mois, après avoir signé pour Ant-man, retournait spectaculairement sa veste et quittait le projet dans le vacarne assourdissant d'un Giant-man refusant de se soumettre. Les deux font décidemment bien la paire. Mais je m'égare.

Il s'agit donc de la troisième oeuvre de BLO (Scott Pilgrim ayant été précédé par le méconnu lost at sea : road trip existentialiste hanté par les mêmes obsessions que le reste de l'oeuvre de BLO).

Entrons dans le vif du sujet : qu'est-ce que Seconds ?

L'histoire à priori banale de Katie, petit bout de femme travaillant comme chef dans un restaurant huppé désirant prendre son envol et ouvrir son propre restaurant. Un peu tyrannique sur les bords, si Katie est le "Boss" à Seconds, elle peine à mener sa vie personnelle avec autant de brio. Un soir alors qu'elle s'endort, une jeune fille blonde apparait dans sa chambre et lui offre un champignon magique lui permettant de corriger ses erreurs.

Sur ce pitch de départ, BLO reprend la recette qui faisait le sel de sa cuisine : un personnage un peu déconnecté de sa vie, omnicentré, pour qui les relations sociales sont un aussi grand mystère que celui de la chambre jaune. Parsemé de références légères à son oeuvre ("le pain ça fait grossir ?!!!"), ce roman graphique voit Katie céder à la facilité et se déconnecter progressivement de la réalité à mesure que son perfectionisme obsessionnel prend le pas sur sa raison. La morale est simple. On ne peut pas changer les choses, il faut vivre avec ses erreurs et avancer. Une consommation excessive de champignons plus tard, après une belle mise en images des dimensions parallèles et un pamphlet attachant sur la solitude du personnage présentée par le biais d'un antagoniste pas si éloigné d'elle que ça (idée de Scott Pilgrim te revoilà !), Katie va se démener pour récupérer cette vie qu'elle a oublié de vivre, assumer ses choix, ses erreurs, ses responsabilités et gagner au final, une amitié. Un scénario simple mais diablement efficace avec un personnage central étonnament attachant et un humour qui fait mouche : une réussite.

L'humour le plus percutant, à mon sens, découle par ailleurs d'une très bonne idée de l'auteur : celle d'avoir fait du narrateur un personnage à part entière que Katie entend et auquel elle répond (je ne sais pas qui de deadpool ou de arrested development a le plus influencé cette décision, mais j'applaudis des deux mains).

Graphiquement, le style de BLO s'est affiné. Le trait reste enfantin, tirant davantage sur le manga que sur les canons du genre comics. Certaines planches magnifiques et plus détaillées permettent cependant d'entrevoir l'étendue du talent d'un artiste qui n'a pas fini de nous éblouir. L'auteur a par ailleurs une intelligence graphique hors norme, parvenant à traduire visuellement des concepts élevant sa mise en scène Rock'n'roll à des hauteurs cinématographiques que ne renierait pas Sir Edgar Wright. Les couleurs (ternes) servent parfaitement le récit fantastique de cette vie mi-vécue mi-rêvée où le cauchemard attend au tournant.

 

Bref : si il ne s'agit pas d'un Scott pilgrim bis, cette oeuvre s'inscrit dans la parfaite continuité du travail de BLO et conserve par sa mise en scène, ce délire pop et cette énérgie que Scott cultivait davantage dans ses dialogues. Si le scénario est un peu prévisible, il n'en reste pas moins subtil et plein d'humour. Courrez réserver votre table à Seconds, après l'avoir dévoré, vous y reviendrez !

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