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par Milo - le 28/07/2014
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par Milo - le 28/07/2014

Review : The Cape 1969

The Cape 1969 s’avère être un prequel au comic The Cape, publié chez Milady Graphics. Alors The Cape, qu’est-ce que c’est ? À l’origine, c’est une nouvelle du romancier et scénariste (et, accessoirement, fils de Stephen King) Joe Hill, lisible en français dans le recueil Fantômes : Histoires Troubles (ou 20th Century Ghosts pour les lecteurs de V.O.). On y suit Éric, looser attentiste retourné vivre chez sa mère après sa rupture avec son premier et seul amour, qui remet la main sur une cape qu’il avait enfant, et qui lui permettait de voler. Il se dit alors qu’elle va lui permettre de corriger tous les travers que sa vie a pris jusqu’à présent.

La nouvelle s’est trouvée être adaptée en comics par le trio Jason Ciaramella – Zach Howard – Nelson Daniel avec succès, et leur a même valu une nomination aux Eisner Awards. Cette adaptation plutôt efficace, bien qu’un peu rapide, a su conserver la patte de Joe Hill tout en allant plus loin que la nouvelle, dans l’histoire comme dans la vengeance d’Éric (qui s’est décidé à corriger les gens qu’il croit responsables de ce qu’est devenue sa vie), tout en cernant parfaitement le personnage et nous le rendant à la fois attachant (il pourrait être chacun de nous) et effrayant.

 

Mais bien que Joe Hill soit le seul nom mentionné sur la couverture, celui-ci n’a plus grand-chose à voir avec The Cape 1969. Le trio à l’origine du précédent volume décide de s’écarter complètement de la nouvelle pour explorer les « évènements fondateurs » de The Cape, en suivant le père d’Éric en pleine guerre du Viêt-Nam, avec la promesse plus ou moins implicite d’en savoir plus sur l’origine de cette fameuse cape volante.

 

 

« Hi-hiiiiii ! Boum Boum ! »

 

L’hélicoptère du Capitaine Chase se crashe derrière les lignes ennemies. Rapidement fait prisonnier par les Viêt-Cong, il partage sa prison avec un étrange sorcier local au langage limité mais qui semble pouvoir léviter, et même voler.

Chase, qui a laissé une femme et deux enfants au pays, compte bien tout faire pour les revoir.

 

C’est un récit, narré par un  Jason Ciaramella seul maître à bord, finalement très vite expédié qui nous est livré ici, puisque ce one-shot ne comporte que quatre numéros. Mais là où The Cape arrivait quand même à fournir mine de rien une épaisseur psychologique aux personnages (grâce à une cinquantaine de pages supplémentaires, il faut dire), il n’en est plus question pour 1969. L’histoire laisse très (trop) souvent place à l’action, certes très bien retranscrite par Nelson Daniel et Zach Howard, mais qui n’apporte pas grand-chose et peine même à dynamiser un scénario bien maigre.

On y retrouve pas mal de clichés du genre, y compris dans les dialogues parfois dignes de mauvaises séries B. Les personnages, à peine esquissés, sont tous unilatéraux. Et quand Ciaramella tente de nuancer le grand méchant chef du campement Viêt, il bâcle ça en deux cases sans mener sa réflexion jusqu’au bout.

De plus, les personnages semblent accepter bien vite l’élément fantastique amené par le sorcier, sans que cela suscite même la moindre réaction.

Quant aux révélations sur les « évènements fondateurs », le scénariste parvient à briser le charme mystérieux qui enveloppait la cape de la nouvelle et du premier comic. Le tout sans même donner d’explication réellement valable sur ces fameuses origines. Pour résumer, le lecteur devra se contenter d’un "Shut up, it's magic".

Mais Ciaramella va encore plus loin dans son travail de destruction du premier opus en faisant comprendre que le désir de vengeance des personnages et la violence qui en découle ne sont en fait dus qu’à la magie qui permet de voler et dont ils ne peuvent s’extraire, ôtant par là même toute la profondeur psychologique réaliste qui animait Éric dans The Cape, dédouanant en plus ce dernier et son père de leurs actes.

L’auteur glisse au milieu du volume une allusion aux évènements de The Cape en forme de clin d’œil pour ceux qui l’auraient déjà lu, en forme de teaser pour ceux qui ne se seraient pas encore penchés dessus ; mais de manière particulièrement maladroite, peu crédible, et même confusionnante quand on connaît l’opus précédent.

 

Le duo Daniel – Howard fonctionne néanmoins très bien et c’est sans doute l’un des seuls points positifs de cet ouvrage. Les dessins et la colorisation, dans la même tonalité que The Cape, sont donc plutôt réussis. Ils délivrent des pages propres, claires, parfois très cinématographique.

On regrettera cependant des visages souvent trop semblables et des décors dépouillés, ainsi qu’une baisse de niveau au fil des numéros, bien que pas assez importante pour être vraiment critiquable. Le découpage, sans grande originalité, n’est également pas très clair sur quelques cases lors de la capture de Chase et son acolyte et ainsi que lors de l’affrontement final.

 

Si on ajoute à tout cela le fait que Milady Graphics nous propose ce récit, uniquement composé de quatre numéros et d’une courte galerie d’illustrations qui n’apporte pas grand-chose d’intéressant, pour presque 18€, on ne voit vraiment plus trop l’intérêt d’un tel achat et d’une telle lecture.

Si The Cape avait été une bonne surprise, 1969 est loin de transformer l’essai et déçoit plus qu’autre chose.

Parfaitement dispensable.

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