Illustration de l'article
Critiques
Blog
Archive 9ᵉArt
par A l'Ombre des Bulles - le 29/11/2015
Partager :
par A l'Ombre des Bulles - le 29/11/2015

Tokyo Ghost #1-3 (Image Comics)

Depuis quelques années, Rick Remender a progressivement délaissé la Marvel pour revenir à ses premiers amours du creator owned. C’est chez Image qu’il enchaîne les teamp-ups alléchants : avec Matteo Scalera sur Black Science, Greg Tocchini sur Low ou encore Wes Craig sur Deadly Class. Quand l’éditeur indé annonce une quatrième série de Remender, accompagné par la rockstar Sean Gordon Murphy, le blockbuster prend forme. Après trois numéros, il était temps de se pencher sur Tokyo Ghost.

Le fait de critiquer une série au beau milieu d’un arc  demande évidemment une certaine indulgence puisque nous ne laissons même pas à l’écrivain le temps de nous exposer la première amorce à son univers. Néanmoins, quelques régularités ressortent de ces trois épisodes. Nous suivons le duo Debbie/Teddy (ou Led), dans un Los Angeles post-apocalyptique, crasseuse, shootés aux drogues et aux réalités virtuelles. Dans ce joli bordel, règne Flak, le magnat local, propriétaire d’à peu près tout et qui aime se balader à poil dans son palais. Et comme tous les capitalistes avides, il lorgne sur une mystérieuse ressource qui se trouverait dans une tech-free zone au Japon et qui « sauverait » Los Angeles. Il envoie notre duo de choc qui, bien évidemment, est fait prisonnier et découvre la vie paradisiaque du revival médiéviste nippon. On se doute que ça ne va pas tarder à merder, mais  pour l’instant on en est là.

Indéniablement ce début est de qualité. Même si Remender est un petit peu plus bavard qu’à l’accoutumé avec pas mal de texte hors case, il est connu pour être un écrivain à la plume fluide et qui perd rarement son temps sur ses séries. Le rythme est une nouvelle fois trépidant et Remender n’hésite pas à faire des ruptures de ton, d’ambiance et de thèmes. Certains seront décontenancés, les habitués à Low ou Black Science ne le seront pas. Evidemment il faut parler de la prestation de Sean Gordon Murphy. L’artiste fait ce qu’il sait faire, quoi que de manière inégale. Certains découpages sont brouillons notamment sur la partie consacrée à LA, mais certains double-pages envoient le pâté. Putain c’est beau… pardonnez-ma vulgarité, mais pour ce qui est du Japon, Murphy s’est appliqué sur les backgrounds, et ça se sent. Et puis il est en terrain connu avec les motos (On the Road, Punk Rock Jesus) et le post-apo (The Wake), donc les fans absolus seront comblés.

Mais, car il y a toujours un mais avec Remender, il y a quelque chose qui ne colle pas. Ce petit défaut ne se ressent pas dans l’aspect « fusion » de Tokyo Ghost puisque pour l’instant le post-apo se marie assez bien avec le Japon des samouraïs (de toute façon c’est toujours cool les samouraïs). Il se situe dans le côté ultra-référentiel du comics. En trois numéros, Remender aura réussi à me citer : Ghost in The Shell (le méchant du #1), Appleseed (la relation Debbie/Teddy), la Course à mort de l’an 2000, Los Angeles 2013 (pour le côté Sodome et Gomorrhe ) et Le Dernier Samouraï (le Japon c’est spirituel quand même). Et encore, là, ce n’est que ce que j’ai repéré. Conséquence de ce maelström de références, j’ai l’impression d’avoir déjà vu ou lu tout ça ailleurs, et souvent en mieux. J’imagine que la série va gagner en ampleur et en originalité dans les futurs numéros, mais ne vous y trompez pas, Tokyo Ghost n’est pas encore ce fameux chef d’œuvre absolu qui manque cruellement à la bibliographie de Rick Remender.   

Actualités
Voir tout
Publications similaires
Abonnez-vous à la newsletter !
Le meilleur de l'actualité BD directement dans votre boîte mail