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par Elsa - le 15/09/2015
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par Elsa - le 15/09/2015

Kokoro, un doux roman de Delphine Roux

Picquier est assurément un de mes éditeurs préférés. En plus de nous compter en son sein les merveilleuses bd de Florent Chavouet, son catalogue de littérature asiatique est rempli de merveilles. Cette fois-ci, c'est une auteure française, Delphine Roux, qui nous livre un roman se passant au Japon, aussi beau et doux que sa couverture.

Koichi et Seki sont frère et soeur. Enfants, ils étaient inséparables, mais la vie s'est brutalement arrêtée quand leurs parents sont morts dans un incendie. Le sourire de Seki s'est éteint pendant que Koichi s'est mis à vivre au présent, sans rêve, plan de carrière, aspiration ou ambition. Et puis en silence, sans lutte, ils se sont éloignés l'un de l'autre.

Aujourd'hui ils sont adultes, Seki ne parle à son frère qu'en cas d'absolue nécessité et uniquement pour lui faire des reproches. Lui ne dit rien, chérissant les souvenirs de leur enfance heureuse.

Delphine Roux livre un récit lumineux, en donnant une voix au bouleversant Koichi. Le roman se découpe en passages plus ou moins courts, chacun précédé d'un mot en japonais et en français (merigorand/manège, ie/maison, yoka/temps libre...). Comme si le narrateur piochait au hasard des mots, puis laissait filer les pensées et souvenirs surgissant à leur évocation. Cela donne une impression de petites touches éparpillées, de notes de musique finissant par former une mélodie, ou bien de gouttes de pluie. Le résultat est très léger, comme un jeu d'enfant.

Pourtant au fil des bouts de texte où se mêlent passé, présent, réflexion sur la vie et sur ce qu'elle devrait être, Koichi nous raconte sa soeur, sa grand-mère, la maison de son enfance, le drame, la vie en pointillé, depuis. Il se raconte lui, aussi, sans en avoir l'air. Son regard délicat et sensible sur la vie, sur sa vie, dans laquelle il se contente de peu puisqu'il ne peut plus avoir le plus important : voir Seki sourire.

La construction est originale, le sujet raconté avec une délicatesse délicieuse, et l'ensemble est à la fois bouleversant et lumineux. C'est une histoire d'oisillons blessés qui luttent contre le vent, une histoire d'amour familiale. Une histoire de douleur et de deuil, qui pour chacun devra prendre un chemin différent.

Lire Kokoro c'est un peu comme s'assoir dans l'herbe, seul, et savourer en fermant les yeux un paquet de bonbons, ou une autre sucrerie, qui nous évoquera notre enfance, et les vacances chez nos grands-parents. Un bonbon après l'autre, doucement pour être bien sûr de tous les savourer, tout en ressentant la caresse réconfortante d'un rayon de soleil de fin d'été. Un petit bijou de sensibilité, une histoire toute simple, universelle et intime, que je ne saurais trop vous conseiller tant il fut un merveilleux moment de lecture.

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