Hello everybody ! Et pour commencer l’année, une chronique faite depuis quelques mois mais que j’avais perdu dans les tréfonds de mes pc. Bref, cette fois, on s’aventure dans l’horreur avec Dans les veines, de Morgane Caussarieu, acquis après une discussion fort sympathique sur les vampires, le champagne, et les tatouages avec l’autrice (auteuse ? bof, les deux sont moches, de toute façon) lors d’une convention. Donc, embarquez avec moi pour Bordeaux et ses vampires. Ames sensibles, s’abstenir.
Warning avant de commencer. Je vais faire quelques spoilers (tous dans la dernière partie), parce que j’estime que certaines choses doivent être connues des lecteurs avant de se lancer dans ce bouquin. Ou au moins des acheteurs éventuels qui ne l’achètent pas pour eux, mais pour l’offrir. (Personnellement, j’aurais lu ma critique avant de lire ce livre, je ne l’aurais pas acheté. Oui, c’est pas clair, mais vous me comprenez.)
Œuvre
Titre : Dans les veines
Auteur : Morgane Caussarieu
Première publication : 2012
Synopsis personnel
Une petite bande de vampire écume Bordeaux, semant les cadavres derrière eux. Le lieutenant Baron et sa collègue traquent ce qu’ils pensent être un tueur fou, bien décidé à lui faire payer leurs crimes. Et Lily, la fille de Baron, jeune fille mal dans sa peau au comportement autodestructeur, s’entiche au premier regard du toxique vampire Damian, avec lequel elle est sure d’avoir une connexion faite d’obscurité et de souffrance… Et au son du punk-rock des night-clubs bordelais, les fils du drame se nouent…
Un extrait pour se mettre dans le bain ?
J.F. repéra facilement les veines sous la peau, aussi transparente que du verre. Tandis que Seiko maintenait la tox tranquille, il en trouva une pas trop abîmée par les piqûres antérieures qui criblaient l’avant-bras de petits ronds bleus et il planta l’aiguille. La fille eut un soubresaut, elle hurla plusieurs fois à travers son bâillon et Seiko le lui enfonça plus profondément dans le gosier.
« Cuisiné comme je les aime… dit J.F. avec un sourire satisfait.
— Quel gâchis », soupira Gabriel.
La tox s’apaisa, le sang contaminé par le calme planant de l’héroïne, et se laissa glisser au fond de la cuve, ses dreadlocks formant un oreiller de fortune. Seiko suça la langue de J.F. puis ils se déshabillèrent mutuellement, sous l’œil attentif de Gabriel, pour ne pas tacher de sang leurs vêtements. Nus, ils pénétrèrent dans la baignoire, et s’installèrent chacun à un bout de la cuve. La mâchoire de la tox se mit brusquement à claquer, ses yeux roulèrent dans leurs orbites et elle fut prise de convulsions.
Gabriel regarda avec intérêt les doigts blancs explorer la peau tannée par les heures à faire la manche. Il regarda J.F. écarter les jambes livrées en pâture, enfouir sa bouche impatiente au creux des cuisses, sucer les muqueuses roses bordées d’une toison rêche, puis mordre les veines qui bordaient l’artère fémorale. Il regarda Seiko parcourir de sa langue étirée le corps tressautant de spasmes, recueillir en elle les rayons du soleil qui s’étaient attardés sur l’épiderme bronzé, comme du miel tiède, tout en caressant les cheveux décolorés de son amant alors qu’il buvait à l’excès.
Impression générale
Erf. Irkkkkk. Euuuuuh… (Oui, je sais, c’est très expressif). Hum, bon. Le bouquin est classé horreur et estampillé «Pour lecteurs avertis»… et pour une fois, je comprends pourquoi. Sérieusement, c’est dark, crade, noir, gore, presque insoutenable par moment, totalement malsain, et aucun sujet capable de choquer les gens n’est épargné, ou presque.
Pourtant, je ne suis pas quelqu’un de très… impressionnable, surtout quand il s’agit de lecture. Le gore, la mort, les tortures corporelles, ça ne me dérange pas. Au pire, je vais hausser un sourcil, faire une grimaça et un « irk », et puis voilà. Certains choses considérées comme malsaines ne me dérangent pas non plus (pour les connaisseurs, j’ai trouvé Ames Perdues de Poppy Z. Brite absolument brillant, en dépit du cocktail sang, sexe, violence, drogue et alcool, ou justement à cause de ça.) Mais là… Morgane Caussarieu frappe vraiment fort… et j’avoue que ce roman m’a assez perturbé pour que je passe de très mauvaises nuits après mes trois soirées de lecture.
Et au final, même une semaine après l’avoir fini, je ne sais toujours pas si j’ai aimé ou pas. L’écriture colle très bien à l’ambiance, l’histoire est prenante, les partis-pris clairement assumés et ça marche réellement bien… En fait, j’aurais pu/du adorer ce roman… mais il est définitivement trop malsain pour moi.
Ce que j’ai aimé
Les vampires ! De vrais vampires, bien loin de ces toutous apprivoisés et accro à la midinette en détresse qu’on nous sert à toute les sauces depuis le succès de Twilight. Ces vampires ne sont accros qu’à une chose : le sang, et prêt à tout pour l’obtenir. Ils retrouvent leur but premier, celui de miroir des pires noirceurs de l’homme, et ça fait du bien.
Certaines plongées dans les pensées des vampires, quand ils dévoilent leur passé, leur présent, et comment ils vivent leur état vampirique. Ces brefs moment donnent de la profondeur aux personnages, souvent au moment où on s’y attend le moins, et arrivent presque à nous les rendre attachants, presque humains à nouveau (notamment JC, le vampire punk/rock-star).
L’écriture de Morgane Caussarieu colle parfaitement à l’ambiance qu’elle instaure, change en fonction de ses points de vue, donne une vraie profondeur au monde et à ses personnages.
Sinon, j’ai beaucoup aimé le personnage de Fleur, la vieille hippie qui vit avec ses chats et se cuisine des space cake… mais est sans doute la personne la plus sensée et équilibrée de cette histoire, et également son seul rayon de soleil.
Ce que je n’ai pas (ou moins) aimé
Le gore et le malsain, mais je pense que vous l’avez compris depuis le temps, je ne vais pas revenir sur le sujet.
J’aurais aimé avoir plus d’informations sur Gabriel, le vampire manipulateur et pervers bloqué dans le corps d’un enfant de 8 ans (à la louche). Qui, que, quoi, comment, pourquoi, et tout un tas d’autres questions. Ce personnage est assez intriguant.
Le manque de personnages neutres, notamment chez les humains. A l’exception de Fleur, presque tout le monde - hommes, femmes, adolescents, … - est décrit comme déviant, pervers, « pourris » en somme. Appelez-moi idéaliste, mais je pense quand même que le monde n’est pas si noir et l’humanité pas si pourrie. Ou alors Bordeaux attire les cas sociaux, et je vais éviter d’y mettre les pieds, hein.
Ne pas avoir d’autres informations sur le reste du monde. Est-ce qu’il y a d’autres vampires, ailleurs ? D’autres créatures ? Est-ce que, est-ce que, est-ce que… Oui, j’aime me poser des questions.
Donc, au final, quel verdict ?
Si vous avez le cœur bien accroché, que rien ne vous choque, et que vous voulez retrouver des vrais vampires avec tout ce que cela inclut et provoque (désir inassouvi de sang, absence de moralité « humaine », etc), allez-y, vous allez d’aimer. Ce roman est vraiment bon, et je pense que j’aurais accroché beaucoup plus que je ne l’ai fait si il n’y avait pas eu ce côté « too much », ce côté surenchère dans le choquant qui a franchi trop de fois mes limites.
Mais une fois de plus, ce roman est à la fois gore (arrachage de divers parties du corps dont les parties génitales, massacre à la tronçonneuse, transformation en vampire, etc) et empli de thèmes malsains (viols incestueux, pédophilie, meurtres d’enfants, drogue, suicide, etc.), et je ne le mettrais clairement pas entre toutes les mains (et je pèse –vraiment – mes mots). Déjà, pas dans des mains d’enfants, je me méfierais aussi des ados impressionnables, voire même de certains adultes. Donc, à vos risques et périls.
Mais encore ?
Morgane Caussarieu est également l’autrice d’un très bon essai sur le sujet, Vampires et bayous, qui s’attache à disséquer le mythe, les origines et les sous-entendus cachés des vampires de Louisiane (mais si, vous savez, Lestat et cie…). A lire absolument si le sujet vous intéresse.