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par Cryma - le 7/09/2014
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par Cryma - le 7/09/2014

Faire de la philo en slip 10 - Lumières et empiristes anglo-saxons

Lumières et empiristes anglo-saxons

 

Aristote chez les Rosbeef ??

 

L'empirisme au 17e siècle, c'est évidemment un héritage d'Aristote mais c'est avant tout défendre deux grandes idées : La connaissance se fonde sur l'accumulation d'observations et de faits mesurables, dont on peut extraire des lois générales par l'induction. La deuxième grande tendance étant que les grandes idées proviennent toutes de la conjonctions de plusieurs idées simples (ce que l'on appelle l'associationnisme). Les empiristes sont bien souvent, avant tout, des scientifiques (héritage direct de Bacon) et n’hésiterons pas à associer philosophie à d'autres disciplines innovantes pour l'époque comme la psychologie, les sciences cognitives ou la linguistique.

 


 

Hobbes / Batwoman : Il faut faire des choix intelligents et personnels.

 

Thomas Hobbes (1588​)

Grand philosophe réflexif, Hobbes est surtout connu pour son livre politique « Léviathan » qui aborde le concept de « Contrat social » (courant moderne de la philosophie politique qui pense l'origine de la société et de l'État comme un contrat originaire entre les hommes, par lequel ceux-ci acceptent une limitation de leur liberté en échange de lois garantissant la perpétuation du corps social), principe qui portera nombre de réflexions sur la souveraineté. On considère aujourd'hui que ce livre eu une influence considérable sur la naissance du libéralisme et surtout du libéralisme économique. Voici quelques grandes idées issues du Léviathan, qui peut être considéré comme un condensé des idées de l'auteur : Il sera l'un des premiers philosophes à « justifier » le pouvoir d'un dirigeant par autre chose que la religion ou la tradition mais bien par un besoin social, laissant la liberté à l'homme de construire la société où il veut vivre (on peut y voir des prémices de la république). Dans ce même courant de pensées, il opposera le naturalisme (notamment la « loi naturelle ») à l'humanisme (en parlant de « loi civiles » et de justice). Il abordera également la psychologie, et ce dans un esprit très cartésien puisqu'il comparera le corps à une machine et parlera de l'esprit comme d'un réceptacle qui n'est rien sans des sens permettant d'accumuler des connaissances observables (on est donc bien loin du « monde » des idées de Platon). Toujours dans cette optique humaniste et sociale, il expliquera que le Bien et le mal n'existent pas dans la nature mais sont le fruit de la société et du jugement humain. Il développera enfin quelques grandes idées sociales, fondatrices de nos sociétés actuelles, comme le principe de connaissance de la loi (« nul n'est censé ignorer la loi »), l'égalité devant la justice, ou le bon équilibre entre le crime et la peine encourue.

 

A retenir : Humaniste, républicain, socialiste, psychologue, empiriste, contractualiste.

 

Batwoman

Ce qui saute au yeux lorsque nous lisons les aventure de Kate kane, c'est l'absence de conformisme dont elle fait preuve. Tel un Hobbes prônant la liberté de l'homme, de ses choix et de sa nature, batwoman n'aura de cesse de faire ses propre choix sans trop prendre en considération l'avis d'autrui. Elle sera d'abord exclue de l'armée car elle refusera de soumettre sa nature homosexuelle à une institution (on lui demande dans un premier temps de cacher son homosexualité, ce qu'elle refuse catégoriquement), elle refusera ensuite de raccrocher la cape lorsque Batman lui en fera la demande, jugeant sans doute que le bien du citoyen et sa liberté de choisir priment. Ce qui prime réellement dans les idées de Hobbes, ce sont l'égalité et la liberté, la liberté de faire ses propres choix et la liberté d'être qui nous sommes. Batwoman, dans cette optique,nous l'avons vu plus haut, usera de cette liberté de choix, et dans sa vie privée (son homosexualité), et dans sa vie de justicière (Elle travaillera souvent sans l'aval de Batman). Cependant, dans un registre moins « libéraliste », nous retrouvons également chez Batwoman des notions propres au contratualisme de Hobbes. Là où le penseur prônait une philosophie où l'homme acceptait une limitation de sa liberté en échange de lois garantissant une harmonie sociale, la justicière acceptera de restreindre sa liberté et son indépendance en rejoignant l'organisation D.E.U.S, dans un but positif et moraliste, à savoir, accélérer son enquête et l'aide qu'elle peut apporté aux citoyens. Enfin, nous retrouvons chez les deux « philosophes » cette notion de justice et de civilité, faisant constamment les choix positifs pour la société (Hobbes lorsqu'il développe ses idées sociales comme l'égalité devant la justice ou l'équilibre des peines, Batwoman lorsqu'elle accepte l'aide d'un loup-garou, de Wonder Woman, ou qu'elle s'effroce de travailler avec la police).

 

A retenir : Humaniste, psychologue, contractualiste.

1 œuvre significative : Batwoman 0 : Elegy (Greg Rucka)

 

 

 


 

Locke / Angel : Il faut faire le bien autour de soi, même sans raison.

 

John Locke (1632)

Il est souvent considéré comme l'un des principaux précurseurs des lumières. Scientifiquement, il se caractérise par son empirisme et en est l'un des plus grands défenseurs. Politiquement, il se démarque par sa défense ardue de « l'état de droit » et ses idées innovantes sur le libéralisme. Il développa, parmi ses travaux les plus intéressants, toute une théorie sur la société moderne et équitable, expliquant notamment qu'aucun homme n'est naturellement soumis à un autre homme, que tous les hommes sont libres et égaux ou encore que si l'on applique une loi, on se doit de l'appliquer pour tout le monde (notions encore trop absente de nos sociétés actuelles) ! Il parlera également de « devoirs » que les hommes ont naturellement, comme : Conserver sa propre vie, respecter l'existence d'autrui, veiller à la subsistance du genre humain, vivre en harmonie avec le reste du monde et honorer chaque contrat (on est très proche des droits de l'homme actuels). Dans la même veine , il développera trois « droits » fondamentaux à chaque homme vivant dans une société équitable et traitant de la propriété : Le droit de vivre et de fonder une famille, le droit d'être libre de ses mouvements, le droit de jouir et de disposer de ses biens comme on l'entend. Toute atteinte à ces droit étant considéré comme une violation de la loi naturelle. Il expliquera enfin que l'homme est avant tout propriétaire de ses biens, des biens comme sa vie, son corps, son travail, sa demeure. Seul petit bémol dans ces grandes réflexions humanistes, la justification de l'esclavage et le refus de l'affranchissement des esclaves qu'il associera logiquement avec ses notions de propriétés et de biens. Logiquement peut-être...mais pas forcément moralement !

 

A retenir : Humaniste, contractualiste, socialiste, libéraliste.

 

Angel

Ce qui ressort de la philosophie de Locke, c'est avant tout l'humanisme ! Placer l'homme au centre des questionnements et des valeurs, défendre l'homme afin qu'il trouve une place correcte dans la société, porter de beaux principes humanistes comme la morale et la liberté de mouvement. Ces principes fondateurs de nos sociétés démocratiques, nous les retrouvons parfaitement chez Angel. Ne serait-ce que symboliquement, ce mutant, avec ses grandes ailes blanches, possède le physique d'un ange, messager et gardien biblique de l'humanité (on peut d'ailleurs supposé qu'il développa son pouvoir en rapport avec sa nature solidaire et humaniste). Dés son adolescence, Warren fait preuve d'altruisme en sauvant plusieurs de ses camarades d'un dortoir en flamme, il devient ensuite justicier avant même de rencontrer le professeur Xavier, il est ainsi l'un des rares mutants ayant trouvé une voie humaniste avant de recevoir l'aide de ce dernier. Plus tard, lorsqu'il sera manipuler par Apocalypse afin de tuer ses compatriote, il réussira à reprendre le contrôle de son esprit dans un élan (encore une fois) humaniste, pensant avoir donner la mort à son ami Iceberg. On retrouve également chez Angel ces « devoirs » humains que chaque homme se doit d'accomplir, notamment le fait de veiller sur autrui, le mutant étant non seulement un justicier vertueux mais mettant également sa fortune colossale au profit de bonnes œuvres (notamment le financement de diverses équipes justicières). Enfin, on peut voire un dernier parallèle entre le mutant et le philosophe. En effet, là où Locke commettra l'erreur (selon nous, sociétés contemporaines) de défendre l'esclavage et d'être contre son abolition, Angel possédera un côté obscur en l'incarnation d'Archangel (Ou Mort, le quatrième cavalier d'Apocalypse).

 

A retenir : Humaniste, libéraliste, juste.

1 œuvre significative : Wolverine and the X-men (Jason Aaron)

 

 

 


 

Newton / Starbrand : Il faut trouver du sens au delà de la simple représentation des choses.

 

Isaac Newton (1643)

Génie touche à tout, Newton était un philosophe, un mathématicien, un physicien, un alchimiste, un astronome et un théologien accompli. En matière de philosophie, il est surtout connu (et reconnu) pour la controverse majeure qu'il aura toute sa vie avec un autre grand philosophe : Leibniz. Le philosophe allemand défendait l'idée de l’Éther, cette substance mystérieuse présente partout dans le cosmos et qui permettait le déplacement des différents éléments de l'espace. En effet, concevoir un cosmos composé de vide aurait été semblable à dire que Dieu avait conçu quelque chose d'imparfait. Newton était moins catégorique et préférait suivre ce que la science lui montrait (le vide) plutôt qu'une perfection religieuse. Ce long débat fut l'un des plus déterminant du siècle car, de manière laborieuse et quelque peu complexe, cette polémique sur la perfection ou non des mécanismes et compositions de notre monde physique amena peu à peu la « théorie de la gravitation universelle » de Newton à devenir une loi purement scientifique, oubliant toute conception religieuse, et ainsi ouvrant le voie pour d'autres avancées scientifiques majeures. Une autre grande opposition influencera le travail des deux philosophes, à savoir la recherche de Dieu derrière les lois naturelles. Là où Leibniz (et Malebranche également) considéraient la connaissance comme un moyen de se rapprocher de ce que « Dieu avait voulu de mieux », Newton désirait la connaissance pour la connaissance et l'avancée scientifique, permettant encore une fois à la science de tracer sa route vers l'objectivité nécessaire à sa pratique. Il dira d'ailleurs : « J'ai expliqué jusqu'ici les phénomènes célestes et ceux de la mer par la force de la gravitation, mais je n'ai assigné nulle part la cause de cette gravitation ».

 

A retenir : Empiriste, scientifique, objectif, théologien.

 

Starbrand (Kevin Conner)

Afin de coller au mieux à l'apport de Newton en matière de philosophie, il me fallait un héros qui représente deux grands principes du scientifique. Le premier est qu'il n'est pas toujours nécessaire de connaître la cause d'un phénomène tant que l'on parvient à appréhender ce phénomène correctement, le second étant que la perfection n'existe pas (seul subsiste l'élégance nous dirait un mathématicien comme Newton) ou qu'elle n'est de toute façon pas primordiale. Kevin Conner, et plus particulièrement son pouvoir, la Starbrand, symbolisent plutôt bien ces notions philosophiques. La Starbrand est un phénomène cosmique qui n'a pas, jusqu'à aujourd'hui en tout cas, révélé sa cause ou son origine, et, tel la gravitation chez Newton, il est souvent admis que son utilité prévaut sur sa cause. En second lieu, Starbrand (et en particulier Conner) est un symbole d'imperfection, d'abord car elle trouve sa source dans un « espace » inter-dimensionnel (situé entre deux dimensions stables mais ne l'étant pas lui-même), ensuite parce qu'elle semble choisir ses détenteurs guidée par le hasard (le hasard étant souvent vu par les philosophe comme une imperfection du monde, lui préférant l’existentialisme pour certains, le destin pour les autres). Ce principe d'imperfection se voit encore renforcé (dans les épisodes des Avengers pré-Infinity par Hickman) en nous mettant face à ce fameux « instant blanc » qui précède la Starbrand, mais cette fois, d'un instant blanc « perturbé » (et donc imparfait) ainsi que d'un détenteur « non qualifié ». Tout cela nous amène à voir dans ce Strabrand moderne (Kevin Conner donc) le symbole de la philosophie Newtonienne, fondée sur l'imperfection et l'absence de causalité, et pourtant non dénuée de sens.

 

A retenir : Empiriste, scientifique, objectif.

1 œuvre significative : Avengers (Jonathan Hickman)

 

 

 


 

Berkeley / Cyborg : Il faut affiner sa vision du monde.

 

George Berkeley (1685)

Berkeley est avant tout un évêque irlandais qui sut, et ce de manière fort belle, harmoniser l'empirisme à d'autres courants de l'époque. C'est ainsi qu'il réussit à théoriser l'idéalisme empirique (déjà le terme semble antinomique), idéalisme que les empiristes appelleront « immatérialisme », mettant sans doute en opposition ce monde des idées au monde physique, dit « matérialiste ». Pour ce faire, il inventera une formule restée très célèbre : Esse est percipi aut percipere (Être, c'est être perçu ou percevoir), combinaison efficace de Descartes et de l'empirisme. S'inspirant de Locke et reprenant sa théorie de la connaissance (Les idées sont soit perçues par les sens, soit par l'esprit, soit par la mémoire), il expliquera que « les idées n'existent pas en dehors d'un esprit qui les perçoit », ce qui veut dire que je peux « prouver » l'existence d'un objet si je le vois, je le sens et qu'une autre personne le distingue également. Cela exclut donc une existence absolue, en dehors de la perception humaine, renvoyant directement aux interrogations de Descartes (et, encore une fois, à Matrix). Cependant, Berkeley ne se complet pas comme Descartes dans cette absence « d'essence » des choses mais explique que le monde n'existe pas « en soi » bien qu'il existe réellement pour l'homme qui peut l'observer. Il ira plus loin et affirmera que le corps extérieur n'existe pas, que le monde extérieur n'est cependant pas illusoire mais bien un phénomène sans substance. C'est ainsi que naquit l'idéalisme empiriste.

 

A retenir : Empiriste, idéaliste, conceptualiste.

 

Cyborg (Post-New 52)

Ce qui rapproche avant tout les deux personnages que sont Cyborg et Berkeley, c'est qu'ils symbolisent le monde par une existence observée et non par une existence intrinsèque. Je m'explique : Berkeley établira une théorie selon laquelle le monde existe bel et bien mais qu'il n'existe que « comme » on le voit et non d'une façon « en soi ». Cyborg, quant à lui, ne perçoit le monde que d'une façon, une façon nouvelle (depuis sa greffe cybernétique et l'implantation des nanobots dans son organisme), une façon très différentes d'avant. Comment le voit-il ? Sans doute à travers des données chiffrées, des algorithmes et des analyses mathématiques (comme tout ordinateur). Dés lors, ce monde de « données informatiques » devient pour lui la réalité (nous retrouvons ici l'analogie faite avec Matrix, Néo ne voyant le « vrai » monde, c'est à dire un monde de chiffres et de données qui défilent, qu'une fois « éveillé »). On peut dés lors considéré qu'il n'existe pour Cyborg que cette réalité (celle qu'il connaîtra désormais et pour toujours), la réalité de la perception, devenant ainsi la seule qui compte. Nous retrouvons ici le principe de Berkeley selon lequel le monde ne se montre que s'il existe un œil pour le voir et n'existe que comme l’œil le voit. D'un point de vue encore plus pragmatique, Cyborg symbolise également cette « non-existence » d'un corps extérieur pour l'homme, Victor (Cyborg avant d'être Cyborg) n'étant pas lui grâce à son corps (qui n'existe pratiquement plus, remplacé par un robot), mais bien grâce à son esprit  et ses perceptions (idéalisme empiriste). Il est d'ailleurs intéressant de faire un parallèle entre le héros représentant la philosophie de Berkeley (Cyborg donc) et le héros représentant la philosophie de Descartes (Swamp Thing pour rappel) car, comme les deux philosophes, ces deux personnages sont très semblables quant à leur perception du monde (Suis-je moi, ou mon corps, ou mon esprit, ou ma mémoire, ou le souvenir que j'ai de moi ? Etc.), à la perception que l'on a de soi, à ce que signifie l'identité et le « moi » intrinsèque. Autrement dit, nous retrouvons dans les deux cas une réflexion très poussée sur « qu'est-ce qui fait que j'existe et que je suis moi ? »

 

A retenir : Empiriste, conceptualiste.

1 œuvre significative : Justice League : Aux origines (Geoff Jones)

 

 

 


 

Hume / Emma Frost : Il faut connaître l'homme et surtout son esprit.

 

David Hume (1711)

Il est l'un des tout grands représentants des Lumières écossaises et le fondateur de l'empirisme moderne avec Locke et Berkeley. Il se démarquera par son scepticisme accru, s'opposant fortement à Descartes et à sa théorie metaphysique de l'esprit, ouvrant ainsi la voie de façon très moderne à la méthode expérimentale en ce qui concerne l'esprit (Sans doute les prémices de la psychologie moderne et de la neurologie). Parmi d'autres de ses grands héritages, nous retrouvons la philosophie de Kant ainsi que la phénoménologie (Philosophie qui se base sur l'étude des phénomènes vécus et la conscience de l'homme). Il s'appliquera toute sa vie à développer ce qu'il appellera « La science de l'homme », qui, pour lui, représente le centre logique des sciences car « l'homme est la mesure de toute chose ». Il étudiera donc l'homme et surtout son esprit. Il n'aura de cesse d'expérimenter des théories sur l'esprit humain et l'origine de la pensée. Il commencera par distinguer « sentir » (Les sens) et « penser » (Les idées), il s’attellera ensuite à distinguer les idées simples des idées complexe, les idées simples étant le fruit des sensations alors que les idées complexes feront appel à l'imagination. Il finira par établir un système de relation entre ces trois perceptions de l'esprit : La sensation permettant l'idée simple permettant l'idée complexe. Il expliquera de manière très claire que l'homme, afin de se faire une idée de la table, devra d'abord percevoir plusieurs tables, et aboutir à une corrélation de ses perceptions afin de ranger toutes ces tables dans un concept unique de « table ». Afin d'expliquer d'autres concepts, il développera la théorie "nominaliste" , permettant d'aborder les idées abstraites, considérées par Hume comme les notions générales propres à l'être humain (l'espace, le temps, la conscience ou la justice). Il est aujourd'hui très estimé pour l'apport qu'il a fait aux sciences de l'esprit humain, n'hésitant pas à user de méthode, d'analyse et de pragmatisme afin de tenter de percer des mystères qui, jusque là, étaient restés dans le domaine de la metaphysique.

 

A retenir : Psychologue, analyste, empiriste.

 

Emma Frost

L'aspect qui prévaut, à mes yeux, chez Hume, c'est cette science de l'esprit, ce pragmatisme, cette méthodologie et ce scepticisme dont il aura fait preuve afin d'essayer perce le mystère de la pensée humaine. Afin de lui trouver une association ayant du sens, il me fallait un héros « psychique » et méthodologique. Emma Frost est avant tout une télépathe surpuissante, capable de lire l'esprit, de le compartimenter et de le réorganiser comme elle l'entend (Hume en aurait mouillé sa culotte si vous voulez mon avis). Mais ce qui la rapproche encore davantage de Hume et de sa philosophie de « compréhension », c'est son activité de psychologue et de thérapeute, qui lui permet d'user de son pouvoirs d'une manière très efficace. Ainsi, on remarque très vite que beaucoup d'aspects de sa vie tournent autour de l'esprit humain (comme pour Hume) qu'elle n'aura de cesse d'étudier, voire de disséquer psychiquement (elle est par exemple une Sexologue diplômée, ainsi que licenciée en science de l’Éducation). Encore davantage que Xavier ou jean, Emma, bien qu'ayant une morale bien à elle, est, à l'instar de Hume, réellement tournée vers l'observation de l'être humain, en témoigne ses disciplines de prédilections qui unissent psychologie et sciences humaines, et nous en donne de nombreux exemples. Ainsi, elle sera directrice de la Massachussetts Academy, une école pour mutant servant de contrepoids à celle de Xavier, mais elle sera également très impliquée dans l'éducation et le développement des sœurs Stepford (Les Trois-en-une), étant en quelque sorte ses filles.

 

A retenir : Psychologue, analyste, empiriste, enseignante.

1 œuvre significative : New X-men (Grant Morrison)

 

 

 


 

Rousseau / Kitty Pride : Il faut être attentif à ce que le monde a à nous offrir.

 

Jean-Jacques Rousseau (1712)

Pourquoi placer Rousseau parmi les Anglo-saxons me direz-vous ? Hé bien parce que, bien qu'ayant très fortement influencé les idées de la révolution française, Rousseau était avant tout une Lumière très marquée par l'héritage des empiristes anglo-saxons. En effet, il se situe exactement dans la veine « contractualiste » des britanniques, en témoigne son « Discours sur l'inégalité » qui est très souvent admis comme un dialogue avec l’œuvre de Hobbes. Rousseau marqua ces contemporains (Français et étrangers) par le savoir-faire et la sensibilité avec lesquels il sut faire usage de son vécu. On dira d'ailleurs de lui qu'il était un penseur de la vie et de l'homme avant d'être un penseur de la théorie et du livre. Il fut reconnu par Schopenhauer comme l'un des plus grands et plus beaux moralistes du monde et sera considéré comme le plus grand homme du « ressenti » par Hume, ce dernier faisant de lui l'image d'un homme dépouillé de sa peau, subissant la souffrance et le plaisir comme personne. Dans cette veine politique, il élaborera nombre d'idées fabuleuses comme la bonté naturelle de l'homme opposée à la sociabilité naturelle, l'opposition entre le progrès technique et le progrès morale (L'homme n'est plus ce qu'il est, il est ce qu'il a. Il ne se constitue non plus de valeurs mais de biens superficiels). Il prônait la nostalgie d'un état ou l'homme faisait preuve de responsabilité et de solidarité, portant des valeurs morales comme l'égalité et la liberté. Considéré comme l'étincelle de la révolution française, il théorisera sur « la volonté générale », c'est à dire l'encensement de la « décision collective du peuple (souverain), qui exprime le choix rationnel de chacun, qui rend chacun apte à percevoir, au-delà de son seul intérêt, la solidarité des intérêts » (la démocratie n'étant une bonne idée que si le peuple vote de manière altruiste et réfléchie. A bon entendeur...). Il désirait porter la démocratie à son paroxysme en donnant les pleins pouvoirs au peuple (peuple souverain) et dénigrait le principe de « démocratie représentative » (lorsqu'une assemblée restreinte représente tous le peuple), aujourd'hui très en vogue dans nos démocraties contemporaines. Il moquera ainsi le système électoral alors en cours en Angleterre, en affirmant que « le peuple n'y est libre que le jour des élections, et esclave sitôt que ses représentants sont élus ».

 

A retenir : Démocrate, humaniste, socialiste, sensible.

 

Kitty Pride

Bien qu'ayant eu une jeunesse peu passionnante et un début de carrière mutante très « superficielle » (Kitty symbolisant la jeunesse et l'insouciance dans les années 70), elle va peu à peu développer un esprit plus critique et représentera bien vite l'une des meilleures et des plus intelligentes défenseuses des mutants auprès de leurs ennemis. À plusieurs reprises, Kitty se révèle être un excellent avocat de la cause mutante, prônant la diversité, la tolérance et la cohabitation pacifique entre humains et mutants. On peut aisément la rapprocher de Rousseau, et ce de manière symbolique, par son pouvoir qui lui fait « sentir » le monde comme personne d'autre, étant littéralement capable de « pénétrer » le cœur des choses, talent que l'on prêtait également au philosophe, bien que de manière plus imagée. En effet, là où Rousseau était « à vif » face à ses sensations et extrêmement sensible face au monde qui l'entoure, Kitty est, physiquement, au cœur des choses, et psychologiquement très impliquée auprès de ses compatriotes (elle est sans doute l'une des mutantes pour qui le mot amitié veut le plus dire quelque chose). Encore à l'instar de Rousseau, qui était citer comme un philosophe de la vie et non des livres, Kitty peut être citée comme une mutante très « sensible », tirant parti de son vécu, appréhendant le monde davantage par le sentiment que par la réfléxion. D'un point de vue « politique », nous pouvons rapprocher les deux penseurs par leurs croyances en la démocratie, l'égalité et la liberté. Ils feront le choix de laisser l'homme choisir ce qui est bon pour lui mais aussi ce qui est bon pour autrui (principe de "solidarité des intérêts" cher à Rousseau), notion que l'on retrouve chez Kitty Pride, notamment dans ses choix récents d'aider et de laisser les jeunes X-men (du passé) faire leur propres choix. Dernier point important : Là où Rousseau espérait que l'homme fasse des choix davantage altruistes que personnels, Kitty n'hésitera pas à se sacrifier pour le bien commun, notamment lorsqu’elle décidera de fusionner avec un missile afin qu'il traverse la terre (puisque devenu intangible comme elle), acceptant de se perdre dans l'espace. Ce geste puissant symbolise parfaitement le choix de Rousseau de juger un homme sur ses valeurs (et non sur ces biens superficiels).

 

A retenir : Démocrate, humaniste, sensible.

1 œuvre significative : All-New X-men (Brian Michael Bendis)

 

 

 


 

Hobbes / Batwoman

Le bien de la majorité est-il le bien de l'individu ?

La vie en société est-elle innée chez l'homme ?

Qu'est-ce qui justifie le pouvoir ?

Doit-on justifier le pouvoir ?

 

Locke / Angel

A quoi sert de faire le bien ?

Existe-t-il des droits naturels ?

Qu'est-ce qu'une propriété ? Que peut-on faire d'une propriété ?

L'homme peut-il être une propriété ?

 

Newton / Starbrand

Tout doit-il avoir une cause ?

L'imperfection s'oppose-t-elle à la perfection ?

La perfection existe-t-elle ?

La cause est-elle le sens ? Le sens doit-il avoir une cause ?

 

Berkeley / Cyborg

Le monde n'est-il que ce que l'on voit ?

Puis-je voir le monde de différentes façon ?

Faut-il percevoir quelque chose pour qu'il existe ?

Les idées existent-elles en dehors d'un esprit qui les pense ?

 

Hume / Emma Frost

Peut-on comprendre l'esprit ? Quel est-il ?

Où naissent les idées ?

Une idée est-elle issue d'une induction ou d'une déduction ?

Existe-t-il des idées dans la nature ?

 

Rousseau / Kitty Pride

La démocratie donne-t-elle le pouvoir au peuple ?

Le peuple peut-il être souverain ?

L'existence n'est-elle qu'une question de sensations ?

Sentir, est-ce vivre ?

 



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