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par Cryma - le 13/10/2014
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par Cryma - le 13/10/2014

Faire de la philo en slip 13 - Le XIXe siècle aux quatre coins de l'Europe

Le XIXe siècle aux quatre coins de l'Europe

 

Quelques pays émergents

Il est intéressant de se demander pourquoi, avec le temps passant, la philosophie s'est développée davantage dans certaines régions du globe (notamment la France, l'Allemagne et le Royaume Uni) et fut moins répandue ailleurs (nous pensons à l'Orient, l'Afrique ou l'Amérique du sud). A cela, deux raisons possibles. La première étant que l'on se tromperait, tout simplement, et qu'il existerait une pensée développées dans plusieurs régions du monde mais qu'elle ne nous a jamais été révélée, soit par manque de traces écrites, soit par leur destruction d'une manière quelconque. Car, il faut bien le dire, depuis la Renaissance, ce sont les pays orientés vers une préservation encyclopédique de leurs écrits qui ont joués dans la balance philosophique, et sans doute pour la simple raison que ce sont leurs écrits, et non d'autres, auxquels nous avons accès aujourd'hui. Seconde raison possible, c'est simplement que les régions du monde qui ne « philosophent » pas, ne le font guère car elle n'en voit pas l'intérêt, ayant depuis longtemps trouvé le sens de leur existence dans la religion ou tout autre spiritualité. Car, comme nous l'avons vu plus tôt, c'est avant tout l'avancée scientifique (et par conséquent une certaine forme d’Athéisme, en tout cas de doute) qui stimule la réflexion philosophique, et inversement. Il est donc tout à fait logique qu'un peuple non tourné vers la sciences ne pratique pas non plus la philosophie...et inversement. Dans un entre deux, nous trouvons des régions « civilisées » qui se seront longtemps tues, ayant pourtant accès aux écrits antiques et modernes, mais qui préféraient sans doute attendre le bon moment pour s'exprimer. Elle le firent enfin, dans le courant du XIXe siècle, avec une force tout bonnement incroyable ! Ces régions sont essentiellement situées au nord et à l'est de l'Europe et se nomment Danemark, Pologne, Russie, et Roumanie.

 


 

Au Danemark

 

Kierkegaard / Hawkeye : Il faut user des turpitudes de la vie comme d'un moteur à l'existence

 

Søren Kierkegaard (1813)

Il est considéré comme le précurseur de l'existentialisme et sera connu pour s'être fermement opposé à Hegel, jugeant les philosophies systémiques comme des « palais vides » inhabitables (c'est à dire des concepts abstraits inapplicables dans la vie quotidienne). Il bâtira pourtant lui-même un « système » (faute de meilleur terme) très complet quant à la valeur de l'existence. En effet, Kierkegaard nous apprend qu'il faut lier la « dialectique » à la réalité de l'existence, avec son lot de doutes, d'imprévus et de tourments. Il qualifiera d'ailleurs ses « ponctuations » de l'existence comme des « tonalités affectives » qui servent à donner un sens « qualitatif » à l'existence, inspirant par la même les notions de choix, de responsabilités et d'engagement qui dictent la philosophie existentialiste. Ayant donc redonner à l'homme les clefs de son existence, la liberté de faire des choix et le sens des responsabilités, le philosophe acceptera parfaitement la nature « absurde » de la vie. Cette attention aux « tonalités affectives », notamment via la conceptualisation et la mise en relation d'états de l'esprit (comme l'angoisse, le désespoir...) font de sa pratique l'une des plus belles formes de psychologie philosophique, dans son désir d'accepter ses affects comme des outils de l'existence et non comme des freins. Dans un tout autre registre, il sera très critique quant à la religion de son état (alors un Luthéranisme galvaudé par le pouvoir), jugeant que la religion doit se vivre de manière personnelle et libre, et non de manière collective, hypocrite (Aller à l'église afin d'être bien vu dans son village), et unidirectionnelle. Il prônera une spiritualité chrétienne qui laisse la place au doute, aux hésitations, aux erreurs, bref, à l'apprentissage de la foi et non à sa connaissance innée.

A retenir : existentialiste, responsable, spirituel.

 

Hawkeye

Accepter les aléas de la vie dans son cheminement philosophique... C'est ce que prônait Kierkegaard, et ce que mettra parfaitement en pratique Hawkeye lors de sa carrière de super-héros. En effet, Clint Barton est LE héros Marvel qui n'aura de cesse de vivre aussi pleinement son quotidien de New-yorkais que sa vie trépidante en tant qu'Avengers. Mais si on s'en remet aux écrits de Kierkegaard, c'est bel et bien ce quotidien empreint de doutes, d'anecdotes et de mauvais moments qui font de Barton un véritable héros, peut-être même meilleur que les grands de son monde comme Captain America ou Iron Man. Hawkeye devenant par la même l'archétype du héros « qui en a bavé dans sa vie » et qui tente d'user au mieux « des mauvais moments » afin de faire le bien (en témoigne d'ailleurs la plus récente de ses séries). Il représente donc parfaitement l'utilisation de ces « tonalités affectives » comme un moteur à son existence et non comme un frein ou un obstacle. Seconde association de Barton avec le philosophe, le désir de retrouver une foi personnel et solitaire, un retour à une spiritualité qui se pratique de manière personnelle. Chez Kierkegaard, nous le retrouvons dans son approche religieuse, et chez Clint Barton, nous le retrouvons dans son désir de mener parfois ses missions en solo ainsi que dans son besoin de s'éloigner parfois pendant quelques temps de grosses équipes comme les Avengers.

 

A retenir : Existentialiste, responsable.

1 oeuvre significative : Hawkeye : Ma vie est une arme (Matt Fraction)

 

 


 

En Pologne

 

Meyerson / Madame Web : Il faut user des capacités humaines à leur maximum, sans se contenter de la surface des choses
 

Émile Meyerson (1859)

Meyerson sera l'un des plus fervent critique du positivisme français du XIXe siècle, notamment envers Auguste Comte. Il reprochera à ce dernier de rester à la surface des choses, se contentant de promouvoir une science « descriptive » sans vouloir comprendre la nature même des choses. Il expliquera également que le positivisme se restreint à vouloir trouver des lois « parfaites » et en oublie le principe même de la science, qui est de tâtonner, de chercher et de se tromper, voire de produire de l'imparfait. Pour sa part, il désirait avant tout « expliquer » les choses et non plus simplement les « décrire », et ainsi chercher avant tout les causes des événements. Il analysera pour cela les grands principes de l'inertie, arguant que si l'inertie existe, c'est qu'il faut une cause pour la faire disparaître et ainsi engendrer un phénomène, et par conséquent, tout ce qui ne répond pas au principe de l'inertie possède une cause (cela relève d'une logique imparable). Il conclura ses recherches en expliquant que la nature répond bel et bien à un principe de cause à effet, comme tout autre système existant. Enfin, il soutiendra la thèse que ce principe de cause et d'effet est au cœur de toute pensée, et serait peut-être la condition même de la pensée. La pensée devenant la capacité d'outrepassé les obstacles qu'elle rencontre et non une simple « constatation » de ses obstacles (cette « constatation » qu'il apparentait au positivisme), prouvant ainsi la capacité de la sciences à aller au plus profond des choses et considérant la nature même du réel comme l'idée fondamentale de la science. Cette vision de la science fait de Meyerson un réaliste, au même titre que son contemporain Henri Bergson.

 

A retenir : Scientifique, onthologiste, réaliste.

 

Madame Web

Cassandra Web possède deux liens très forts avec la philosophie de Meyerson, deux liens qui représentent deux approches différentes pour expliquer l'importance qu'accordait le philosophe à la science. En effet, dans la première partie de sa vie, elle vivra son pouvoir de clairvoyance comme une bénédiction qu'elle doit mettre au service de l'humanité, elle n'aura alors de cesse d'aider les autres grâce à ses capacités surhumaines. Dans cette envie d'aller plus loin que de simplement user de ses pouvoirs à des fins personnelles, on peut y voir le besoin qu'avait Meyerson de considérer la science comme une discipline permettant d'aller plus loin que la simple description des phénomène, désirant user de cette discipline afin d'expliquer les choses. Le lien n'est pas des plus évidents, mais nous retrouvons tout de même dans les deux cas le désir d'utiliser une capacité à son maximum. De plus, Meyerson considérait que la science devait permette d'aller « au fond des choses », de comprendre ce que l'on ne pouvait comprendre autrement et de briser les obstacles que rencontrait la pensée humaine, nous pouvons donc y voir un lien direct avec le pouvoir si puissant de Madame Web qui lui permit de surmonter les obstacles de l'existence (dans son cas, la cécité et l'invalidité) afin d'appréhender le monde. Second lien que nous pouvons tisser (hum hum) entre les deux personnages, le simple fait que Meyerson dotait la science de capacités importantes, notamment dans sa thèse sur le principe de cause à effet qu'il appliquait à la pensée même. En d'autres mots, Meyerson plaçait dans la science la préservation et l'existence de la pensée, et Madame Web est bien obligée d'admettre que la science lui permet de subsister, et donc de penser, puisqu'elle ne survit uniquement grâce à une invention scientifique de son défunt époux, un système de soutien vital comprenant une série de tubes en forme de toile d'araignée auxquels elle est reliée.

 

A retenir : Scientifique, onthologiste, réaliste.

1 oeuvre majeure : ?

 

 


 

En Russie

 

Chestov / Constantine : Il faut embrasser la tragédie de l'existence afin de vivre une belle vie

 

Léon Issaakovitch Chestov (1866)

Chestov est un philosophe très marqué par la tragédie de l'existence humaine. Sa pensée s'exprimait par une recherche de « l'expérience du désespoir », qu'il considérait comme l'expérience première et dernière de tout être humain. « l’homme vient en pleurs et, par un trajet parcouru d’efforts infinis et absurdes, meurt dans l’angoisse » (tout un programme...). Mais il désirait également renvoyer l'homme dans son existence, préférant « vivre » son existence plutôt que de la « rationaliser », à l'instar de Nietzsche. Il supposait qu'on ne peut connaître l'existence que dans son vécu et la reconnaissance de sa course sans fin, entendons son but. L'homme, pour être libre, doit retourner au fondement de sa propre personne, quitter ses certitudes et ses vérités afin de mieux penser son existence. Il considérait l'existence comme une épreuve imposée à l'homme, un homme seul face à ses tourments (il se rattachait d'ailleurs à « la mort de Dieu » prophétisée par Nietzsche), dont la finalité n'était malheureusement que la mort. Mais loin d'être un pur nihiliste, il expliquait qu'une fois débarrassé de cette vision « finaliste » de l'existence, l'homme pouvait enfin embrassé la tragédie de son existence et l'accepter comme « moment » à part entière à vivre. C'est à dire qu'il ne fallait plus vivre sa vie dans un but bien précis mais « simplement » vivre sa vie pour profiter de ce moment d'existence. Chez Chestov, « la pensée philosophique, c’est-à-dire la philosophie de la tragédie, ne fait que retrouver l’absurde de la vie, avant de reconnaître en elle-même sa beauté (n’est-ce pas de cette beauté dont se réclame toute tragédie ?), parce qu’elle est un passage effroyable, sublime, « atroce » et sans fin. La tragédie comme moment ».

 

A retenir : désespéré, tragique, pessimiste, nihiliste.

 

John Constantine

Comment ne pas voir en Constantine l'homme qui su visiter les tréfonds de son âme torturée ? S’apparentant en cela de manière parfaite avec la philosophie aux aspects nihilistes de Chestov, le héros au Hellblazer sera non seulement une digne représentation de l'expérience du désespoir chère au philosophe, mais sera également le témoin d'un monde en décrépitude, envoyant sa série côtoyer les plus belles théories du penseur. Plus précisément, là où Chestov prônait un refus à la finalité de l'existence afin de la vivre pour ce qu'elle (de manière directe), on peut dire que Constantine prône un refus de sa propre existence afin de permettre aux autres de vivre la leur (c'est en quelque sorte le stade supérieur chestovien). Le philosophe voulait nous apprendre à accepter la tragédie de l'existence, la solitude de l'homme et le désarrois de l'être humain face à son existence, le magicien parcourra avec le lecteur les pires endroits du mondes, alternant Angleterre et États-Unis, dans un soucis de constatation (première étape de l'acceptation chez Chestov) mais également dans un besoin de dépasser ce stade afin "d'embrasser la tragédie, et donc la beauté de l'existence », qui, chez Constantine, se fera par l'utilisation de l'ironie, mais également par la modification de l'existence des gens autour de lui (il est, en effet, à noter que, bien qu'extrêmement nihiliste, le héros conserve sa pulsion de vie et chemine dans l'existence, luttant sans cesse contre le mal), décidant ainsi d'aider son prochain, même s'il cache cette bonne action sous des aspects superficiels bien moins reluisants.

 

A retenir : désespéré, tragique, pessimiste, nihiliste.

1 oeuvre significative : Garth Ennis présente Hellblazer tome 1

 

 

 


 

En Roumanie

 

Fondane / Kyle Rayner : Il faut voir l'existence à la fois comme un combat et un art de la beauté
 

Benjamin Fondane (1898)

Philosophe mort dans une chambre à gaz en 1944 à Auschwitz, il aura marqué les esprits par sa pratique philosophique et son destin tragique. Il est l'un des penseurs ayant exercé son « art » des manières les plus diverses, notamment dans la poésie, le théâtre, l'écriture, le cinéma et l'esthétique. Il est surtout connu pour avoir développé sa pensée non pas en « créant » des idées, mais en s'opposant aux idées des ses contemporains (notamment Valéry ou Breton), faisant de lui l'un des polémistes les plus redoutables de sa génération. Mais derrière cette polyvalence pamphlétaire se cache en réalité une cohérence philosophique significative. En effet, nous pouvons retrouver dans ses œuvres des leitmotivs puissants comme la réflexion existentielle sur l'errance de l'être humain dans un monde « naufragé » (réflexion très fortement héritée de l'histoire du peuple juif), mais également la révolte et l'irrésignation face à une civilisation de plus en plus cruelle et individualiste, capable de « transformer les individus en fantômes de l'histoire ». Il sera considéré comme un philosophe constatant le désespoir mais ne s'en satisfaisant pas, recherchant sans cesse une « nouvelle » (pour ne pas dire « meilleure ») réalité. Son œuvre, fortement inspirée du tragique de Chestov, est encore très lue aujourd'hui, car très ancrées dans la réalité contemporaine, notamment via son combat contre un certain rationalisme destructeur, et son refus de toute aliénation idéologique, morale et politique.

 

A retenir : Artiste, existentialiste, révolutionnaire.


Kyle Rayner

Ce que j'aime particulièrement dans le pouvoir des Green Lantern, c'est qu'ils peuvent manifester leurs émotions et leur personnalité dans leur rayon. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que Kyle Rayner est le gardien ayant le plus influencé son pouvoir au fil de décennies. Là où Fondane était un touche-à-tous de talents et un artiste accompli, n'hésitant pas à lier très fortement la forme au fond (en témoigne ses poésies philosophiques), Rayner est un artiste avant d'être un héros. Dessinateur de mangas qui se verra doter de l'anneau surpuissant, il n'aura de cesse de manifester son art à travers son pouvoir, comme par exemple lors de ses débuts en tant que gardiens où il donnera vie à ses créations artistiques (des personnages de manga) ou lorsqu'il se constituera une armure pour combattre, optant pour une armure ancestrale de samouraï, choix très esthétique s'il en est. De plus, là où Fondane se donnait pour mission d'errer « la tête haute dans un monde de désolation et de ruines », Ryner acquiert son pouvoir au moment où le Corp est au plus mal, alors détruit depuis peu par un Hal Jordan possédé par Parallax. C'est d'ailleurs dans un fabuleux élan héroïque et humaniste qu'il recréera à partir de rien tout ce que Jordan avait détruit, acte que n'aurait pas renier un Fondane avide de révolte et de reconstruction identitaire, ainsi que d'irrésignaion face au chaos !

 

A retenir : Artiste, existentialiste, révolutionnaire.

1 oeuvre majeure : ?

 

 


 

Kierkegaard / Hawkeye

La religion impose-t-elle le culte ?

Qu'est-ce qu'une religion ?

Suis-je destiné à ne vivre que mon existence ?

Mon existence est-elle définie par ce que je vis ?

 

Meyerson / Madame Web

Peut-on vivre sans émettre de pensée ?

Toute chose a-t-elle une cause ?

La science doit-elle comprendre, expliquer ou prouver ?

La science est-elle en mesure de nous expliquer le réel ?

 

Chestov / Constantine

L'existence a-t-elle une finalité ?

Faut-il vivre dans un but particulier ? Comment connaître ce but ?

Le désespoir est-il une façon de vivre durable ?

Peut-on vivre sans but ?

 

Fondane / Kyle Rayner

L'art est-il l'expression de l'homme ou de la vie ?

L'homme est-il responsable de la société qui l'entoure ?

Peut-on s'approprier les idées d'autrui ?

Crée-t-on réellement de nouvelles idées ?

 


 

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