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par Cryma - le 10/07/2014
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par Cryma - le 10/07/2014

Faire de la philo en slip 4 - Asie, Inde, Orient

Du côté de l'Asie

 

Cette culture de la pensée n'est pas toujours en accord avec la pensée occidentale, il est même parfois mal vu de parler de « philosophie » quand on parle de la pensée chinoise. La philosophie asiatique remonte à l'antiquité et se voulait très proche de la nature. Ses premières grandes intentions étaient de comprendre la nature et ses cycles (Ciel et mer par exemple). La pensée asiatique s'est peu à peu déportée vers ce qu'on appelle des « annalistes », qui avaient des rapports privilégiés avec les princes et leur prodiguaient des conseils. Il est intéressant de noter que l'apparition de cette « pratique » philosophique se situe à la même époque que la pratique de la philosophie en Grèce, sans toutefois que les deux civilisations aient des rapports significatifs. La différence majeure entre les deux pratiques repose sur la finalité. Là ou la Grâce s'engouffrait dans le questionnement et la logique, les chinois se voulaient plus « pratiques » et tentaient d'apporter des réponses aux questions du quotidien, comme le bien fondé de l'être humain ou la perversion par la société.

 


 

Lao Tseu / Uatu : Il faut d'abord observer l'existence afin de mieux s'y investir par la suite.

 

Lao Tseu (590 ACN)

Commençons par poser une règle : Nous l'appellerons Lao Tseu et non autrement tant ce nom peut être écrit à toutes les sauces ! Bien ? Voila... Ce (très) grand penseur chinois est considéré comme le fondateur du Taoïsme, école de pensée qui développera de grandes idées antiques comme le Zen, l'éthique, le Yin Yang ou encore le naturalisme asiatique (encore présent aujourd'hui dans les arts plastiques). Bien qu'il est fort probable qu'un grand homme portant ce nom aie existé et pensé, le temps s'est permis de déformer fortement la réalité, lui attribuant notamment une naissance mystique tantôt à base de comète, tantôt à base d'une prune magique, et ayant vécu au moins jusque 160 ans. Son apport majeur à la philosophie reste le Tao Tö King (Le livre de la voie et la vertu) où Lao Tseu évoque différents principes éthiques et moraliste sous la forme d'aphorismes complexes (principe qui sera très souvent caricaturé en occident lorsque l'on fera parler un sage chinois). Les thèmes les plus intéressants et contemporains reste le rôle essentiel du vide dans l'existence, la mise en retrait au monde et la souplesse d'esprit, le retour à une certaine simplicité en occultant les aspects négatifs de la civilisation.

 

A retenir : Vertueux, mystique, moraliste, éthique, aphoriste.

 

Uatu

Bien que de manière extrême, Uatu représente parfaitement ce principe de « détachement » du monde grâce à son rôle de « watcher ». Comme l'indique Lao Tseu dans sa philosophie, il prône non pas une destruction de la civilisation mais une limitation de ses aspects négatifs pour un retour à un ordre davantage naturel. Ceci reflète parfaitement l'histoire des gardiens, cette race extraterrestre primordiale qui donnera la connaissance de l'énergie nucléaire à un peuple afin de l'aider et regrettera son geste lorsque cette civilisation fabriquera des armes atomiques avec. Les gardiens décideront alors de ne plus intervenir dans l'ordre des choses et s'efforceront de simplement observer le déroulement naturel du monde. Comment ne pas y voir une analogie avec Lao Tseu dans son désir de prendre du recul sur la société et laisser se dérouler les choses... Enfin, ce personnage de Uatu incarne très bien cet archétype du grand sage détenant une vérité cosmique et la formulant par bribes, à l'instar d'un Lao Tseu s'exprimant par aphorismes.

 

A retenir : Vertueux, mystique, éthique, aphoriste.

1 œuvre significative : Alors vint Galactus (Stan Lee)

 

 

 


 

Confucius / Captain America : Il faut avoir confiance en autrui et organiser correctement son existence.

 

Conficius (551 ACN)

Idem que pour Lao Tseu, nous nous en tiendrons à l'appeler Confucius. Il est reconnu très vite comme le premier « éducateur » de la Chine et sera le fondateur du confucianisme, école de pensée chinoise prônant essentiellement les liens familiaux, l'individualité, l'harmonie naturelle, la vertu (respect, tolérance, altruisme...) et enfin l'ordre (ordre cosmique, ordre naturel, ordre social...). Confucius n'était en aucun cas naturaliste, il ne faisait donc aucunement entrer la nature et l'écologie dans son système de développement, préférant confier cette tâche à l'être humain et à la société. On peut penser qu'il désirait modifier ce qui peut l'être, donc « s'attaquer » à l'esprit humain plutôt qu'aux forces immuables de la nature. Il est encore ici question d'une naissance légendaire mêlant une licorne, deux dragons, cinq vieillards et cinq planètes (!). Sa rencontre avec Lao Tseu le troubla tellement qu'il refusa de parler pendant un mois, afin de réfléchir. On retiendra essentiellement de sa pensée la notion d'ordre et de hiérarchie (un fils obéit à son père, un soldat à son chef, un peuple à son dirigeant...) et l'aspect humaniste de sa philosophie.

 

A retenir : Humaniste, hiérarchiste, prône l'ordre, vertueux.

 

Captain America

Symbole des valeurs américaines et défenseur des vertus sociales, Steve Rogers est une figure à laquelle tout le monde peut s'identifier. Les rapprochements sont nombreux entre sa philosophie et le système de pensée de Confucius. Ainsi, nous y retrouvons un désir de respecter l'ordre établit (essentiellement familial chez Confucius, davantage militaire chez Rogers), des principes humanistes très présents (l'homme peut changer les choses, il peut être vertueux et altruiste...), et bien sûr « l'amour » de la hiérarchie (Steve Rogers est d'abord simple soldat, puis devient Capitaine, et enfin, prend son rôle de chef des Avengers très à cœur). L'individualité est aussi une donnée essentielle chez les deux hommes, le fait qu'un seul homme peut changer des choses, qu'il faut se construire soi-même (rappelons la mort de la mère de Steve qui s'est retrouvé seul à l'adolescence), que chaque être vivant est unique (nous retrouvons ici l'altruisme de Captain America).

 

A retenir : Humaniste, hiérarchiste, vertueux, altruiste.

1 œuvre significative : Un homme hors du temps (Mark Waid)

 

 

 



 

Du côté de l'Inde

 

Philosophie complexe et tardive en occident, l'Inde se base sur deux grands courants de pensées, celui qui reconnaît l'autorité du veda (texte ancestral initiateur de la spiritualité indienne) et celui qui ne la reconnaît pas. Parmi ceux qui s'en inspirent nous retrouvons les pratiquants de l'hindouisme (pensée polythéiste et animiste) issue du brahmanisme (pensée alliant religion et magie) issue lui-même du védisme (religion ancestrale issue d'Iran). Parmi ceux qui ne s'en inspirent pas, les plus connus sont les courants jaïnistes (religion animiste proche de l'hindouisme) et le Bouddhisme (philosophie issue des enseignements du Bouddha). De manière générale, l'ensemble des religions et courants de pensées indiens tendent vers un seul et même but : le Nirvana, c'est à dire l'apaisement de l'âme. Pour l'atteindre, l'homme doit se donner des valeurs (il doit faire des vœux) comme la non-violence, la prière, la méditation et le jeûne.

 


Non-inspirés par le Veda


 

Bouddha / Batgirl : Il faut envisager les souffrances de l'existence comme un enseignement.

 

Bouddha (vers 600 ACN)

De son vrai nom Siddharta Gautama, Bouddha étant une appellation donnée aux sages ayant atteint l'illumination. Son histoire est relativement connue de tout le monde, celle d'un prince choyé à outrance qui découvrit les malheurs de son peuple et décida de renier son existence de nanti afin de pratiquer l'ascétisme et la méditation. Mais à l'heure où le bouddhisme et la pratique Zen sont triturés dans tous les sens dans nos sociétés contemporaines, il n'est pas inutile de replacer quelques bases... Sa philosophie se base avant tout sur trois concepts majeurs : l'impersonnalité (concept qui s'oppose à l'hindouisme et qui prône l'absence d'essence en toute chose), l'impermanence (Rien n'est figé, tout peut changé, en découle le concept de progrès), et enfin l'insatisfaction (les souffrances de la vie comme la maladie, la vieillesse, le deuil, l'angoisse, l'échec, la douleur...) qu'il faut dépasser afin d'atteindre la délivrance, ce que bouddha désigne comme l'illumination. De manière général, le message de Bouddha est que l'homme est prisonnier de ses pulsions et se voile la face quant au monde qui l'entoure, il doit dés lors ôter ce voile grâce à la méditation. Il est à noter que même si le bouddhisme est considérer comme une religion dans certaines régions du monde, Gautama ne s'est jamais revendiqué ni divinité, ni même prophète, mais simple être humain ordinaire.

 

A retenir : Bouddhiste, vertueux, stoïcien, méditatif, en quête d'une existence meilleure.

 

Batgirl (Barbara Gordon)

Qui mieux que Batgirl connaît la souffrance ? Là où Gautama découvrit la souffrance afin de mieux la surmonter, Barbara a ressentit la souffrance avant de la surmonter ! Rappelez-vous... Elle commencera par perdre ses parents dans un accident de voiture (le deuil) et sera confiée à James Gordon. Elle tentera alors d'entrer à la police mais sera refusée (l'échec) et deviendra alors Batgirl. Sa carrière de Batgirl prend fin lorsque le Joker lui tire une balle dans le ventre (la douleur), la rendant paraplégique (la maladie). Elle décide alors de se rendre utile en usant de ses connaissances informatiques et en devenant Oracle, sorte d'ange gardien de Batman. Comme l'enseigne Bouddha, Barbara utilisera son « insatisfaction » afin de cheminer vers un avenir meilleur, ne baissant jamais les bras, ne se laissant aucunement abattre par les événements, la plaçant comme une stoïcienne accomplie. A l'instar de Gautama, elle se fera enseignante en prenant Cassandra Caine sous son aile (la nouvelle Batgirl, voir "No Man's Land) et sera témoin de l'impermanence des choses en retrouvant l'usage de ses jambes (appréhendant ainsi le concept du progrès). Notons également que Barbara englobe de manière générale le concept d'impersonnalité en choisissant de devenir Oracle, sorte d'entité sans essence qui voue son existence aux autres. Batgirl est définitivement une sorte de transfuge de l'enseignement bouddhiste qui nous apprend à surmonter les souffrances terrestres afin d'atteindre un degré supérieur de l'existence.

 

A retenir : Vertueuses, stoïcienne, en quête d'une existence meilleure.

1 oeuvre significative : A Killing Joke (Alan Moore)

 

 

 


 

Nagarjuna / Flash : Il faut voir au délà de cette existence et aspirer à en découvrir d'autres.

 

Nāgārjuna (vers 200)

Sa vie est très peu connue car il est issu d'une époque où la transmission orale était de mise. Néanmoins, on suppose qu'il fût élevé dans la tradition brahmanique et qu'il se tourna plus tard vers le bouddhisme. Compte tenu de la longueur que l'on prête à sa vie (600 ans), on peut supposé que plusieurs hommes portèrent ce nom, peut-être de disciples en disciples... Un fait majeur de son existence reste son voyage au pays des Naga (divinités à l'aspect de serpents) qui lui vaut son nom (Nāgā – ārjuna signifiant « celui qui subjugue les Naga »). Il sera le fondateur de l'école Madhyamaka (branche du bouddhisme qui prône la vacuité absolue de l'existence) qui est encore aujourd'hui la principale inspiration du bouddhisme tibétain. Il fût l'un des plus grands utilisateurs du Tétralemme (Système de recherche de la logique par élimination inspiré par Aristote) et s'en servit afin d’établir 3 grandes idées issues de la logique : l'impossibilité logique, l'impossibilité réelle et le constat d'inexistence, rejoignant directement son rôle de défenseur de la vacuité. Il dira d'ailleurs que les passions et les actes ne sont que mirages et que même le Nirvana relève de la vacuité. Il n'est pas Nihiliste pour autant car il expliquera que la vacuité du tout n'est pas inutile à l'existence (comme le rêve, bien que faux, est utile à l'être humain).

 

A retenir : Bouddhiste, logique, Madhyamaka, tétralemme, vacuité de l'existence.

 

Flash (Barry Allen)

Barry Allen représente très bien ce lien entre logique aristotélicienne et vacuité du monde réel que défendait Nagarjuna. En effet, bien que scientifique dans l'âme (il travaille à la police scientifique), il apprendra peu à peu à voir au delà du monde observable et développera des pouvoirs quantiques comme faire vibrer ses molécules afin de traverser la matière. Bien que toujours ancré dans le rationnel, il pénétrera également dans d'autres mondes (en l'occurrence terre II et y rencontrera son homologue, Jay Garrick, pourtant personnage de fiction sur terre I, symbolisant en quelque sorte la vacuité de l'existence réelle, qui n'existe finalement pas, engendrant le « constat de non-existence » cher au philosophe indien). En tant que précurseur des mondes parallèles, il peut être symboliquement vu comme un philosophe ouvrant la porte à ses contemporains sur une réalité insoupçonnée, sur une compréhension supérieure de l'univers. Rejoignant encore Nagarjuna dans son désir de dépasser la vacuité du tout, il usera de sa découverte d'un univers emprunt de vacuité et de non-existence comme d'un socle de réflexion et de persévérance afin de poursuivre sa quête de justicier (notamment suite à sa rencontre avec Jay Garrick).

 

A retenir : Logique, vacuité de l'existence, principe de non-existence, persévérant.

1 oeuvre significative : Flash des deux mondes (Gardner Fox)

 

  

 


Inspirés par le Veda


 

Shankara / Green Lantern : Il faut faire les bon choix  et retrouver une spiritualité perdue.

 

Shankara (vers 700)

Il est considéré comme l'un des plus grands maîtres de l'hindouisme. Fondateur et précurseur de l'école Advaita Védanta, il prône la « non-dualité », c'est à dire la considération de la divinité dans sa totalité. Il considérait que la vérité n'était « qu'un » et réfutait la théorie de l'être et du non-être. Il considérait également que le « soi » était enfermé dans cinq gaines, à savoir la nourriture (le corps grossier composé de chair, de peau, de graisse...), le souffle vital (le corps vital à travers ses organes vocaux, digestifs, génitaux et ses membres), le mental (le corps mental à travers ses organes de perceptions), l'intellect (le corps à travers sa perception du monde engendrant l'esclavage de l'esprit) et la béatitude (simple modification de l'ignorance à travers, notamment, le sommeil), cinq « corps » qui empêchaient la connaissance du Suprême Soi. S'en suivit une importante réforme de l’hindouisme prônée par lui, désireux de revenir aux sources de cette philosophie et marquant ce désir par des actes forts comme le refus de sacrifices par le sang (le vrai sens du sacrifice reste à l'intérieur du corps) et la modifications des offrandes, remplaçant l'alcool, la viande et le poisson par le riz, les fleurs et les laitages. En conclusion, la philosophie de Shankara se voulait progressiste et plus saine que celle de ses prédécesseurs, prônant l'absence de violence, le dépassement de soi (au sens propre du terme) et le retour à une vie simple.

 

A retenir : Hindouiste, progressiste, réformiste, spirituel, bienveillant.

 

Green Lantern (Hal Jordan)

D'abord Lantern un peu rebelle, anciennement pilote impétueux et discutant certains ordres du Corps, Jordan va littéralement devenir l'architecte de la réforme des Green Lantern (sans en être forcément conscient). A l'instar de Shankara qui désirera modifier certaines pratiques de l'hindouisme, Hal Jordan détruira le Corps des Green Lantern (la réforme) à la suite de la destruction de sa ville natale (symbole des sacrifices sanglants que condamnera le philosophe) et leur prendra pour cela leur énergie. C'est en formant une entité unique avec Parallax (principe de non-dualité) qu'il désirera recréer l'histoire complète comme il l'entend et mourra finalement en sauvant le soleil (ultime acte de bienveillance de la part d'un Lantern qui a veiller la terre pendant longtemps). Même si les comparaisons sont quelque peu alambiquées et n'étaient sans doute pas conscientes de la part des auteurs du comics, on retrouve quand même plusieurs notions propres à Shankara comme un homme en désaccord avec les pratiques en cours, une réaction hostile face à la violence et aux sacrifices, et enfin, une intéressante réflexion sur le principe de non-dualité (Parallax ne forme-t-il qu'un seul être ou deux entités composée de la peur et de Hal Jordan ?). On retrouve chez les deux hommes les mêmes valeurs progressistes, prônant certains changements nécessaires et l'acte du dépassement de soi (symboliser par la résurrection d'un Hal Jordan maître de lui-même, vertueux, et bienveillant). Notons enfin que la lanterne du Corps peut être vue comme le « Suprême Soi » de Shankara, c'est à dire, dans le cas du comics, comme l'essence unique et primordiale de l'intellect (symboliser par l'acte créateur de l'imagination via les anneaux des Green Lantern).

 

A retenir : Progressiste, réformiste, bienveillant, impétueux.

1 oeuvre significative : Green Lantern Rebirth (Geoff Johns)

 

 


 

Ramanuja / Sinestro : Il faut se soummettre aux forces supérieures, croire en ses idées et accomplir ses projets.

Ramanuja (1077)

Bien que grand commentateur du Vedanta (école philosophique issue de l'hindouisme), il fut pourtant l'un des adversaires de la philosophie de Shankara. Il évolue dans une époque où l'hindouisme doit faire face à la montée en puissance du Bouddhisme et du Jaïnisme, tentant pour cela d'initier une renaissance de ce premier. Il remit alors en avant le Bhakti (la dévotion à Dieu) et entra en conflit avec Shankara en tentant de démonter la validité de sa théorie d'une divinité personnelle. En opposition au « Soi Suprême » de Shankara, Ramanuja prônait que toutes les manifestations, les qualités et les différences étaient irréelles et de simples reflets du Brahman (conscience cosmique présente en toute chose, absolu éternel surplombant toutes dualités). De manière plus complexe, il s'opposait encore à Shankara lorsqu'il expliquait que la connaissance du brahman ne s'établissait pas par la lecture des textes ou l'intelligence mais bien par la méditation. Enfin, et de manière encore plus complexe, il défendait l'idée (toujours en opposition à Shankara) que l'ignorance (Avidya en Inde) ne pouvait être que réelle ou irréelle (et non « incompréhensible » comme l'affirmait Shankara) et que bien des hindouistes fuyaient l'expérience directe.

 

A retenir : Hindouiste, empiriste, méditatif, dévot.

 

Sinestro

Ramanuja étant un fervent opposant à Shankara, il me fallait un opposant à Hal Jordan. Sinestro fût tout d'abord Green Lantern mais finit par fonder son propre Corps, celui des anneaux jaunes. Comme Ramanuja prôna le retour du Bhakti, c'est à dire la dévotion à Dieu, on peut dire que Sinestro accepta la dévotion à Parallax, c'est à dire la peur. Mais cette quête de puissance et de sagesse de la part du héros peut-elle être vue comme positive ? Il faudra attendre longtemps pour trouver la réponse, lorsque Sinestro réintégrera le Corps des green Lantern. Adepte de la méditation (il fait preuve de concentration et subit des épreuves afin de créer son propre Corps), Sinestro rejoint encore le philosophe et s'oppose à un Jordan (et donc Shankara), Lantern impétueux et impulsif. Il est important de noter que bien qu'étant considéré pendant de longues années comme un antagoniste de l'univers Dc, Sinestro reprend peu à peu son statut de protagoniste, en dévoilant son passé de Green Lantern, de professeur d'Hal Jordan, et défendant des idées nobles à travers plusieurs histoires introspectives qui le place en vrai penseur philosophique de l'univers dans lequel il évolue.

 

A retenir : méditatif, dévot.

1 oeuvre significative : La guerre de Sinestro (Geoff Johns)

 

 

 



 

Du côté de l'Orient

 

On ne qualifie pas cette philosophie « d'orientale » mais bien « d'islamique » car elle est plus souvent rattachée à la pensée occidentale qu'à la pensée orientale. Bien que qualifiée d'Islamique, cette philosophie n'est que très peu inspirée par les textes de l'Islam et est surtout composée de penseurs issus de la culture arabe et musulmane sans rattachement apparent à la religion. Il s'agira donc davantage d'une appellation culturelle et historique plutôt qu'une étymologie religieuse. Il s'agit d'une école de pensées inspirée par la philosophie grecque, iranienne et indienne, qui aborde les thèmes de la théodicée (Opposition entre un Dieu tout puissant et l'existence du mal), l'eschatologie (doctrine sur la fin du monde et de l'homme), l'anthropologie (étude de l'homme d'un point du vue culturel), l'apophatisme (qui fait le choix de définir ce que Dieu n'est pas plutôt que de définir ce qu'il est) et enfin la religion comparée (qui établit des connexions culturelles entre les différentes spiritualités). Plus simplement, cette philosophie se base sur la compréhension du monde et de Dieu par différents moyens combinatoires. Notons enfin qu'il s'agit d'une philosophie qui fût très influencée par les écrits d'Aristote.

 


 

Avicenne / Carol Danvers : Il faut conserver son essence malgré le chaos de l'existence.

 

Avicenne (980)

Il est inscrit dans une époque bénie où les penseurs arabes purent découvrir les écrits grecs à travers l'empire byzantin, il en retirera de nombreux enseignements, notamment ceux d'Aristote. Il développe une théorie métaphysique distinguant l'essence et l'existence, l'existence étant le domaine des troubles et des accidents alors que l'essence est ce qui perdure dans l'être malgré l'existence. Il abordera une théorie très novatrice sur la divinité en expliquant que Dieu ne crée plus dans un acte de volonté, mais se crée dans un acte d'obligation, étant lui-même sa propre intelligence, sa propre pensée divine (qu'il appelle l'essence, donc). En découle un jeu complexe d'intelligences allant de deux à dix suivant une hiérarchie bien précise. Il sera à la base de l'Avicennisme, qui développera des idées comme l'immortalité de l'âme et l'autonomie de l'intellect humain dans le courant du XIIe siècle. Il est également reconnu comme l'un des premiers rationalistes s'opposant à l'alchimie, publiant un traité (parfois associé à tort à Aristote) sur l'origine des métaux et l'impossibilité de la transmutation chimique de ceux-ci par les alchimistes, considérant ces derniers, au mieux, comme de bons imitateurs.

 

A retenir : Aristotélicien, spirituel, Avicenniste, rationaliste, essentialiste.

 

Carol Danvers

Symbole ultime de la supériorité de l'essence sur l'existence, Danvers est sans doute le héros Marvel ayant le plus souvent changé de pouvoirs et de nom tout en conservant la même identité. Des héros qui passent sous le même costume, c'est connu, la preuve en est avec les Robin de Dc. Mais très rares sont les héros à avoir subit autant de modifications existentielles (les troubles et les accidents de l'existence chères à Avicenne) tout en ayant su conserver leur identité propre (ce qu'on pourrait apparenter à l'essence que défend le philosophe). Car c'est bien Carol Danvers que nous retrouvons à chaque fois, qu'elle soit contaminée par de l'ADN Kree en tant que Miss Marvel, qu'elle soit destituée de ses pouvoirs en tant que X-Man, qu'elle soit la victime d'expériences Broods et développe de tous nouveaux pouvoirs en tant que Binaire ou qu'elle soit encore une fois complètement réinventée en Warbird, elle conservera son essence première, celle de Carol Danvers. Même après les événements de House of M, où elle redevint Miss Marvel, elle conservera son essence, la preuve en est avec certaines histoires récentes qui font appel à l'ensemble de sa continuité. C'est sans doute ici que la philosophie essentialiste d'Avicenne trouve tout son sens, dans l'individu. On peut être modifié, trituré, affaiblit, presque tué, réécrit, oublié, voire même effaceé de l'existence, notre essence est toujours présente et on reste ce que l'on est.

 

A retenir : Essentialiste, Avicenniste.

1 oeuvre significative : The Enemy Within (kelly Sue Deconnick)

 

 

 


 

Averroes / Le Fauve : Il faut bien distinguer le conscient du subconscient et tenter de vivre en harmonie avec les deux.

Averroes (1126)

Très connu pour être l'un des grands commentateurs des écrits d'Aristote, son ouverture d'esprit et sa modernité déplairont aux autorités musulmanes qui le pousseront à l'exil et brûleront l'ensemble de ses livres. Averroes cherche avant tout à élaborer une connaissance rationnelle de Dieu, rattachant son acte de création à l'acte d'un artisan. Il comparera la connaissance de la fabrication d'un objet à la connaissance et la compréhension de Dieu. En effet, là ou la foule observera l'objet (et Dieu) avec ses sens, le scientifique comprendra les structures de l'objet (et le philosophe comprendra Dieu). Il considère donc que la connaissance de Dieu ne se fait pas intuitivement (comme une vision angélique) mais bien par l'étude de la nature et du monde. C'est dans cette optique qu'il s'intéressera fortement à la physique aristotélicienne. Il développa également une théorie de « l'intellect séparé », arguant qu'il existe un intellect en tout homme provenant de Dieu qui permet d'analyser les perceptions du corps. Il fût critiquer par Thomas d'Aquin qui y voyait le risque chez l'homme d'absence de responsabilité de ses actes. Pourtant, cette théorie du « ça » (l'intellect séparé) fera son chemin et Averroes sera parfois citer comme un précurseur de la psychanalyse. Il n'aura de cesse durant toute sa vie de tenter d'associer philosophie et religion, d'abord en considérant que la vérité du prophète est la même que la vérité du philosophe, seule la forme diffère, ensuite en imposant le rationalisme d'Aristote à la religion musulmane et réinterprétant la révélation islamique.

 

A retenir : Aristotélicien, empiriste, rationaliste, psychologue.

 

Le Fauve (Hank McCoy)

Plusieurs choses relient le fauve à Averroes. Tout d'abord leur esprit empiriste et scientifique, je ne vous apprends rien en vous disant que Hank McCoy est un très grand scientifique, désireux de percer les secrets de sa propre existence de mutant (comme Averroes désirait percer les secret de l'existence divine) se plaçant comme un rationaliste dans la plus pure tradition. Ensuite, nous pouvons considéré que le principe d'intellect séparé qu'Averroes développa (et qui se transformera plus tard en « ça » freudien) est utilisé de façon métaphorique dans la dualité qu'il existe entre l'intellect de McCoy et son apparence bestiale et primate, sorte de Docteur Jekyll et Mister Hyde freudien, l'homme étant ici symbole du moi, la bête (le fauve) symbole du ça. Mais que ce soit dans un cas comme dans l'autre, il s'agit d'en faire un bon usage ! McCoy usant de son intelligence afin de faire avancer la science en Aristotélicien qu'il est, et usant de sa force et de son agilité pour protéger ceux qu'il aime, n'hésitant pas à embrasser ses pulsions bestiales, son ça.

 

A retenir : Aristotélicien, empiriste, rationaliste, psycholoque.

1 oeuvre significative : All new X-men (Brian Michael Bendis)

 

 

 


 

Asie

 

Lao Tseu / Uatu

Qu'est-ce que le vide ? Le vide est-il l'absence de quelque chose ?

Puis-je m'observer moi-même ? Suis-je observé par moi-même ? Qui est moi-même ?

Observer est-il interagir ? Une observation est-elle une action ?

Puis-je observer l’absence de quelque chose ? Puis-je observer l'inexistence de quelque chose ?

 

Confucius / Captain America

Suis-je un individu ? Qu'est-ce qui m'individualise ?

L'ordre existe-il ? Qu'est-ce que l'ordre ?

Le monde est-il immuable ? Le monde existe-t-il dans le temps ?

Fais-je partie d'un ordre que je crée ? L'ordre se crée-t-il ?

 

Inde

 

Bouddha / Batgirl

Qu'est-ce que l'essence d'un être ? Qu'est-ce que la personnalité ?

Le progrès existe-t-il ?

La souffrance peut-elle ne pas exister ?

Souffre-ton parce qu'on vit ou vit-on parce qu'on souffre ?

 

Nagajurna / Flash

L'existence possède-t-elle un but ?

La vacuité peut-elle être vécue ?

L'existence se vit-elle ici ?

Vivre sert-il à mourir ? Mourir sert-il à mieux vivre ?

 

Shankara / Green Lantern

Existe-t-il une seule vérité ? La vérité peut-elle être multiple ?

Qu'est-ce qui définit l'esprit ? L'esprit est-il à l'intérieur du corps ?

Le « dépassement de soi » existe-t-il ? Suis-je moi si je suis mieux que moi ?

L'ignorance de l'ignorance existe-t-elle ?

 

Ramanuja / Sinestro

Existe-t-il une réponse à tout ?

L'absolu existe-t-il ? Qu'est-ce que l'absolu ?

L'homme est-il dévot de son existence ?

L'existence est-elle une épreuve ou est-elle composée d'épreuves ?

 

Moyen-Orient

 

Avicenne / Captain Marvel

L'essence définit-elle l'existence ou l'existence définit-elle l'essence ?

Quelle est l'essence de l'Homme ? Chaque homme possède-t-il une essence ?

Dieu s'est-il pensé lui-même ? Dieu possède-t-il une pensée ?

L'homme veut-il vivre ou doit-il vivre ?

 

Averroes / Le fauve

Peut-on comprendre Dieu ? Doit-on comprendre Dieu ?

D'où vient l'intelligence ? L'a crée-t-on de toute pièce ?

La connaissance de Dieu est-elle inné ?

Peut-on être responsables de son destin ?

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