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par Cryma - le 12/07/2014
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par Cryma - le 12/07/2014

Faire de la philo en slip 6 - La philo médiévale

Philosophie médiévale

 

Peut-on allier philosophie et religion ?

Deux oppositions majeures font face à la philosophie à cette époque, tout d'abord la ferveur religieuse et la montée en puissance des institutions qui s'y rapportent, ensuite l'absence d'éducation pour le peuple, qui donnera d'ailleurs son nom à l'époque (Age moyen, age sombre de la pensée). Il sera très longtemps considéré que la philosophie et la religion sont incompatibles et nombres de penseurs médiévaux seront reconnus comme porteurs de foi et non de réflexion, ne pouvant dés lors être qualifiés de philosophes. Pourtant, certains érudits vont tout de même tenter de porter certaines réflexions plus loin afin d'apporter de nouvelles grandes idées. Parmi ces grandes idées nous retrouvons essentiellement le géocentrisme (qui engendrera les thèses de Galilée), le discrédit de la scolastique (suite au procès de ce dernier), la notion de mouvement (hérité de l'étique d'Aristote) et les rapports entre la raison et la foi. Car au final, de ces temps obscurantistes, nous ne retiendrons pas seulement les révolutionnaires et rationalistes convaincus, mais également les religieux ayant eu l'intuition d'une pensée un tant soit peu critique vis à vis de la religion (sans remettre pour autant leur foi en question).

 


 

Cantorbéry / Damian Wayne : Il faut développer sa propre démarche face à l'existence.

 

Anselme de Cantorbéry (1033)

Ce penseur était avant tout un moine bénédictin (dont le but de l'existence est la recherche de Dieu) qui reste aujourd'hui l'un des écrivains majeurs de cette époque. Il développera au cours de son existence ce que Kant nommera plus tard « l'argument ontologique », c'est à dire une argumentation en trois temps sur l'existence de Dieu (Dieu est parfait, la perfection se doit de comprendre l'existence, Dieu fait donc preuve d'existence) que le moine rationalisera quelque peu et ce de manière particulièrement intéressante (Même si l’insensé nie l'existence de Dieu, c'est qu'il possède une représentation de celui-ci, Dieu existe donc quelque part, entre autre en dehors de l'intelligence de l’insensé). En grand dialecticien qu'il fut, il développa une pensée critique alliant foi et raison qui débouchera plus tard sur le thomisme (un système de pensée développant des interprétations personnelles de la divinité, sans se soumettre à la vision ecclésiastique). Enfin, il développera la notion d'expiation religieuse en donnant le sens que l'on connaît à la mort de Jésus (Le Christ mort pour nos péchés), associant une doctrine vertueuse à la religion chrétienne.

 

A retenir : Anticlérical, thomiste, vertueux, dialecticien, bénédictin.

 

Damian Wayne (Robin)

Comme Anselme était un croyant remettant en question la croyance prônée par l'église, Damian est un justicier remettant bien souvent en question la vision de la justice qu'a son père. Mais comme le philosophe continuait à travailler à l'existence de Dieu par dévotion, Damian persévère dans son apprentissage par amour et attachement pour son père, sorte de dévotion à celui qu'il admire par dessus tout. Ainsi, là où Anselme développera son « argument ontologique », Damian développera son propre sens de la justice (sorte de thomisme du super-héros), issu de diverses influences, celles de son père tout d'abord, mais également celles d'Alfred et de Dick Grayson. Encore et toujours comme le penseur médiéval, le jeune Robin parvient à allier deux systèmes de pensée opposés : celui de sa mère, Thalia, prônant la dévotion et l'autorité (sorte de doctrine religieuse moderne) avec celui de son père, Batman, défendant la logique et l'apprentissage de ses erreurs (rationalisme moderne). Enfin, et de part le sort qu'il subira, Damian rejoint parfaitement l'apport « expiatoire » du philosophe à la religion chrétienne, décidant de « se sacrifier » pour aider son père, comme jésus sera sacrifié pour nous sauver (Bien que les considération de Damian soient éloignées de la religion) et finira sa vie en justicier vertueux et bienveillant.

 

A retenir : Contre l'autorité, thomiste, vertueux.

1 œuvre significative : Batman et Robin : Tueur né (Peter J. Tomasi)

 

 

 


 

Abélard / Vision : Il faut trouver tous les moyens de développer son identité.

Pierre Abélard (1079)

Posons le tableau tout de suite, ce philosophe est surtout estimé pour avoir été exécuté pour hérésie, preuve s'il en est de sa pensée critique (pourtant non hostile) à l'égard de la religion. En tant que grand spécialiste du langage, il apparente la dialectique à la logique, et prône le doute méthodique (Douter fait chercher, chercher fait trouver). Il sera l'un des plus fervents défenseurs du Nominalisme (associée au néoplatonisme et à l'essentialisme), cette doctrine logique empreinte de conceptualisme qui déclare que les idées et les concepts ont leur existence propre, et ne sont pas seulement des instrument dont l'esprit humain fait usage, les mots ayant alors une valeur significative pour la pensée. Il développera également une utilisation de la dialectique basée sur le sens multiples des mots, poussant ses étudiants à la réflexion et préfigurant la scolastique. L'un de ces concepts fait encore débat aujourd'hui, à savoir le « Statut » que certains considèrent comme une manière d'être, et que d'autres estiment être une activité de l'esprit extrayant les propriétés identiques à différents membres d'une espèce. Il développera enfin une pensée très moderne pour l'époque sur la culpabilité des actes, reliant la cause à l'intention et non à l'acte en lui-même (qui pourrait être une prémisse à certains principes judiciaires contemporains comme la légitime défense ou les circonstances atténuantes).

 

A retenir : Scolastique, dialecticien, nominaliste, conceptualiste, critique, juste.

 

Vision

C'est le sens de la justice qui m'intéresse ici, non pas que Vision soit un juge impartiale, mais plutôt le sens de la justice qu'il aura su développé à travers sa propre existence. Ainsi, il fût d'abord programmé par Ultron en tant qu'arme vivante mais parviendra à se libérer de son emprise afin de rejoindre le côté du bien. Nous retrouvons ici des notions propres à Abélard dans ce sens que Vision ne doit pas être défini par ses actes mais bien par ses intentions, ses actes étant destructifs dans un premier temps, mais ses intentions vertueuses prenant le dessus par la suite). On peut également y voir une représentation du nominalisme quand on constate que Vision développera une appréhension et une compréhension du Bien sans qu'Ultron ne le lui aie inculqué, dés lors, la notion de Bien et de justice peut être vue comme un concept existent en dehors des consciences, possédant sa propre existence, existence que Vision appréhendera de ma manière purement nominaliste. Enfin, troisième association avec le philosophe, Vision peut lui aussi poser la question du statut. Là où Abélard provoquait le débat entre une version identitaire et une version davantage intellectuelle, posant la question de ce que nous sommes réellement, Vision interroge son propre « statut » en tant que corps de la première torche humaine, possédant la mémoire de Wonder Man, mais ayant développé une personnalité et une véritable valeur morale. Tient-il son statut de son corps ? De sa mémoire ? De sa personnalité ? De ses valeurs ? Tant d'interrogation que l'on peut retrouver dans plusieurs des histoires qui lui sont consacrées.

 

A retenir : Nominaliste, conceptualiste, juste, essentialiste.

1 œuvre significative : Avengers Origins : Vision (Kyle Higgins & Alec Siegel)

 

 

 


 

Albert le Grand / Mister Fantastic : Il faut démultiplier les sources de connaissances de l'existence.

 

Albert le Grand (1200)

Il fut l'un des premiers à consulter et enseigner les écrits d’Aristote au moyen-age, écrits qu'il tenta de concilier avec la doctrine chrétienne, étant parfois très critique envers le philosophie. Il était également un amoureux de la science, prônant la connaissance par l'expérience, faisant de lui l'un des empiristes majeurs de cette époque, et n'hésitait pas à consulter des experts afin d'en apprendre toujours davantage (en témoignes ses ouvrages sur les animaux). En outre, il possédait une connaissance impressionnante de l'alchimie et se revendiquait parfois comme magicien, néanmoins, il rejettera tout un pan de ces sciences occultes (notamment les écrits d’Hermès, mystique antique) qu'il jugera comme nécromanciens. En conclusion, il est reconnu aujourd'hui comme l'un des plus grands diffuseurs d'Aristote au monde médiéval ainsi que l'un des grands empiristes, scientifiques et autodidactes du monde religieux de cette époque, tentant constamment de diversifier ses sources sans user des textes bibliques comme d'un référence absolue.

 

A retenir : Encyclopédiste, empiriste, scientifique, érudit, autodidacte, éclectique.

 

Mister Fantastic

Ce ne sont pas tant ses pouvoirs qui le place comme disciple d'Albert le Grand dans l'univers Marvel que ses capacités intellectuelles. En effet, Reed Richards est un touche à tout (à l’instar d'un Albert, philosophe démultipliant ses sources) et n'aura de cesse d'explorer des horizons de natures éclectiques (Il sera exilé dans l'univers d'Hyperstorm, ira sauver son fils dans les enfers, construira un pénitencier en zone négative...). Encore à l'instar du philosophe, il parviendra à faire évoluer sa pensée sans rester figé dans des analyses constantes (comme Albert réussit à s'écarter des écrits d'Aristote), en témoigne son changement de position sur le recensement des Super-héros lors de Civil War. Reste enfin ses connaissances diverses et variées, faisant de lui l'un des hommes les plus intelligents de l'univers (Comme Albert était l'un des plus érudits de son époque) provoquant chez lui un sentiment de supériorité quant à l’espèce humaine et à la morale. Ce dépassement de la morale le poussera à commettre l'irréparable (et c'est une opposition significative que l'on peut faire avec Albert le grand), à savoir la « résurrection » artificielle d'un Thor mort via le clonage (que le philosophe condamnait comme de la nécromancie).

 

A retenir : Encyclopédiste, empiriste, scientifique, érudit, éclectique.

1 œuvre à retenir : Marvel les grandes sagas : Fantastic Four (Mark Waid)

 

 

 


 

Thomas d'Aquin / Cyclope : Il faut trouver l'harmonie entre sa pensée propre et le reste du monde.

 

Saint Thomas d'Aquin (1224)

Thomas d'Aquin était un moine dominicain (qui a pour mission la propagation de la foi et la contemplation) et reste aujourd'hui l'un des principaux représentants de la scolastique. Il est l'initiateur du thomisme (bien que cette école de pensée conservera sa méthode sans forcément conserver ses idées) et du néo-thomisme (thomisme qui tente de répondre aux oppositions existantes entre le christianisme et le monde moderne). Il est l'un des premiers à partir en quête d'une intelligence de la foi, usant de la raison naturelle afin d'arriver à ses conclusions, bien qu'en accord avec le Dieu chrétien. Il prônait un rapprochement harmonieux de la foi et la raison, ne les considérant aucunement comme opposés, et considérera l'ordre rationnel comme volonté divine et supérieur à toute chose, distinguant ainsi théologie naturelle (ce que Dieu n'a pas révélé) et théologie révélée (ce que Dieu a révélé). De manière relativement moderne pour l'époque, il considérait la connaissance comme un processus cognitif d'abstraction issu de l'expérience sensible, dictant que « rien n'est dans l'intelligence qui n'ait été d'abord dans les sens », faisant de lui l'un des premiers adeptes du réalisme, opposé à l'essentialisme. Il avancera la théorie (non platonicienne) que les sens ne nous trompent pas mais sont un outils fabuleux afin d'appréhender le monde et les manifestations de Dieu. On peut dés lors considéré que ce philosophe fera naître nombres d'idées réalistes et agnostiques tout en se rapportant constamment à Dieu, un comble en quelque sorte.

 

A retenir : Thomiste, réaliste, empiriste, non platonicien, théiste, dominicain, conciliant.

 

Cyclope

Alors que Thomas d'Aquin parvint à concilier foi et raison de façon harmonieuse, Cyclope est parvenu depuis peu à concilier les visions des deux mentors mutants afin de se forger sa propre opinion sur la cause mutante. Nous pouvons distinguer la foi comme étant l'école de Magneto, qui prône une soumission à la nature et le respect du principe évolutionniste des espèces, et la raison comme étant la doctrine de Xavier qui inspire à la réflexion et à l'étude du problème afin d'en distinguer les tenants et les aboutissants. Scott décidant alors de devenir un « révolutionnaire pacifiste » en se créant une harmonie morale déterminante où les deux méthodes ne sont pas opposées (symboliquement représenté par le nom de son école, « Charles Xavier », mais accueillant Magnéto comme enseignant). Nous pouvons dés lors observer un Cyclope défendant sa propre éthique (bien que décriée par certains) faisant de lui l'un des principaux thomistes de l'univers Marvel. Enfin, et de manière symbolique, nous pouvons voir en Cyclope un réaliste ultime dans ce sens où son pouvoir mutant est directement lié à l'un des cinq sens de l'homme (la vision chez lui), faisant de lui non seulement un être usant de ses sens pour appréhender le monde, mais plus poussé encore, un être usant de son sens pour « interagir » avec le monde, voire le modifier (à l'aide de son rayon).

 

A retenir : Thomiste, réaliste, empiriste, conciliant.

1 œuvre significative : Uncanny X-men (Brian Michael Bendis)

 

 

 


 

Duns Scot / La Présence : Il faut ressentir le monde afin d'y vivre car nous ne faisons qu'un.

 

Jean Duns Scot (1266)

Il est considéré comme le vrai fondateur de l'école scolastique et fut la fierté de l'ordre franciscain (qui prône une vie de pauvreté et de simplicité évangélique, comme son fondateur, François d'Assise). Il sera toute sa vie en opposition avec les thomistes, élaborant une philosophie « scotiste », pensée complexe prônant que l'homme et Dieu sont les mêmes « étant », Dieu étant infini et l'homme limité (il s'oppose donc à Thomas d'Aquin qui prône une différence d'être fondamentale). Son éthique se base sur la volonté personnelle, l'individuation (capacité de se distingué de ses semblables) et la charité. Il considérait que Religion et philosophie étaient des disciplines bien distinctes, usant néanmoins de la seconde afin d'expliquer la première. Par cette méthode, il déclarera tirer les conséquences rationnelles du dogme de création divine sans tenter d'expliquer l'acte en lui-même, le considérant comme arbitraire. Cette limitation humble de la connaissance fait de lui un représentant du scepticisme philosophique (L'homme ne peut atteindre une connaissance absolue). Il distingue les cinq sens externes du sens interne (alors apparenté au sens commun, à l'intuition, ainsi qu'à la mémoire car le temps n'est pas perceptible par l'un des cinq sens externes) et considérera ce dernier comme le cœur des autres sens. Ainsi, c'est la sensation qui permet l'intellect (interprétation scolastique d'Aristote).

 

A retenir : Scepticiste, Empiriste, franciscain, scolastique, scotiste, antithomiste, éthique, théiste.

 

La Présence (Dieu)

La présence est une entité immatérielle de l'univers DC, sans doute la personnification de Dieu. On peut l'apparenter tout d'abord à Scot dans ce choix délibéré qu'à DC de bien la distinguer des autres entités divines de son univers (comme le philosophe distingue bien la philosophie de la religion) en la rendant supérieure à tout autre entité (comme le philosophe choisira la religion comme supérieure à la philosophie). Pourtant, et ce malgré le choix de séparé les entité, DC rejoint Scot lorsqu'il émet l'idée que Dieu et l'homme ne forme qu'un Étant, seul la limite les séparent. Ainsi, nous pourrons assister à une manifestation davantage « matérielle » de la présence sous la forme d'une main contenant une nébuleuse qui se confrontera à l'Anti-Monitor, les plaçant tout deux sur un même plan physique. Notons également que cette image religieuse chez DC comics est empreintes de scepticisme car La Présence ne sera jamais connue explicitement, étant tantôt La Voix (chez Le Spectre), tantôt La Main (chez Green Lantern notamment), ou encore La Source (dans le Quatrième Monde de Kirby) ou même La Lumière et Le Logos (dans le Sandman de Gaiman). Il est enfin intéressant que DC aie fait appel tout d'abord à des sens externes afin de caractériser cette entité, c'est à dire la voix (l'ouïe), la main (le touché), la lumière (la vue) et finira par englober tout cela à travers un sens interne, une perception à part, La Présence (s'agirait-il de « l'intuition » que décrit le philosophe?). En conclusion, il est évidant que ce n'est pas tant ce personnage qui s'apparente à Duns Scot, mais bien ce qu'il représente, et ce qu'il permit aux scénaristes d'exprimer philosophiquement, à savoir une entité immatérielle renvoyant au scepticisme philosophique, une distinction marquante entre ce qui peut être représenté (les divinités inférieures à La Présence dans l'univers DC comme les nouveaux Dieux où les mythologies antiques) et ce qui ne peut l'être, et enfin, la supériorité de la religion (La Présence étant le Dieu Abrahamique) sur la philosophie (c'est à dire les autres formes de spiritualité et de compréhension du monde).

 

A retenir : Scepticiste, scolastique, scotiste, théiste.

1 œuvre significative : The Sandman (Neil Gaiman)

 

 

 


 

De Cues / One-Above-All : Il faut dépasser notre propre conscience.

Nicolas de Cues (1401)

Premier vrai opposant à la scolastique, son approche spéculative (se basant sur la théorie et non sur la pratique) de la cosmologie entre en conflit avec l'univers fermé de cette école. Son approche œcuménique (réunir les croyants d'écoles différentes afin d'unifier l'église) et conciliante de la religion en font aujourd'hui l'un des principaux annonciateurs de la Renaissance. Il élabore une méthode intellectuelle inspirée de Raymond Lulle (penseur et religieux antirationaliste du XIIIe siècle) sur l'infini et la non définition de Dieu. Qu'Il soit Matière ou Forme importe peu car c'est une dimension que nous devons dépasser et penser autrement, acceptant un au delà à notre propre conception de l'existence (Penser l'univers comme encore plus grand que le maximum imaginable par l'homme), amorçant sans doute la capacité d'abstraction de l'intellect humain, abstraction qui permettra, entre autre, de développer la physique théorique et mathématique bien des siècles plus tard. Il portera également nombre de réflexions innovantes sur l'astronomie et la cosmologie, expliquant l'univers comme n’étant pas forcément « infini » mais « sans limite finie » tel une sphère (théorie encore plébiscitée aujourd'hui).

 

A retenir : Théoricien, antirationaliste, spéculatif (et non spéculateur), théiste, abstractionniste.

 

One-Above-All (Dieu)

Ce que je trouve particulièrement fascinant chez Marvel, c'est qu'ils ne tentent pas d'uniformiser les panthéons, mais bien de les multiplier, et de la hiérarchiser, faisant dés lors appel à notre capacité d'abstraction des concepts. On peut retrouver cette capacité abstrationniste et spéculative (car nombres d'entités Marveliennes restent, sinon théoriques, immatérielles) chez Nicolas de Cues et Marvel quand ils démultiplient les concepts mystico-religieux sans jamais s'engouffrer dans l'aspect pratique des évènements. Ainsi, l'univers Marvel évoque une entité supérieure qu'il appelle « One-Above-All », mais que Uatu nomme l'Amour, que Dracula rencontre en tant que Non Nommé (le "sans limite" du philosophe), il est également appru sous les traits de jack Kirby (!) dans les Fantastic Four, ou encore sous la forme d'un clochard pour parler avec Peter parker, représentant dés lors l'aspect davantage théorique que matériel de cette entité. Mais loin de proposer un seul concept abstrait en la personne du tout puissant, Marvel triture l'abstractionnisme humain en proposant un panthéon de « concepts » et d'êtres omnipotents comme Infinity, Eternity, Le Tribunal Vivant, Kronos, Lord Chaos & Lord Order et, moins marqués, l'Intermédiaire et Galactus. Toutes ces entités n'ont aucune existence propre et ne sont finalement que des manifestations cosmiques d'intérêts anthropologiques, renvoyant directement à la philosophie de Nicolas de Cue, qui prône un dépassement de l'intellect humain à travers la non définition de Dieu et la théorisation du monde (Spéculation philosophique). Encore une fois, ce ne sont pas tant les « personnages » en eux-même qui s'apparentent au philosophe mais bien leur concept même, qui permit aux scénaristes (Stan Lee et Jim Starlin en tête) de poser nombres de réflexions philosophiques passionnantes dans les comics.

 

A retenir : Théoricien, spéculatif, théiste, abstractionniste.

1 œuvre significative : La guerre de l'infini (Jim Starlin)

 

 

 


LE BONUS


 

Etienne Gilson (1884)

Gilson n'est pas un philosophe médiéval mais ces écrits sur le sujets font encore autorité aujourd’hui. Il posera la question de la « philosophie chrétienne », se demandant si le terme n'est pas contradictoire en lui-même. Néanmoins, il considère que le christianisme a aider la philosophie à évoluer et à faire entrer des sujets comme l'immortalité de l'âme ou le libre arbitre dans la réflexion moderne. Dans une époque où l’existentialisme (l'homme est maître de ses actes) s'oppose fermement à l'essentialisme (via Heidegger notamment), Gilson replace le débat du point de vue médiéval, opposant le thomisme à la scolastique et en prônant que ce premier représente un déclin de la philosophie à cette époque, annonce d'un renoncement de l'homme à son droit de juger et régler la nature, n'étant plus qu'une partie de celle-ci. Il considère cela comme néfaste et pouvant avoir des conséquences négatives en matière de société, proposant dés lors un regain d'intérêt aux écrits de Thomas d'Aquin.

 

A retenir : Thomiste, existentialiste, responsable, historien.

 

 


 

Anselme de Cantorbery / Damian Wayne

La foi nous rend-t-elle meilleurs ?

Faut-il prouver une chose pour qu'elle existe ?

Peut-on interpréter la parole de Dieu ?

Peut-on effacer la réalité ? La réalité n'est-elle qu'affaire de mémoire ?

 

Abélard / Vision

Suis-je définis par mon corps ou ma mémoire ?

Suis-je moi ? Possédai-je une essence immanente ?

Qu'est-ce qu'une idée ? D'où vient-elle ?

Peut-on juger la nature ? La justice est-elle matière d'opinion ou de vérité ?

 

Albert le Grand / Mister Fantastic

Tout vaut-il la peine d'être connu ? Peut-on tout connaître ?

La mort est-elle irréversible ? L'oubli signifie-t-il la mort ?

La nature possède-t-elle une conscience ?

Qu'est-ce qui différencie la réalité de l'illusion ?

 

Thomas d'Aquin / Cyclope

Possédai-je une opinion qui m'est propre ?

Peut-on juger la vérité ?

La pensée découle-t-elle des sensations ou l'inverse ?

L'harmonie est-elle naturelle ? Existe-t-il une harmonie en toute chose ?

 

Duns Scot / La Présence

Suis-je aussi réel que Dieu ? Dieu est-il aussi réel que moi ?

Existe-t-il un sens commun ?

Qu'est-ce qu'une intuition ? Dieu relève-t-il de l'intuition de l'homme ?

Puis-je connaître le monde sans y vivre ? Puis-je ne pas y vivre ?

 

Nicolas de Cues / One-Above-All

L'abstraction existe-elle ? Qu'est-ce qui la définit ?

Existe-t-il de l'inimaginable ? Comment imaginer au delà de l'imaginable ?

Comment l'univers peut-il être fini sans posséder de limite ?

Ce qui n'est pas perceptible existe-t-il ?

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