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par Wintrfell49 - le 22/10/2016
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par Wintrfell49 - le 22/10/2016

Jonathan Hickman ou la narration globale.

Article d’un nouveau genre aujourd’hui parce que je vais parler d’un auteur au travers de son travail narratif.

Jonathan Hickman est un auteur américain, il a débuté sa carrière chez Image Comics avec Nightly News où il assurait la partie graphique. Et en fait de partie graphique, Hickman a fait fi de toutes les conventions puisque n’ayant aucune formation dans ce domaine. Le résultat est particulier car l’ensemble des pages est déstructuré, n’illustrant que l’essentiel et allant à l’essentiel au travers de gros aplats.

Il va vite débarquer chez Marvel où il va assurer la série « Les 4 Fantastiques », on va s’arrêter sur celle-ci quelques instants car c’est une série très importante pour l’œuvre de Jonathan Hickman chez la Maison des idées (l’autre nom de Marvel). En fait, cette première série sert d’ébauches à toutes les idées qui trouveront leur aboutissement dans son run « Avengers/ New Avengers ». Jonathan Hickman commence déjà à mentionner l’idée selon laquelle les univers meurent peu à peu à cause de tous les allers-retours dans le temps des super-héros. Surtout, la relation entre Reed Richards et Victor Von Doom va être au cœur de la série, replaçant la rivalité entre les deux au centre de leur relation et faisant de Valéria (fille de Reed) le réceptacle.

Toute cette rivalité ressurgira et explosera au moment de Secret Wars mais ce n’est pas cette conclusion qui m’intéresse. Non, je préfère m’arrêter sur le travail entrepris avec les Avengers/ New Avengers, deux séries servant à raconter les deux facettes d’une seule et même pièce : la fin de l’univers Marvel. L’une est accessible, l’autre beaucoup moins. Ce qui est sûr, c’est que les deux jouent avec des concepts scientifiques et métaphysiques donnant cette atmosphère de série d’intellectuel qui sied si bien au travail de l’auteur. Les deux séries sont dominées par des esprits intellectuellement supérieur, que ce soit de brillants soldats avec un sens tactique ultra développé (dans Avengers) ou des scientifiques et grands esprits (New Avengers).

Après tout, Jonathan Hickman nous parle de fins du monde et d’univers parallèles qui s’entrechoquent les uns avec les autres, rapprochant notre univers toujours plus près de sa fin. La mort fait partie omniprésente du run combiné de l’auteur. Mais l’important, ce n’est pas éviter cette fin fatidique et inéluctable, c’est savoir comment s’y préparer. La première grande étape se posera avec Infinity, cet event de 2014 qui sert de conclusion à la première partie du run de Hickman. Alors, il est possible de lire cette mini-série indépendamment des Avengers et New Avengers mais c’est se couper de l’ensemble d’une œuvre aussi riche que dense qu’il me semble nécessaire d’appréhender dans sa globalité pour en saisir toutes les possibilités et les richesses. Nombre de critiques émanant de lecteurs d’Infinity était justement cette complexité puisque le récit est découpé entre les trois séries et il en va de même en France. Il convient de remercier Panini Comics pour l’effort fait de publier les trois séries en même temps ainsi que de proposer une liste de lecture afin de savoir comment lire l’event et je ne peux que vous conseiller de la suivre au risque de ne pas tout comprendre.

Bref, Infinity est une preuve du génie de l’auteur tout autant que de sa folie. Comment rendre clair un récit découpé au sein de trois séries différentes ? Je pense que l’intelligence de Hickman est de découper ses séries avec des personnages clairement identifiés dans chacune tout en maintenant la menace des Bâtisseurs. Je m’explique, Captain America et Captain Marvel sont au centre d’Avengers tandis que Reed Richards, Black Panther, Namor, etc. sont les héros de New Avengers. Pour ce qui est de Infinity, le récit se pose à la jonction des deux mais on suit surtout Thanos et les actions concertées des différentes races pour arrêter la menace. Malgré cette dispersion qui pourrait perdre totalement à la fois l’auteur mais aussi le lecteur, Jonathan Hickman parvient à maintenir le cap en gardant en tête l’intrigue principale : le retour de Thanos allié à un peuple nommés les Bâtisseurs dont l’auteur nous parle depuis le début de son run. L’ensemble forme un récit unique, exemple parfait de cohérence narrative.

New Avengers nous parle de la fin des univers et comment des intellectuels font pour retarder l’inéluctable tout en s’y préparant. Surtout, la question est posée de savoir jusqu’où il est possible d’aller afin de sauver ce qui nous tient à cœur et si l’on peut conserver son humanité en commettant des actes horribles.

Avengers nous parle de la manière dont l’équipe va peu à peu devenir un symbole d’espoir en menant des luttes intergalactiques contre les Bâtisseurs, créatures semblant vouloir détruire leur création : l’humanité.

Les deux séries ont deux tonalités totalement différentes et partant des histoires construites différemment. Je le disais New Avengers est moins accessible parce qu’elle joue avec des concepts métaphysiques difficilement compréhensibles et qu’elle se borne à des débats moraux sur la possibilité de détruire un univers pour en sauver un autre. Ce sera le cœur de la série. Et pourtant, malgré cela, l’ensemble du run sera d’une cohérence rarement vu dans les comics. Notamment parce que les deux séries vont à partir d’un moment se rejoindre totalement pour ne raconter qu’une seule et même histoire. Là encore, le boulot de Panini Comics est excellent car publier en une seule série : Avengers : Time Runs Out.

 

Au-delà de la série, ce qui est remarquable dans l’œuvre de Jonathan Hickman, c’est que les personnages ne sont que les réceptacles de concepts. Plus que la personnalité des individus, ce sont la stature qu’ils incarnent qui est intéressante. Captain America est le symbole d’une droiture morale extrême tandis qu’Iron Man est la quintessence du pragmatisme. De manière globale, on pourrait dire que les deux séries sont découpées selon cette dichotomie, les personnages mis en avant dans Avengers représentant la droiture morale et le symbole d’espoir dans un monde en proie aux doutes et aux menaces permanentes ; tandis que New Avengers montre des variations de personnages pragmatiques, chacun ayant une raison précise pour l’être. Dès lors, les personnages sont enfermés dans un rôle prédéfini par leur stature mais c’est aussi ce qui fait la force du run de l’auteur car la confrontation entre les différents points de vue donne une saveur particulière au récit. Et puis, Hickman est l’un des rares auteurs à avoir pu proposer un récit aussi épique, que ce soit dans ses proportions ou dans sa construction que l’est Infinity.

Je ne peux que vous engager à lire Avengers/ New Avengers de Jonathan Hickman maintenant que son œuvre va bientôt s’achever en librairie et qu’elle l’est déjà en kiosque. C’est une lecture dense et complexe mais l’ensemble est tellement bien construit et intelligent que c’est un vrai plaisir à lire.

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