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par Cryma - le 27/12/2013
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par Cryma - le 27/12/2013

La BD et les Arts Plastiques 2

Je poursuis mon article où je mets en lien BD et Arts plastiques.

Dans cet article, j'aborde la bande dessinée européenne.

 

Vous pouvez retrouver la première partie, parlant du comics, ici : http://www.9emeart.fr/communaute/blog-post/news/comics/la-bd-et-les-arts-plastiques-1-934

 


 

Jennifer Pastor – Last Man (Vives et/ou Sanlaville)

Le concept majeur ici, c'est bien la fluidité du trait et la représentation du mouvement. Que ce soit dans Last Man ou dans le travail de Pastor, tout est au service d'un mouvement ample, de gestes lents et gracieux, comme une espèce de chorégraphie en apesanteur. Afin de laisser cette fluidité s'exprimer, l'artiste (ainsi que les dessinateurs) use d'un trait fin et plein, d'une ligne claire en somme. Même l'anatomie est au service du mouvement qui lui est destiné, les muscles, les cheveux, les tissus sont inscrits dans cet espèce de courant perpétuel où flottent les personnages. Une perfection dans la représentation de la grâce et la légèreté !

 

 

 

 


 

John Currin – Adèle Blanc-Sec (Tardi)

Currin, c'est le maniérisme poussé dans ses retranchements ! Petit rappel : Le maniérisme est un mouvement artistique qui se voulait une rupture avec la perfection atteinte par la renaissance. On décide alors de représenter les corps, non plus de manière réaliste, mais on préconise les torsions, les exagérations, les morphologies atypiques. Le maniérisme de Tardi se retrouve davantage dans ses visages, des faces tantôt charnues, tantôt émaciées, souvent typées mais jamais caricaturales. On y retrouve aussi ce désir d’inscrire les corps dans des poses stylisées, peu réalistes, formant parfois un S comme chez Currin. Tout cela intervient dans la fascination du corps que projettent ces artistes, dans leur capacité à nous subjuguer par un idéal imparfait et étonnant.

 

  

  

 


 

Takashi Murakami – Mutafukaz (Run)

Ici, on ne vise pas la subtilité, on est pas dans la demi-mesure, bref, on n'y va pas avec le dos de la cuillère ! Les deux artistes sont de dignes représentants du graphisme contemporain dans tout ce qu'il a hérité de la pop-culture (par exemple : les trames, les graphismes japonais, la culture urbaine, la recherche typographique...). On se retrouve confronté à de belles fresques hyper-fournies, où le beau côtoie le laid, où l'exagération est une ligne de conduite, où chaque élément est avant tout caractérisé par son graphisme. On peut ainsi superposer différents styles, faire exister différentes cultures, voire même mélanger différentes époques. On se retrouve alors avec des images d'une force incroyable et d'une beauté expressionniste rarement atteinte !

 

 

   

 


 

Jean-Michel Basquiat – Blast (Larcenet)

Évoquer plutôt que représenter, représenter plutôt que dessiner, et dessiner plutôt que reproduire. C'est tout le talent expressionniste qu'ont su développer ces deux artistes névrosés. Alliant images vives et colorées à des images sombres et torturées, la force brute de ces œuvres vient avant tout du fait que ces artistes parviennent à s'exprimer de manière purement visuelle. Ensuite vient la beauté de la technique, la diversification des coloris, des supports, des styles, un travail tout en nuance, permettant de jouer sur les aspects, sur la confrontation à une esthétique imparfaite, qui permet d'aborder une certaine laideur, une imprécision, voire même un certain échec (tout relatif cependant). On caractérise souvent Basquiat comme Naïf et spontané, ce que Larcenet est aussi, à coup sûr !

 

  

  

 


 

Patrick Caulfield – Monsieur Espoir (Tommi musturi)

Caufield, c'est le Pop-art dans ce qu'il a de transcendant : Peindre du superficiel pour aborder de la subtilité. D'un point de vue purement graphique, les artistes se rejoignent en beaucoup de points : utilisation de couleurs vives (voire primaires), traits épais et pleins, fluidité des formes, simplification des motifs, travail des couleurs en aplat, grande surfaces sans nuances, et encore bien d'autres. Mais les artistes se rejoignent également dans leur envie de représenter les choses de manière simple pour mieux nous parler de leur complexité, en témoigne le message philosophique et méta-physique de Monsieur Espoir ! D'un point de vue graphique encore, les deux artistes ont su atteindre un degré de simplicité frôlant la perfection, où chaque modification, même minime, détruirait l'équilibre de l'image.

 

 

 

 


 

Inka Essenhigh – Titeuf (Zep)

Bien que différents sur certains détails (le travail du trait et de la couleur), les style des deux artistes peuvent être facilement apparentés, notamment si l'on observe la représentation des formes, de l'anatomie, de la mise en page, du mouvement et des compositions. Essenhigh possède un style très particulier où rien de semble solide ni structuré, tout y est rondeur et mollesse, ce que l'on retrouve chez Zep dans sa capacité à arrondir ses formes, à fluidifié son trait, à rendre organique l'anatomie humaine (ce qui pourrait passer pour un pléonasme plastique). Chez les deux artistes, nous observons des formes et des compositions avant d'observer des personnes. Nous sommes fascinés par ces êtres protéiformes qui se mettent en mouvement devant nos yeux, comme une réalité déformée par un miroir ondulé. Ce sont ces formes fluides, rondes et équilibrées qui rendent ces images si fascinantes !

 

  

  

 


 

Francisco Goya – Corto Maltese (Hugo Pratt)

L'usage de traits forts et aléatoires, de noirs intenses et de finesses graphiques caractérisent ces deux génies du réalisme brut. Un réalisme pourtant très calculé tant il caractérise ses scènes, ne laissant rien au hasard, et donnant à chaque élément une intention toute particulière. Goya se caractérise par son style sans concession, représentant les hommes comme ils sont, sans fioritures. Pratt le rejoint en cela, ces fabuleuses histoires sont avant tout d’intéressantes galeries de portraits, croquant l'être humain dans son naturel désarmant et fascinant. Deux artistes au trait percutant, représentant la réalité dans sa simplicité et sa complexité à la fois.

 

  

 

 


 

Anselm Kifer – Valerian ( Jean-Claude Mézières)

Lire Mézières, c'est avant tout apprécier de fabuleux décors matièristes ! L'accumulation des traits, l'utilisation du noir et la prolifération des détails permettent de ressentir le décors dans ses différents composants. Impossible de confondre de la roche, du métal ou du végétal tant le dessinateur excelle dans leur évocation picturale. Kieffer possède exactement la même démarche et la porte plus loin en utilisant le relief, ce que la BD ne permet pas (...encore), pourtant, les deux artistes travaillent de manières très semblables lorsqu'il s'agit d'évoquer un décor, son passé, sa composition, ses éléments, ses matières, son atmosphère, ses coloris... Les deux dessinateurs possèdent un talent fou pour utiliser le détail à bon escient, et nous livrent grâce à ça des paysages expressionnistes qui n'ont pas fini de nous fasciner !

 

 

 

 


 

Ken Currie – Monsieur Mardi-Gras Descendres (Eric Liberge)

Impossible de ne pas faire le lien entre les deux œuvres ! Les atmosphères, les couleurs, les morphologies, les représentations, les compositions, tout se répond dans ces images magnifiquement lourdes, glauques et oniriques (ou cauchemardesques) ! Cette façon de plonger des corps fantomatiques dans un noir intense, ce talent pour instaurer une brume esthétique aux nuances incroyables, cette capacité d'installer le malaise dans les tripes du spectateur sont les marques de fabrique des deux artistes. Confrontant des éléments aux tons pâles et des arrières-plans très sombres, ce n'est finalement pas le malaise qui ressort de ces images, mais bien une certaine poésie, une beauté froides et des atmosphères époustouflantes !

 

 

   

 


 

A. Y. Jackson – Arzak et Arzach (Moebius)

Ce peintre est issu du « Groupe des Sept », un collectif canadien d'artistes fascinés par la nature. En résulte des visions magnifiques et puissantes de rivières, de lacs, de forêts, et de plaines. Cette nature magnifiée et cette beauté des paysages épurés, nous les retrouvons chez Moebius, tant ses décors sont d'une beauté sans nom. Représentés par des traits d'une sensibilité incroyable et d'une précision folle, les paysages d'Arzak(Ch) possèdent la même force évocatrice que ceux peints par Jackson. Ils nous renvoient un sentiment de plénitude et de sérénité que peu d'artistes ont su atteindre. Parlons également des couleurs, toutes en nuances, évoquant une palette naturelle avec des ocres et des bruns d'une douceur rare, instaurant certaines touches de tons pastels, aucune couleur vive, aucune nuance agressive dans ces cartes postales à la fois fantasmagoriques et réalistes.

 

 

 

 


Fernando Botero – Péchés mignons (Arthur De Pin)

Botero est le peintre du volume ! C'est d'ailleurs ce qu'il répond aux critiques qui qualifient ses personnages de « gros », ils sont en volumes ! Ils sont sensuels. Arthur De Pin possède lui aussi cette capacité à faire exister des personnages dans tout ce qu'ils ont de sensuels et pulpeux. Ils sont ronds mais fermes, ils ne sont pas « boursouflés » ni « flasques ». Les deux artistes ont d'ailleurs cette fascination pour le corps féminin dans ce qu'il a d'organique et équilibré. Comme une envie d'inscrire la morphologie féminine dans des formes simples et charnues. Une véritable recherche esthétique et plastique habite ces deux artistes, y compris dans le choix des couleurs, usant tout deux d'une palette très nuancée, très chaleureuse, parfois vives mais toujours naturelles.

 

  

    

 


Tamara De Lempicka – Franka (Hank Kuijpers)

Les deux artistes ont ceci en commun qu'ils représentent les choses avant tout par la forme (et non le trait comme beaucoup d'autres). Caractérisées par un besoin d'utiliser des formes géométriques presque fermées et parfaitement visibles, leurs œuvres se caractérisent par l’alternance de droites et de courbes, par la cohabitation de formes géométriques et organiques. En résulte un dessin très stylisé, très graphique, simplifié mais d'une sensibilité très marquée. Leurs univers graphiques respectifs sont marqués par une fascination pour la mécanique et le stylisme, le tout ancré dans une époque très marquée artistiquement par les avancées technologiques, l'émergence des paysages urbains et ce besoin de simplifier les formes organiques pour les confronter aux formes industrielles de leur temps. Deux génie de la stylisation « industrielle » alliant géométrie et sensualité.

 

   

    

 


 

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