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par Sullivan - le 21/10/2013
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par Sullivan - le 21/10/2013

03 Juillet - 20 Octobre 2013 : Partie 2


15h11. JiBé termine le montage de la vidéo tournée Jeudi soir sur les champs. Alfro mange son sandwich et nous raconte des anecdotes sur Moulinsart, pendant que Bigor vit une relation sulfureuse avec sa bouteille de Danao.
J'entends Baptiste et Julio faire des blagues sur le drop serveur de 9emeArt, je me marre et j'ouvre une Monster.

 

"Hallelujah, thank God I have a future."
 

La nuit du 8 au 9 Juillet a été détestable. Krypto est infernal, lui à qui j'ai manqué pendant une semaine où je l'ai laissé seul avec pour seule compagnie un pote qui passait pour changer sa caisse et lui donner un petit bol de délices de viandes, ses croquettes préférées. Enfin j'espère. Ne me faites pas croire que je ne suis pas coupable de quelque chose là !

Bref, plus jamais je ne croirais à l'adage qui veut la nuit porte conseil. Chez moi, dès que quelque chose ne va pas, elle n'apporte que questions qui finissent en réfléxions métaphysiques absurdes, et des angoisses que j'essaye de faire fuir en me tournant dans mon lit dans l'espoir que, par miracle, elles ne se trouvent pas de l'autre côté.

Le réveil est encore pire. À la bourre comme tous les jours, avec l'espoir que Jeff ne soit pas arrivé à la boutique avant moi pour ne pas me faire sermonner sur mon quart d'heure (nantais) de retard. La journée sera courte, je mange avec ma mère à 13h, Jeff n'arrive finalement qu'à 13h45 et le Café Cult ne sert plus de plat du jour parce que mon boss arrive trop tard, comme moi 2 heures plus tôt. À qui la faute ?

Dire que ma mère est la personne la plus importante de ma vie est aussi mielleux qu'absolument vrai. Elle n'est pas de celles qui sont votre meilleure amie, plutôt de celle qui portent leur rôle de Maman depuis le premier jour, toujours avec amour. Obsédée par ma réussite scolaire, elle n'a pas hésité à mettre de côté la question de mon BTS (abandonné un an plus tôt sans qu'elle n'en sache rien, à la simple peur de me couvrir de honte devant ceux qui m'ont toujours aidé, l'épée de damoclès du fils unique au dessus de la tête), et de mes 3 ans de FAC ratés, voyant mon visage en détresse.

Depuis plus de 13h la décision est prise : c'est fini avec les investisseurs, je veux trouver un autre moyen de faire vivre ARTS à tout prix. Et plutôt que de paniquer, elle m'a accompagné dans ma décision de reprendre le projet depuis son fondement, et de gravir les marches une par une pour faire durer ce rêve branlant un petit jour de plus. La voilà, la dose d'énergie dont j'avais besoin !



Dès l'après-midi, rush aux bureaux. Clément n'est pas là, il donne des cours à l'école de design. Merde, Florent sera ma seule victime. Je lui expose ma décision de quitter les investisseurs et de ne faire le projet qu'avec Sparkk avec tout le naturel du monde, allant jusqu'à dessiner un business plan complètement foireux sur le tableau, annonçant une somme au hasard, qui allait pourtant devenir beaucoup plus concrète quelques jours à peine plus tard.
Flo est dans le coup.

"Je suis sauvé ! On est pas encore à la bourre, on peut y arriver !"

Après une discussion comptable à la hauteur de nos talents respectifs dans cette discipline (Sparkk rentrant plus de billets que nous quand même, avec leur attitude de rappeur Américain), celui que j'ai rencontré en lui proposant d'être le développeur de COMICSBLOG.fr avec seulement ça en référence me pose une question :

"Tu bosses à quelle heure demain ? On prend un rendez-vous avec Branellec [Boss du cabinet comptable de Sparkk et sauveur de vies à plein temps] ?

- 11h, je peux être dispo' à 9H, je crois. 9h30, peut-être ?

- Ok, 9h30, je le mail tout de suite, je t'envoie un texto quand il répond."

Deal. Je repars avec mon baluchon Superdry, que je fantasme aussi génial que celui de Ryu à la fin du premier film animé Street Fighter 2, avec tout le poids du monde sur les épaules. Mon avenir repose sur un texto de Flo, le genre de trucs que vous recevez une fois tous les six mois, lorsqu'il se souvient qu'on peut aussi écrire aux gens plutôt que de les appeler pour proposer une pinte. Les souvenirs sont flous, mais il me semble que je rentre jouer à Remember Me, que je me force à finir alors que la fin de The Last Of Us me revient encore tous les jours. 18h, Baptiste arrive. Lui que j'ai vu 3 heures plus tôt chez Sparkk le nez dans son code, à fantasmer le temps d'une clope dans ce qui est aujourd'hui devenu notre bureau : "Imagine que vous soyez là avec ALEX et ALFRO ! On va jouer à Battlefield tout le temps ! On aura un bol de verte !".

18h30 : "light one". 18h45 : "light the second" et ainsi de suite.

La soirée tourne probablement autour du Pukkelpop et du voyage à Amsterdam, pour lequel on vient de se payer les billets de train, et qui devient de plus en plus réel. Battlefield et volutes de fumée sont au programme, Alfro, Thibaut et JS viennent nous rejoindre dans cette communion abrutissante de frags au C4 et autres buts incroyables quand Fifa revient, 5 minutes après le départ éclair de Baptiste. Le pack quotidien de Heineken y passe. 22h, un texto. Le rendez-vous est accepté, le rêve bat de nouveau son plein et les yeux d'Alfro s'illuminent alors qu'il a le nez penché sur les news à faire sur COMICSBLOG.fr, son bonnet vissé sur la tête.

Il y a deux ans déjà, Max Bo me disait "c'est pas possible, on a beaucoup de trop de chance dans tout, ça va s'arrêter un jour."

Cette phrase en forme de boomerang me revient alors en me disant que le comptable, qui nous avait conseillé il y a 7 mois de nous méfier de deux investisseurs - qui qu'ils soient, allait me renvoyer à mes cauchemards d'un automne apocalyptique.
Une fois n'est pas coutume, la nuit passe correctement et le 10 Juillet s'ouvre sur une promesse stupide : j'irai voir Monstres Academy, il faut quand même que je rentabilise ma carte Gaumont. 108 jours plus tard, j'attends toujours le Blu-Ray de Disney.

"Le Hollandais Volant."

Toujours est-il qu'il est 8h30, qu'on s'est encore couchés à 3h et que "5 heures et demi de sommeil, c'est vrai que c'est un peu juste". J'arrive Quai de la fosse après un combat contre la colle qui ne veut pas quitter mes yeux, en arpentant les rues les plus peuplées de Nantes comme un fantôme qui erre au milieu de ces travailleurs et de ces étudiants qui ce matin, se ressemblent tous. Je retrouve Flo, qui a passé une soirée au bon goût de Malt, tout aussi englué que moi. Une trentaine de marches plus tard, nous voilà dans la salle d'attente d'un comptable - un univers d'ordinaire inaccessible sinon inexistant -, à qui je dois présenter un dossier et des explications, le cerveau toujours à côté de mes sneakers.

Max avait raison, "on a beaucoup trop de chance".

Thierry Brannellec, dans sa salle d'attente où trône un demi-bateau encadré sur un bois aussi luxueux que tape-à-l'oeil (le signe extérieur de richesse des comptables, les banquiers se contentent de la version miniature sur leur bureau) m'annonce tout sourire que notre projet vaut de l'or et que "des petits jeunes comme nous, ça ne peut pas se laisser tomber".
Imaginez l'ascenceur émotionnel de voir une nouvelle marche gravie, au même moment que vous réalisez qu'avec votre tête façon cosplay de Jesse Pinkman fan de Metal, vous venez de convaincre un homme qui a dû en voir passer des entrepreneurs plus présentables. 

"J'ai un très bon ami banquier à la Banque Populaire. Si ça ne marche pas avec lui, on en essayera un autre au Crédit Mutuel".

Comme si quelqu'un allait me prêter de l'argent, avec mon millier d'euros d'agios offerts au Crédit Mutuel depuis que j'ai eu la folle idée de prendre mon indépendance un autre soir de Juillet. Peu importe, il est temps de feindre le dossier sérieux. 2 minutes et un appel en forme de scène du diner de cons plus tard, alors que Flo se tourne vers moi mort de rire toutes les 3 secondes, le rendez-vous est pris. Nous sommes Mercredi, la rencontre est pour le lendemain, du côté de St Sebastien - pas tout prêt, pour les moins ligériens - et Clément ne sait toujours rien de tout ça.

Flo et moi remontons aux bureaux à pieds, animés par l'attitude de Mark Wahlberg et The Rock, le quintal de muscles en moins, les cernes en plus. À ce moment-là, entre la douleur et le gain, je voyais surtout la première moitié de l'idée de Michael Bay.

Clément et Baptiste accueillent la nouvelle avec des yeux d'enfants, et à 10h55, je glisse un "Je t'envoie tout un dossier de présentation avec des chiffres pour faire sérieux par mail dans l'aprem', tu peux le mettre en forme pour demain matin ? Ah au fait, le rendez-vous est demain matin et il faut absolument que tu viennes !" à Clément, qui me répond avec tout le naturel qu'un homme puisse offrir "ça marche Bro, au pire tu passes quand tu as fini à la boutique !"

Merde, j'ai encore 15 minutes de retard au boulot. Same Old Story, Jeff ne viendra pas aujourd'hui, je serai tout seul à la boutique. Parfait pour bosser un dossier et des news sur COMICSBLOG.fr tranquillement, et pour reprendre l'idée d'un autre projet : SyFantasy.fr. La journée se déroule avec tout l'ennui d'un commerce de province en semaine, et seule la venue d'Alfro lui donne de l'intérêt, ravi d'apprendre qu'il lui restait une branche à laquelle s'accrocher pour un boulot de journaliste en Septembre. La journée se passe entre mails aux investisseurs pour expliquer mon silence récent et préparation du dossier, qui sera finalement bouclé aux bureaux, en compagnie de Clément. Le dossier est prêt, parfait. SyFantasy.fr vient de se réanimer, parfait. Et comme pour se convaincre que le rêve d'écrire ces lignes aujourd'hui existe toujours là, quelque part, les coups de coeur sont relancés et ma consommation de Mangas explose, sur les conseils des gens avec qui j'adore parler sur Twitter (moi qui disait il y a un peu plus d'un an qu'il était impossible que je finisse comme ces mecs, à tweeter tout et n'importe quoi toute la journée...)

Il est temps de rentrer, de retrouver Baptiste et Alfro pour une longue soirée de discussions insensées, comme la veille, et sûrement comme le lendemain. Climax de la soirée : une nouvelle histoire sans queue-ni-tête de Simon, que l'on a pas vu depuis la fin de la Comic Con Paris, qui me paraît être un autre temps.



8h30, je suis à la bourre au Rendez-vous. Je traverse le centre-ville de Nantes en panique en jurant à Clément que j'arrive dans les deux minutes, lui qui fulmine par texto à la cadence d'un PKP-Pecheneg. Un sermon plus tard, nous voilà en route. Habillé avec un polo et sans casquette, comme si je me devais de ressembler à un "gars sérieux". Comment ai-je pu penser qu'un polo Fred Perry, un jean et une calvitie naissante étaient la meilleure manière d'aborder un banquier ?

Le rendez-vous se passe, le banquier ne laisse pas transparaître le moindre sentiment et j'ai l'impression de passer un oral de Français, sauf que c'est moi qui m'impose cette longueur désastreuse, face à un homme que je n'ai jamais vu et qui possède la clé de mon avenir en trois lettres.

"Ok, votre projet m'a l'air intéressant, pour l'instant je suis partant. Il faudra monter un business plan et nous présenter toutes les garanties suffisantes assez vite, si vous voulez commencer en Septembre."

Clément et Flo éclatent nerveusement de rire une fois le pas de la porte passée et nous partons comme trois gamins contents de notre connerie alors que la jeune étudiante en alternance à l'accueil croit assister une sortie de Tonus raté. Un poids énorme s'envole dès lors que la porte automatique de la Banque laisse passer le vent sur mon visage halluciné.

Mais ma vie vient de changer à nouveau. Mon corps montre des premiers signes étranges à mesure que les soirées interminables s'enchaînent mais jamais je n'ai été aussi heureux d'avoir mon quart d'heure de retard au boulot et d'appeler ma mère en ouvrant la grille de la boutique.

L'humour était douteux, mais le rêve était encore permis, putain.

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