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par Mast - le 28/10/2013
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par Mast - le 28/10/2013

Être Artiste (2): Pitche ta race.

S’il y a bien un truc que j’ai appris cette année, c’était que – contrairement à ce que je croyais – j’étais absolument pas au point pour pitcher mes projets. (le pitch d'après Wiki:  synthèse d'un récit à travers une phrase ou un petit paragraphe)

J’avoue que j’ai mis un certain temps à accepter l’effroyable vérité. Bordel, comment ça, mon pitch n’est pas clair ? Je suis auteur, moi, monsieur, je sais encore de quoi je parle ! 

 

Compliqué de prendre du recul quand on est plongé dans un projet. Pourtant, ce dernier a beau nous paraître clair comme de l’eau que s’appellorio Quezac, ce n’est pas forcément le cas pour ceux qui le découvre pour la première fois.

Et donc, quand on en vient à devoir présenter son joli petit dossier Transmedia contenant bande dessinée numérique, jeux-vidéo et dessin animé, on peut vite perdre ses moyens, même en étant préparé, lorsque son interlocuteur commence à demanderDe quoi ça parle". Les questions simples sont toujours les plus perverses.

Il me manquait une méthodologie et le fameux « recul » dont je parlais plus haut. Prendre conscience qu’on n’est pas bon, ça fait toujours un-peu-beaucoup-énormément du mal à l’égo.

Le temps a passé, je suis toujours pas un pro du pitch mais depuis début septembre, je fais en sorte de m’améliorer.

J’ai suivi – et je continue à suivre- les conseils d’un ami auteur qui m’a poussé à pitcher les gens dans la rue. Ok. Circonspect j’étais au départ, convaincu je suis désormais.

L’avantage de pitcher des inconnus qui une fois sur deux n’ont pas vraiment le temps ni l’envie de vous écouter, c’est qu’on voit assez vite si on arrive à les accrocher ou non. Évidemment, les premières fois, je me suis bien ramassé, bredouillant et hésitant. Pas si simple. Je me suis pris quelques vents mémorables. Maintenant – j’ai du faire cet exercice une trentaine de fois – ça va mieux. Au fur et à mesure, je maîtrisais mieux mon entrée en matière, comment aborder les gens, corriger les petits défauts du pitch, modifier la syntaxe, rajouter des adjectifs pour mieux définir les héros et les antagonistes…

Cet exercice m’a permis sur un projet en particulier, de recentrer le sujet et de mettre le doigt sur ce-petit-truc-qui-clochait-et-qui-m’agaçait. On peut mettre le doigt sur une incohérence assez facilement – ou pire, s’apercevoir que ce qu’on veut raconter n’est que de la repompe. 

Contrairement aux amis fidèles et à la famille, les inconnus n’en auront rien à faire de vous ménager, si ça ne leur plait pas, une fois sur deux, ils ne vont pas se faire prier pour vous ignorer ou vous dire clairement : "Non mais j’en ai rien à foutre ducon, casse-toi, mais lâche-moi, tu vas arrêter de me suivre, putain ?!"

Chaque jour, je pitche. Dans la rue, dans les files d’attente, dans le train, à mes voisins de table quand je suis dans un bar ou un restaurant, il y a une heure en allant faire mes courses.

Dernier exemple en date, d'ailleurs : j’ai pitché un projet de western animalier à une personne qui attendait de traverser au passage piéton sur le chemin du retour de mon magistral centre commercial Auchan. Au final, alors même que ma proie m’avait assurée devoir rapidement rentrer chez elle, j’ai réussi à suffisamment la captiver pour qu’elle ne traverse pas directement, une fois le feu passé au vert.

J’ai encore des progrès à faire, c’est une certitude, mais déjà, je vois comment cette méthode peut m’être bénéfique sur le long terme. Je fais la précision ici : notons bien que je pitche des trucs adressé au Grand Public. Pour des projets OuBaPiens, inutile d’utiliser cette technique, je doute que les résultats servent à quelque chose.

On se rend vite compte qu’il faut à la fois rassurer les pitchés en s’assurant qu’ils soient en terrain connu (ça peut être s’inscrire pleinement dans un genre comme la BD d’espionnage, le Western, l’humour…) mais il faut que le pitch intègre aussi un élément qui les excite. Qui les intéresse. Présenter une touche d’ironie, pointer vers un élément malin de l’histoire qui fera tout le sel du truc. De la fraîcheur. Du neuf. Du jamais-vu.

En soi, ce petit conseil du « twist » présent dans un pitch marche pour tous les éléments d’une histoire. Dans l’Arme Fatale, Danny Glover incarne un flic qui va avoir droit à la journée la plus mouvementée et improbable de sa carrière… la veille de partir à la retraite. Oh, ironie, quand tu nous tiens. Ça peut participer à la traque du cliché, vous aider à trouver des enjeux pour chacun de vos persos autres que « c’est un justicier badass et il défonce les méchants en gueulant des insultes ». 

Avoir un bon pitch, ça permettra surtout de rassurer les puissants, ceux qui possèdent le argent. Ça leur mâche le travail, ils vont savoir comment vendre le projet. L’équipe Marketing de l’éditeur construira un autel à votre gloire éternelle. De l’éditeur au gamin de 10 ans qui va devoir négocier une avance sur son argent de poche à sa mère qui trouve que c’est quand même un poil cher les bédés, il faut que chacun puisse voir dans sa tête tout le potentiel de votre histoire.

C’est chaud.

S’entraîner à pitcher, ça aide à devenir meilleur à ce petit jeu, et, peut-être, permettre de décrocher plus facilement des contrats.

La bise.

Mast.

 

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