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par Cryma - le 3/03/2014
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par Cryma - le 3/03/2014

Jazz and Cases 10 : De 1990 à 2000 : Recréation et restructuration.

1990 -> 2000 : Les années 80 sont derrière nous, il est temps de remrettre les choses en ordre !

Les années 80, malgré leurs expérimentations chaotiques, ont payé et les années 90 marquent l'émergence d'un Jazz plus structuré, plus mature et plus réfléchi. Les expériences continuent d'aller bon train et nombres de courants (parfois morts dans l’œuf) tentent de voir le jour. L'histoire en retiendra trois principaux, fortement liés les uns aux autres : L'Electro-Jazz dans la première moitié de la décennie (qui ne sera d'ailleurs jamais réellement nommé comme tel), et 2 courants distincts par la suite jusqu'au début des années 2000, l'Acid-Jazz et le Jazz Rap. L'époque est avant tout marquée par deux innovations, l'une technique avec le démocratisation fulgurante des sons électroniques (apparition de la musique techno...), l'autre artistique avec la consolidation d'un tout nouveau style de chant et de rythme, le Rap. Dans le monde du comics, le marché s’effondre littéralement, et les éditeurs, ne misant plus sur la seule popularité des titres, commencent à retrouver un goût certains pour les scénarios de qualité, ils s'ouvrent aussi à d'autres médias, c'est ainsi que cette décennie voit l'apparition de figures importantes pour la suite comme Kevin Smith ou Joss Whedon. Enfin, le comics indépendant fait un bond en avant avec Image Comics et ses célèbres fondateurs.

 



L’Electro-Jazz

Style hybride déjà en vogue dans les années 80, il s'agit d'un Jazz non défini si ce n'est par l'utilisation d'instrument électroniques. Il évoluera par la suite, parallèlement à la musique électro, et sera très représentatif du début des années 90, la frontière restant floue entre son domaine et celui d'autres styles musicaux (qu'il englobe d'ailleurs bien souvent) comme le Smooth Jazz ou le Groove Jazz, voire même la House ou la Lounge Music.

 


 

JEROME BADINI (associé JIM LAWSON)

Saxophoniste très talentueux, Badini va très vite se trouver un style personnel : L'électro-sax, un son puissant servi par un jeu bref et hypnotique. Il est particulièrement connu pour employé son instrument comme un Dj mixe ses platines (très en vogue à l'époque), répétant de petits motifs de mélodies jusqu'à la transe. Il travaillera avec plusieurs DJ très en vogue des années 90. Un peu plus tard, il sort un album qui fera date, «Scriabin's groove », une transposition jazz des pièces du grand compositeur. Toujours dans les années 2000, il forme un ensemble de talents qui allie, lors de ses concert, électro-jazz, musique classique et vidéo-art. Malheureusement méconnu par le grand public (excepté pour son émission sur France Musique), Badini reste, sinon une figure majeure du jazz, un vrai talent créatif ! Son morceau « Get on down » où il joue pour David Duriez reste très représentatif de l 'époque : http://www.youtube.com/watch?v=5fkNUhdIXhM . Jim Lawson, si il n'en est pas le créateur, est très certainement le dessinateur qui a su populariser un comics passé inaperçu à la fin des années 80 : Teenage Mutant Ninja Turtles. Son dessin rond et dynamique rend parfaitement compte de l'univers à la foi humoristique et sombre de ce comics. Nous retrouvons très bien cette ambiance, mélangeant rythmes dansants et phrases mélodiques plus tendues, dans le travail de Badini.

 

 

 

JOE ZAWINUL (associé à MASAMUNE SHIROW)

Déjà évoqué comme membre fondateur de Weather Report dans les années 80, Zawinul n'est pas reconnu uniquement comme acteur majeur du Jazz Rock Fusion. Il est également respecté pour son approche innovante et avant-gardiste des claviers électroniques, leur ajoutant souvent des équipements périphériques afin d'en modifier la sonorité et la hauteur du son. Il est admirer par les musiciens électro pour sa façon de jouer électriquement tout en sonnant acoustique. Il développera, tout au long de sa carrière, un jeu très sensible et subtil, usant de pauses et d'espaces (il se revendique musicien de l'espace) dans ses compositions. Très aérées, ses nombreuses prestations seront souvent apparentée à « un chant d'oiseau » de par leur légèreté et leur pureté. Un magnifique live de son morceau « Andalusia » pour vous en mettre plein les oreilles : http://www.youtube.com/watch?v=g27lxqOjwqU . Le mélange de sons très modernes et électroniques avec des musicalités ethniques et très « world music » de la fin de carrière de Zawinul sont une très belle évocation de l'univers de Shirow. Et plus particulièrement encore avec son chef d'oeuvre : Ghost in the Shell (1989). Alliant technologies avancées, scènes d'actions très modernes mais aussi phases d'introspection et de réflexion (on en revient aux principe de pauses, cher à Zawinul), les deux œuvres se rejoignent parfaitement.

 

  

 

JULIEN LOURAU (associé à ROB LIEFELD)

Saxophoniste français, Lourau s'est très vite fait un nom dans le milieu du Jazz. Il fonde plusieurs groupes durant toute sa jeunesse et explore différents style, allant du Rock au Free, en passant par des sons plus groove et chaleureux. En 1999, il se tourne vers l'électro avec son album « Gambit » qui restera comme l'un de ses plus populaires. C'est à cette époque qu'il collabore avec Jeff Sharel (artiste de French Touch) duquel il gardera une prédisposition pour les lives électroniques. Artiste complet et compositeur émérite, il s'entourera des plus  grands musiciens de sa génération, en témoigne ses collaborations avec Bojan Z ou Magic Malik (ci-dessous). Je vous propose l'écoute de l'un de ses albums les plus électro avec le morceau «Lonely Night » : http://www.youtube.com/watch?v=CX8W6OeKgLA . Bien que souvent haït par le milieu du comics, Liefeld possède cette capacité, émanant également de Lourau, de ne pas laisser indifférent. Connu pour ses planches jugées trop « flamboyantes » et «anatomiquement impossibles », ce dessinateur rejoint parfaitement Lourau dans ses choix esthétiques audacieux, qui ne font pas dans la demi-mesure, ainsi que pour son besoin d'indépendance, qu'il assouvira en co-fondant Image Comics.

 

  
 

MAGIC MALIK (associé à ERIK LARSEN)

Figure incontournable du Jazz contemporain, Malik est un flûtiste virtuose. Originaire de la Guadeloupe, il découvre très jeune la musique classique et part faire ses études au conservatoire de Marseille. Sa carrière débute dans le Reggae mais, très vite, Malik s'intéresse au Jazz, collaborant notamment avec Laurent Garnier et St Germain. A partir de 1992, il lance sa carrière solo avec plusieurs formations et albums, travaille avec Julien Lourau, et réalise plusieurs tournées internationales. Dans les années 2000, il tend à devenir de plus en plus créatif et indépendant, enregistrant plusieurs album très personnels qu'il regroupera sous l'appellation XP. L'originalité et le génie de la technique de Malik tiennent dans son jeu exubérant et l'utilisation de cris et chantonnements dans le son de sa flûte, appelé « Growl ». Je vous propose d'écouter son magnifique interprétation de « Amerigo » sur l'album Short Cuts : http://www.youtube.com/watch?v=85d2_u3DI_U . Pour refléter le jeu « en marge », à la fois doux et endiablé de Malik, je vous propose un artiste tout à fait « à part » : EriK Larsen. Membre fondateur de Image Comics, se tourne très vite vers une production en marge de l'industrie des comics en proposant une œuvre « vintage » et créative qui préconise un retour aux sources, auprès de grands maîtres comme Kirby, en témoigne son « Savage Dragon ». Son trait, à la fois délicat et d'une force sans égale, représente bien le jeu subtil et si particulier de Malik.

 

  

 


 

L'Acid-Jazz

L'Acid Jazz possède une longue histoire ! Déjà nommé comme tel à la fin des années 80 sur la scène londonienne, il sera surtout en vogue au début des années 90 et trouvera son summum juste avant le nouveau millénaire. Bien qu'admirablement servi par des talents créatifs et nombres de génies musicaux, certains puristes ne considèrent pas l'Acid comme du « vrai » Jazz, jugeant l'utilisation du sampling (très répandue il est vrai) comme un obstacle à l'improvisation, qui fait toute l'essence du Jazz. Enfin, l'Acid Jazz est souvent définit comme le Jazz du "pas trop", usant d'électronique mais pas trop, usant de tradition mais pas trop et étant audacieux mais pas trop. Un Jazz riche et audacieux mais qui ne donne pas dans la surenchère

 


 

CAL TJADER (associé à GABRIEL BA et FABIO MOON)

Véritable pionnier de l'acid jazz, Tjader fonde, avec ses amis et musiciens Gàbor Szabô et Gary McFarland, un label de jazz en 1968 qui deviendra plus tard le repère officielle de cette nouvelle musique. Vibraphoniste de génie, Tjader est surtout connu pour avoir ouvert le Jazz à d'autres cultures et sonorités, comme les percussions afro-cubaines. Sa carrière est marquée par bon nombre de styles différents, voguant sans cesse entre la tradition et la modernité. Il est aujourd'hui admis qu'on lui doit la paternité de l'acid jazz, de par son approche traditionnelle et exotique la musique, préférant des influences latines et modernes à des sonorités purement électroniques. A savourer en toute tranquillité, son morceau « Day In, Day Out » : http://www.youtube.com/watch?v=JNRlr5UQYGc . Ces frères jumeaux (Ba et Moon) ont su, avec leur chef d’œuvre Daytripper, capter toute la mélancolie et la passion de l'existence humaine. Graphiquement superbe, teintée de lumières douces, de paysages exotiques et de traits légers, rappelant énormément l'univers musical de Tjader, cette histoire de vie et de mort est une œuvre de très grande envergure.

 

  
 

GALLIANO (associé à EDUARDO RISSO)

Groupe Acid issu de la scène britannique, Galliano était pionnier de son art, et ce dés 1988, date de sa formation. Marqué par un début de carrière très ancré dans ce genre (ces deux premiers albums), il se troune par la suite vers un genre davantage hétéroclite. La musique du groupe est marqué par une ligne de basse claire et rythmée, l’évocation de divers instruments comme la guitare Funk, alternant phases de rap et phases de chants plus lyriques. Personnellement, je n'accroche pas à tous leurs morceaux, en cause une musique très, parfois trop, marquée par son époque, mais ce « Little Ghetto Boy » reste une de leur masterpiece : http://www.youtube.com/watch?v=1w6Uf4iiJss . Eduardo Risso, avec son travail sur 100 bullets notamment (1999), a su capter toute la noirceur et la colère de l'être humain au sein des grandes villes désincarnées. Véritable reflet de son époque, comme l'est l'acid jazz, et encore plus particulièrement celui de Galliano, ses planches structurées et son trait incisif rappelle les rythmes saccadés chers au groupe britannique.

 

 

 

INCOGNITO (associé à CHARLES BURNS)

Incognito n'est pas un simple « autre » groupe londonien des années 80. Doté d'une longévité et d'une régularité qui fait sans doute envie à ses compatriotes, Incognito est l'un des seuls groupes d'Acid Jazz encore réellement important en 2012, date de leur dernier album sorti à ce jour. La musicalité du groupe fait preuve d'une rythmique plus osée qu'à l'ordinaire, plus cadencée et plus rapide que ses homologues. Surviennent de belles plages mélancoliques de Saxophones et quelques évocations vibraphonistes qui finissent de peaufiner une musique tout en douceur et en onirisme. « Sketches in the Dark » est un "beau morceau", représentatif de leur style pourtant en constante évolution : http://www.youtube.com/watch?v=b1ddtysBOzE . Créant des images très puissantes, Burns est un disciple de Spiegelman (...) auprès duquel il fera ses premières armes dans le comics underground. Son œuvre est marquée par des récits fascinants et empreints d'une certaine étrangeté (rappelant l'onirisme du groupe), qui ont su observer le monde contemporain comme personne.

 

 

JAMIROQUAI (associé à DON ROSA)

Mené par le chanteur Jay Kay, véritable figure de proue du groupe, Jamiroquai est l'un des groupes d'Acid les plus connus au monde, tant il a su s'émanciper de son canon afin de tenter diverses aventures musicales, notamment dans le Funk, le Disco, la Dance ou encore le Reggae. L'Acid Jazz est surtout présent sur ses trois premiers albums (sortis respectivement en 1993, 1994 et 1996) alors que leur quatrième (1999) se tourne doucement mais sûrement vers le funk, le disco ainsi que vers l'électro. Avec un style inimitable, une variété de sonorités assez folle et un talent certain de son leader pour le chant, le groupe aura su devenir l'un des plus grands groupes dans années 90. Son très connu « Return of the space cowboy » reste d'une maîtrise incroyable et très représentatif de son époque sans toutefois avoir pris une ride : http://www.youtube.com/watch?v=EI7I1L9i6Dw . Doté d'un univers plus coloré et léger que ses collègues acid-jazzmen, Jay Kay nécessitait une association avec un artiste positif et optimiste des années 90, fait alors plutôt rare. Don Rosa a su, notamment avec la fameuse « Jeunesse de Picsou », livrer une œuvre non seulement sublime mais aussi très réfléchie. Alliant trait rond et sens du détail, il est au comics ce que Jamiroquai est à la musique, un fabuleux artisan bourré d'idées.

 

  

 


 

JAZZ RAP

Ce style est issu du mariage entre l'acid jazz et le hip-hop, très en vogue pendant les années 90. On l'appelle également Jazz Hop et il se teinte parfois d'intentions issues de la Soul Music. Dés les années 70, avec les compositions appelées « chansons poèmes » de Gil Scott-Heron, on commence à mêler la paroles à la musicalité, mais c'est sans doute Miles Davis (encore lui) qui sautera réellement le pas en 1992 avec son album posthume "Boo-Bop". Ce mouvement est particulièrement lié au smooth jazz auquel il empreinte nombres de samples doux et mélodiques.

 


 

US3 (associé à MARK BAGLEY)

Groupe ultra-représentatif de la scène Jazz-Rap britannique, fondé en 1991, il est connu pour utiliser nombres de samples et de classiques du label Blue Note. Ils débutent de manière amateur et piochent dans les standards du jazz qu'ils aiment, sans savoir que la majorité provient des archives de Blue Note, et donc sous licences. Le label les repère et, conscient de leur talent, leur propose de signer chez eux, évitant ainsi toutes poursuites judiciaires. Sorti en 1993, l'album « Hand On The Torch » est un véritable manifeste de leur discipline, à mi-chemin entre Jazz et Hip-Hop. Encore très actifs aujourd'hui (leur dernier album en date est de 2011), le groupe se démarque par une créativité rare dans la recherche de ses sons et une expertise incroyable dans le choix de ses musiciens et de ses colaborations. Titre connu et très populaire à sa sortie, « Cantaloop » n'a (pour ainsi dire) pas pris une ride : http://www.youtube.com/watch?v=JwBjhBL9G6U . A cette musicalité colorée et entraînante du groupe, il fallait un artiste au très léger et chaleureux. C'est le cas de Mark Bagley, qui, au tout début des années 2000, a su donner un tout nouveau souffle au personnage de Spider-man avec sa série Ultimate.

 

 

 

GURU et GANG STARR (associé à CHRIS BACHALO)

Guru est d'abord connu pour son groupe Gang starr, qui, dans les années 90, mixe habilement Jazz et Rap old school. Guru devient un véritable ambassadeur du Jazz Rap avec sa série d'enregistrements Jazzmatazz, qu'il développe seul, en parrallèle à la vie du groupe. Avec Gang Starr, leur album « Moment Of Truth » (1998) marque une rupture avec le rap « old school » et se verra plébiscité par la critique. La même année, le groupe voit deux de ses albums apparaître dans les « 100 meilleurs albums de rap » du magazine The Source. Plus tard, dans les années 2000, le groupe se sépare et Guru entreprend une carrière solo avec plusieurs albums dans la veine de ses projets solos d'avant. Un très bel exemple de son travail tout en mélodies et en recherches audacieuses reste « Trust Me » issu du premier Jazzmatazz : http://www.youtube.com/watch?v=S5VFyjWX42I . Avec un trait dynamique, angulaire et monolithique, Bachalo symbolise parfaitement les intentions musicales et graphiques du monde du Hip-hop. Connu et reconnu pour son travail très moderne sur la série Uncanny X-men en 1998, il retrouvera cette même série en 2013 où sont talent éclatera à nouveau les pages chaque mois.

 

 

 

THE ROOTS (associés à ED MCGUINNESS)

Il s'agit là d'un groupe de Hip-hop réellement atypique. De par la présence d'instrumentistes sur scène et une démarche sobre, ils sont souvent cité comme l'une des formations les plus intéressantes et les plus respectueuses des racines de la musique noire, ce qui colle parfaitement au nom qu'ils se sont choisi. Ils innovent également par un système qu'il leur permet de sampler leurs propres compositions, fait inédit à l'époque. Ils sont aujourd'hui caractérisé par le choix de développer un univers musical cohérent et diversifié, où tout se tient, en témoigne la numérotation des pistes sonores de leurs albums qui se suivent d'un opus à l'autre sans retour à 1. Un bel exemple de leur musicalité avec « The next movement » : http://www.youtube.com/watch?v=qm7Xt2Qsjcg . En matière de comics, McGuinness est réellement un artiste à part. Possédant un style influencé par le cartoon et le manga, c'est son travail sur la série Deadpool de 1997 qui le propulsera sur le devant de la scène. Son univers graphique se base sur des traits forts et puissants, sur des mises en pages dynamiques et rythmées, et une approche formelle à la foi géométrique et souple. Ce style, à la fois angulaire, précis et sensible est non seulement une belle transposition du Rap mais plus encore du style poético-puissant de The Roots et de leurs Beats soutenus et puissants.

 

  

 


A suivre...

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