Illustration de l'article
Actualités
Blog
Archive 9ᵉArt
par Cryma - le 4/03/2014
Partager :
par Cryma - le 4/03/2014

Jazz and Cases 11 : De 2000 à 2014 : Un genre discret mais ô combien vivace !

2000 -> 2014 : Le genre à trouvé sa vitesse de croisière, il se fait discret mais continue d'avancer à une vitesse folle.

Les années 2000 peuvent se diviser en deux grandes catégories, la première partie de la (plus longue ici) décénie sera marqué par le Nu-Jazz et la seconde partie par ce que l'on peut appeller le "Jazz contemporain", ou "Jazz moderne", ou "Jazz actuel". Le Nu-Jazz est une musique qui se cherche encore, qui tente des expérimentations et ouvre la porte à tout apprt extérieur, pour peu qu'il soit justifié, alors que le Jazz Actuel se veut plus calme, plus posé, plus mature, voire plus traditionnaliste, propulasant littéralement le Jazz dans le 21e siècle.

 


 

Le Nu-Jazz

Apparu vers la fin des années 90, le « Nu » désigne un jazz mutant, mariant les harmonies et les sonorités Jazz à la musique électronique de cette même époque. D'abord appelé électro-jazz, il se distinguera vite de son proche cousin, l'Acid Jazz, plus traditionnel dans son approche artistique. 

 


 

ST GERMAIN (associé à DANIEL CLOWES)

Très influencé par la musique électro (il y fera d'ailleurs ses premiers pas), Ludovic Navarre s'intéresse également à la soul, au Jazz et au Hip Hop. Le début de sa carrière est marquée par le nombre et la diversité de ses projets (Electro, House, MAO...) et c'est en 1993 qu'il se tourne vers le Jazz et s'octroie son fameux nom de scène (aux multiples références). Caractérisé par des influences issues de l'Acid Jazz, Le Nu Jazz et la Deep House, sa musicalité et ses compositions audacieuses en feront très vite un acteur incontournable du Jazz contemporain. Aujourd'hui reconnu dans le monde entier comme une figure incontournable du milieu (meilleur album en 1995, renommée internationale avec « Tourist » en 2001, collaboration avec les plus grands DJ...), il est souvent défini comme l'un des plus grands représentant de la musique House dans le monde. Titre incontournable de l'année 2001, son « Rose Rouge » n'a pas finit d'enchanter les oreilles des mélomanes : http://www.youtube.com/watch?v=o7gdC6XWIoU . Dans le monde du comics, il y a de véritables pépites auxquelles on ne s'attendait pas, et c'est le cas du « Ghost Wolrd » de Clowes (1993). Caractérisé par une approche ironique et légère de la vie adolescente, ce comics underground possède un style graphique aéré, léger et nuancé, qui reflète bien les compositions multigenres et souples de St Germain.

 

 

 

THE CINEMATIC ORCHESTRA (associé à MIKE MIGNOLA)

Groupe britannique fondé en 1999, très vite reconnu grâce à son album « Motion » de la même année, il va se démarquer de ses contemporains par une approche musicale empreinte d'un subtil dosage d'électro et d'accoustique, permettant aux oreilles attentive de voyager dans mile tonalités tout en restant fidèle au « vrai » Jazz des décennies antérieures. En 2002 sort l'album « Every Day », sans doute leur travail le plus aboutit en matière d'explorations de territoires musicaux, possédant un travail mélodique très poussé et plus personnel que les opus précédents. Je vous propose, pour ma part, l'un de mes morceaux préféré, remixé en 2003 pour l'album « Man with a movie camera »,« All things » : http://www.youtube.com/watch?v=Hq5kod-Q0rc . Mike Mignola et son Hellboy (1994) étaient parfait pour mettre en image les morceaux mystérieux, crépusculaires et parfois mystiques du groupe de jazz. Fortement influencé par les univers de Lovecraft et Poe, laissant une énorme part à l'installation des ambiances, ces cases contrasté et sombres sont une parfaite transposition de la musique de l'orchestra.

 

 
 

BUGGE WESSELTOFT (associé à WARREN ELLIS)

Pianiste norvégien, il est le symbole vivant de l'évolution du Jazz nordique (électro) vers un style « nouveau » qu'on appellera (donc) Nu Jazz. Axée autour des claviers et synthé, et renforcée par l'utilisation de samples, sa musique se base sur de longues plages évolutives, où apparaissent peu à peu des rythmes et des couleurs particuliers grâce à ses musiciens. De par leur structure et leur durée, ses morceaux s'apparente souvent à de la transe électronique, tout en douceur et souplesse. J'ai choisi de vous présenter son morceau « New Conception of Jazz » issu de l'album éponyme de 1996 : http://www.youtube.com/watch?v=Um-91Q7BpsI . Warren Ellis est un scénariste torturé et sombre qui n'aura de cesse, durant toute sa carrière, de jeter à la face du monde ses pires craintes issues de notre environnement contemporain. Son Transmetropolitan (1997), de part son aspect nihiliste, mystérieux, cynique mais aussi doté de fulgurances poétiques (comme les pages sur les réserves naturelles par exemple) est un bel exemple des sonorités mélancoliques et technologiques, mais aussi parfois chaotiques, de Wesseltoft.

 

   
 

JAZZANOVA (associé à BILL WILLINGHAM)

Ils sont l'un des groupes les plus influents du Nu Jazz et ils sont allemands, c'est Jazzanova ! Il s'agit en réalité d'un collectif de Dj réunissant 6 jazzmen plus talentueux les uns que les autres. Ils sont en constante recherche d'un « espéranto » électronique qui puise dans bien des cultures, mêlant du « deep » jazz, de l'ambient et des rythmes brésiliens. D'abords reconnus pour leurs remixs d'autres musiciens, tentant de coller au mieux aux intentions de départ, ils vont peu à peu se tourner vers des créations plus personnelles et sortent leur premier album original en 2002. je vous présente le très beau « Hanazono » issu de l'album « In Between » de 2002 : http://www.youtube.com/watch?v=lTeOVJb99FA . Bill Willingham est quasi exclusivement connu pour sa série fleuve, Fables (2003). Et c'est tant mieux car c'est ce qui nous intéresse ici. Ayant su mélanger les cultures, les exostismes, les mythologies ainsi que les récits, l'auteur nous livre au final une œuvre riche et cohérente, à l'instar des compositions hétéroclites mais artistiquement irréprochables de Jazzanova.

 

  

 



Le Jazz Actuel

Dans un genre très contemporain, ce que l'on pourrait appeler le « jazz actuel » (à défaut d'un nom réel, qui viendra sans doute à l'avenir) reste assez vague du fait de sa très récente apparition. Il est très souvent porté par des artistes d'une trentaine d'année, ayant parfaitement digéré la somme colossale et historique de leur musique de prédilection et se tournant davantage vers la création de belles compositions plutôt que l'expérimentation à tout prix. En découle un style voguant entre tradition et modernité, empreint d'une certaines maturité et d'une subtile introspection... Je ne suis pas au fait des figures qui resteront gravées dans l'histoire et ne peux, ici, que vous exposer mes goûts personnels en matière de musique contemporaine. Seront-ils les légendes de demain ? L'avenir nous le dira.

 



STEVE COLEMAN (associé à JIM WOODRING)

Tout simplement inclassable, Coleman est une figure extrêmement complexe du monde du jazz et possède une œuvre tout aussi complexe. Grand admirateur de Parker, il n'aura de cesse de briser les frontières qu'il existe entre les styles, préférant une approche davantage organique de la musique, et parlera même de « compositions spontanées » plutôt que de Jazz. Il va faire évoluer son style à l'aide de concepts physiques et métaphysiques comme la géométrie sacrée ou le principe d'énergie psychique., et opérera quelques retour aux éléments folkloriques de la sonorité, utilisant, selon lui, la musique comme « langage de symboles sonores ». Toutefois, bien que très complexe dans sa phase de création, sa musique reste extrêmement mélodieuse et accessible, ainsi que très créative, rappelant souvent le travail de génies comme Bach pour le classique, et John Coltrane pour le Jazz. Il choisira d'ailleurs très vite de diversifier les métriques au sein d'une même interprétation, rappelant alors la Pop de notre époque, ce qui lui amènera un public large et hétéroclite. Son « Respiratory Flow » enregistré avec son groupe (Five Elements) est d'une beauté rare : http://www.youtube.com/watch?v=xOWDIIDPwnQ . Le comics indépendant Frank, de Jim Woodring, reflète très bien le travail de Coleman à travers la complexité, la métaphysique et le sens du détail de ses mises en page. Narrant les aventures d'un animal bipède non défini dans un monde étrange et idyllique, la bande dessinée rejoint l'intention de Coleman de briser les barrière culturelles et artistiques en étant une œuvre tout à fait muette, où, tel ce retour aux sources chère à Coleman, Woodring use de l'image et de son approche symbolique de l'existance.

 

 

 

MARK TURNER (associé à SARA PICHELLI)

Saxophoniste très influencé par John Coltrane, Turner se fait vite remarqué par son talent et sa maîtrise dans les années 90. Né en Californie, il décide de partir s'installer à La Nouvelles-Orléans où il travaillera sans relêche pendant plusieurs années, notamment aux côtés du pianiste Ellis Marsalis. C'est en 2001, après plusieurs albums passés inaperçus, qu'il rencontre le succèse avec un opus du nom de Dharma Days. En 2003, il forme le groupe FLY et sort un album éponyme en 2004. Son jeu, alliant intensité et fluidité, le sacrera vite comme l'un des meilleurs musiciens de sa génération. Son phrasé fluide et léger le rapprocheront du jeu d'un Warne Marsh ou d'un Lennie Tristano. Son dernier album, « Dusk Is A Quiet Place », sorti en 2013, est un recueil de magnifiques ballades issue d'un duo Sax/piano avec Baptiste Trotignon. Un superbe morceau mélancolique que ce « Old Folks » : http://www.youtube.com/watch?v=8JJsXhK0kRo . De par la finesse de son jeu et la délicatesse de ses intonations, je désirais associé à Turner une dessinatrice très féminine dans son approche. De par son trait d'une finesse incroyables et son sens du détail et de la délicatesse, notamment dans les visages, Pichelli possède un style extrêmement sensible, proche du touché de Mark Turner quand il joue de son sax.

 

 
 

CHRISTIAN SCOTT (associé à PATRICK GLEASON)

Diplômé en 2004, il fonde très vite son propre groupe de jazz (The Christian Scott Ensemble) et sort son premier album en 2006. Trompettiste plus que talentueux, Scott est très vite remarqué pour son timbre chaud et sa capacité à réaliser des notes rondes et floues, chose difficile et inhabituelle du jeu à la trompette. Il possède un style qui ne se limite pas au Jazz mais approche également le Jazz Fusion, le Hip Hop et parfois le Rock. Son album de 2007, « Anthem », est inspiré par les dégats de l'ouragan Katrina, qui ravagea sa région natale la même année. Son morceau « Who They Wish I Was » est une pure merveille de douceur et d'onirisme : http://www.youtube.com/watch?v=I73T9yLdoH0 . Avec son style structuré, crépusculaire et harmonieux, Gleason est un artiste d'une sensibilité rare. Son travail récent sur le titre « Batman and Robin » colle parfaitement aux ambiances mystérieuses et nocturnes des compositions de Scott.

 

  

 

ROBERT GLASPER (associé à JH WILLIAM III)

Rob G (son surnom) est un pianiste de Jazz qui enchaîne les projets innovants depuis quelques années. Influencé très jeune par cette musique (sa mère l'emmenait à ses concerts de blues, où elle chantait), il n'aura alors qu'une envie, la pratiquer et la mélanger aux autres styles qu'il adule. Au court de sa carrière, il travaillera avec des musiciens de différents horizons comme Mos Def, Kanye West et Jay-Z pour le hip-hop ou Russell malone, Mark Whitflied et Terence Blanchard pour le Jazz. Il est le leader d'un groupe de musique urbaine et électronique, le « Robert Glasper Experiment » qu'il mêle souvent à ses albums de jazz. Encore très jeune et pourtant déjà considéré comme l'étoile montante du Jazz actuel, Glasper affirme concevoir sa musique comme un morceau de hip-hop dans lequel un rappeur trouverait la place pour étendre son flow de toute son envergure. Son morceau « FTB » issu de l'album « In My Element » reste sensationnel à chaque écoute : http://www.youtube.com/watch?v=uEh83c1wkMA . JH Williams posséde cette capacité rare de mélanger les genres pour mieux les magnifier. Son travail sur Batwoman, aux graphismes tantôt doux, tantôt durs, alliant une ambiance nocturne et mystique, d'une maîtrise incroyable, représente bien la musicalité hybride et pourtant homogène de Glasper.

 

 

 


FIN !

Actualités
Voir tout
Publications similaires
Abonnez-vous à la newsletter !
Le meilleur de l'actualité BD directement dans votre boîte mail