Mes incontournables 2013 1/2 - Invitation à la rêverie

La fin d'année est toute proche, les bilans pullulent partout, et comme j'adore faire des listes, forcément, l'envie de faire mon propre petit best-of parmi mes lectures 2013 occupe mon esprit.

Cette sélection n'est bien entendue basée que sur mes goûts, et sur ce que j'ai lu. Elle ne se présente pas comme une liste exhaustive du meilleur de cette année. C'est simplement mon meilleur de cette année, disons.

Et comme cette sélection fait 35 titres, je l'ai découpée en deux parties. La première s'intitule 'invitation à la rêverie' et ça commence tout de suite.

Vous ne me connaissez pour la plupart pas encore assez pour le savoir, mais je voue un amour total à Métamorphose, chez Soleil. Cette collection, dirigée par Barbara Canepa et Clotilde Vu, est comme un grandiose et pourtant secret cabinet de curiosité rempli de petites merveilles. Piocher n'importe quel titre dans la collection c'est déjà la promesse d'être enchanté par un livre beau, un peu étrange, et riche. Trois bandes dessinées y sont parues cette année.

- Dans la forêt , un hommage aux contes signé Lionel Richerand. C'est un titre assez incroyable, une bd presque organique où la nature se présente à nous dans toute sa majesté. Une petite fille suit des grenouilles qui lui ont volé la tête de sa poupée, elle s'enfonce dans les bois et va y passer une nuit comme aucune autre.

- Chemin perdu ensuite, la surprenante bande dessinée d'Amélie Fléchais, qui transforme un jeu de piste en aventure un peu folle, variant les styles graphiques avec un talent fou, en saupoudrant le tout d'un peu d'humour et d'absurde délicieux.

- Le deuxième tome des carnets de Cerise enfin, série jeunesse que les plus grands auraient tort de bouder, avec une petite enquêtrice et des histoires pleines d'émotions imaginées par Joris Chamblain, sous le trait pétillant d'Aurélie Neyret. Cette fois-ci, Cerise s'intéresse à une vieille dame qui, chaque semaine, rapporte puis réemprunte un livre à la bibliothèque. (ma chronique)

- Pour rester dans l'étrange-un-peu-magique, Cœur de pierre est sans doute l'un des titres les plus poétiques et touchants de cette année. C'est la rencontre entre un petit garçon né avec un cœur de pierre, et une petite fille au cœur d'artichaut, qui distribue ses feuilles sans jamais compter. Si ce titre, signé Séverine Gauthier et Jérémie Almanza (qui dessine d'ailleurs le très beau livre illustré Eco dans la collection Métamorphose), est publié chez Delcourt Jeunesse, il est beaucoup trop joli et plein de justesse pour que les adultes passent à côté.

- Temudjin est également une vraie merveille. Ozanam et Tentacle Eye, qui n'en sont pas à leur première collaboration, imaginent ici la destinée d'un deuxième Gengis Khan, entre contes mongols et aventure. C'est intelligent, bien écrit, et véritablement superbe

- Pour continuer le voyage Kililana Song est à ne manquer sous aucun prétexte. Benjamin Flao est aussi bon conteur que dessinateur (et ça n'est pas peu dire). Il nous emmène avec lui dans l'archipel de Lamu, au Kenya, aux côtés d'une foule de personnages plus attachants les uns que les autres. C'est beau beau beau. (ma chronique, et l'interview de Benjamin Flao)

- Et puis on part pour les Etats-Unis, à l'époque des minstrel show. Blackface Banjo est de ces incroyables bandes dessinées d'où s'échappent de la musique et des personnages. Un mendiant noir et unijambiste voit sa vie bouleversée quand il est embauché par un marchand ambulant. Frantz Duchazeau livre une nouvelle pépite à la hauteur de son Meteor Slim.

- Retour en France, d'abord à Paris avec Fenêtres sur rue , livre-objet étonnant signé Rabaté, qui se présente en éventail et nous invite à observer les façades des immeubles d'une petite rue. A travers les fenêtres, des petites scénettes qui racontent milles histoires. Une expérience de lecture surprenante, pour un livre sur lequel on reviendra encore et encore pour en explorer tous les recoins. (l'interview de Rabaté)

- Et puis la Bourgogne, avec Fred Bernard et ses délicieuses Chroniques de la vigne . Ce titre se présente comme un carnet de pensée et d'entretiens avec son incroyable grand-père. Un regard plein d'amour sur le vin, mais aussi sur son passé et sa famille. C'est drôle, beau, et chargé en ondes positives. (l'interview de Fred Bernard)

- Au registre des promenades, Adrastée en est une des plus magiques. Un homme, un roi maudit, marche. Il est immortel, a depuis longtemps perdu tous ceux qu'il aimait, et aujourd'hui il veut trouver les réponses à ses questions. Le dessin est sublime, les couleurs pleines de finesse et la narration très douce, un peu étrange. Un hommage à la mythologie grecque sous forme d'errance contemplative par Mathieu Bablet, qui nous avait déjà offert le superbe La Belle Mort. Et cerise sur le gâteau, la fin du dyptique arrive le 24 janvier prochain.

- On reste encore un peu chez l'éditeur Ankama avec le seul titre labellisé 619 de cette première partie (que ceux qui me connaissent se rassurent, la seconde partie en compte quelques autres). J'ai hésité, d'ailleurs, au moment de découper cette liste, mais Rouge a en lui ce ton un peu à part, cette douceur auquel le label ne nous avait pas forcément habitué. Rouge, c'est un spin-off de Freaks' Squeele qui nous raconte l'adolescence de Xiong Mao. Florent Maudoux est au scénario, mais c'est ici Sourya qui dessine cette période de grands changements pour celle qui deviendra l'héroïne que l'on connait. Beaucoup d'humour, pas mal d'action, mais aussi des personnages géniaux et un dessin plein de sensibilité. Rouge est vraiment une belle bande dessinée, qui offrira d'ailleurs une autre porte d'entrée à l'univers Freaks' à ceux qui n'y auraient pas encore goûté (et le deuxième tome arrive le 7 février).

- Vous reprendrez bien une dernière dose d'Ankama ? Imaginé par François Amoretti, Burlesque girrrl est un titre atypique et qui fait vraiment du bien. Les clichés sexistes sont encore une réalité dans trop de bandes dessinées. Les choses avancent, mais doucement. Souvent, les personnages féminins restent cantonnés à des rôles de jolies potiches, maternelles ou séduisantes, voir les deux à la fois. Avec ce tome 2, qui clôt l'histoire, l'auteur nous invite à passer un petit moment avec Violette. Une fille forte, pleine de personnalité et de caractère. Pendant deux tomes, elle prend confiance en elle, et donne à sa vie la direction qu'elle souhaite. Un dessin magnifique, un univers rockabilly et une héroïne aussi rare que cool.

On part ensuite côté manga, mon addiction aux shojos ne s'étant pas particulièrement arrangée cette année.

- Commençons avec le déjanté No longer heroine . Hatori se plait à imaginer sa vie version shojo, dans une histoire dont elle serait bientôt l'héroïne. Rita, son ami d'enfance, papillonne d'une fille à l'autre parce qu'il n'a pas encore compris qu'elle était la femme de sa vie... Jusqu'à ce que Rita se mette sérieusement en couple, et qu'Hatori doive se rendre à l'évidence : elle n'est qu'un personnage secondaire dans le shojo qu'elle a elle-même imaginé. On retrouve l'énergie débordante d'un Switch Girl, avec ce même côté complètement débile qui apporte un vrai souffle de fraicheur à l'intrigue romantique. Pour autant, ça reste adorable et parfaitement dosé en guimauve pour satisfaire les plus fleurs bleues.

- Blue Spring Ride est plus apaisé, de ces shojos un peu nostalgiques où les héros laissent l'innocence de l'enfance derrière eux et se confrontent pour la première fois aux difficultés de la vie, et émotions engendrées par la naissance du sentiment amoureux. C'est joli et doux, un titre tout simple qui fait du bien.

- Et puis il y a Kaori Mori. Cette incroyable mangaka a autant de talent pour dessiner des détails fous que pour raconter des histoires pleines de finesse. Ki-oon réédite dans sa très belle collection Latitudes ses deux séries. Emma d'abord, un hommage aux romans de Jane Austen. Une histoire d'amour très délicate sur fond de conventions sociales dans l'Angleterre victorienne. Et puis l'incroyable Bride Stories , fait d'une myriade de destins. Ici, l'auteure s'intéresse aux épouses d'Asie centrale, à une époque pas si lointaine. L'occasion pour elle d'explorer de nombreuses coutumes et traditions, tout en imaginant des personnages adorables et débordants de joie de vivre.

- On termine avec deux titres sans lesquels ma vie ne serait sans doute pas tout à fait la même, en tout cas un tout petit peu moins jolie. Il y a d'abord le cultissime Yotsuba , ce manga qui file un petit sourire en coin et des étoiles pleins les yeux à tous ceux qui l'ont déjà ouvert. Une petite fille aux cheveux verts, son père, ses voisins, et quelques autres personnages aussi justes que farfelus. C'est le quotidien dans ce qu'il a de plus anodin, mais raconté avec un tel génie que tout devient beau, un peu magique. D'une fête de quartier à la mue des cigales, d'un arc-en-ciel à un repas en famille.

- Et puis Barakamon . Comment vous dire tout l'amour que je porte à cette série ? Ce manga est un bijou. C'est l'histoire d'un jeune mangaka légèrement imbu de lui-même qu'on envoie se mettre au vert au fin fond de la campagne japonaise, sur une toute petite île. Il a l'impression d'aller au bagne, et pourtant ce séjour va changer sa vie. Entre les gamins du village qui squattent constamment sa maison, la pétillante et farfelue Naru en tête, et tous les autres habitants qui viennent rythmer sa vie, Seîshu n'a pas le temps de s'ennuyer. Entre ode à la vie dans tout ce qu'elle a de plus simple et de plus joli, réflexion passionnante sur l'art et gags aux petits oignons, Barakamon est l'une des plus belles surprises de mon année, et peut-être même de ma vie. Et là c'est vraiment juste moi, mais ça fait quand même deux tomes que je pleure la moitié du temps (tout en étant écroulée de rire). Mais dans le tome 7 il y a l'exposé le plus mignon du monde, je n'ai rien pu faire, mon cœur a débordé. (ma chronique-déclaration d'amour)

Et voilà les 18 premiers titres parmi les 35. Il manquera sans doute à ma sélection beaucoup des bd 'immanquables' de ces douze derniers mois, mais ce sont en tout cas ceux qui m'ont le plus marquée, touchée, émue, changée même, parfois. Voyez ça comme une petite liste de conseils de lecture pour vous emmener ailleurs, dans des endroits vraiment jolis. Pour vous faire rêver, réfléchir, et sourire. On se retrouve dans quelques jours pour la suite et fin ;)