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par Luxia - le 14/05/2015
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par Luxia - le 14/05/2015

[VF] Le dernier Loup-garou - G.Duncan

Comment ça, ça fait 4 mois que j’ai rien posté ici ? Mais pas du tout voyons. (Oui, j’ai un problème avec les deadlines, je sais.).

Bref, en ce joli mois de mai plein de jours fériés, on repart avec mon coup de cœur de ces dernières années, avec Le dernier Loup-garou, de Glen Duncan. Depuis le temps que j’en parle, serait temps que je le chronique, après tout…

 

Œuvre

Titre : Le Dernier Loup-Garou (The Last Werewolf)

Cycle : Le Dernier loup-garou (The Last Werewolf) — Tome : 1

Auteur : Glen Duncan

Première publication : 2011

 

Synopsis personnel

Jake Marlowe est le dernier des Loups-Garous. Incapables de se reproduire, incapables de perpétuer l’espèce, tous les autres sont morts, exterminés par une société secrète chargée de les éliminer. Jake est le dernier. Jake ne veut plus fuir. Alors, pour lui, la prochaine lune sera aussi la dernière…

À moins que… À moins qu’il ne soit pas seul, en fin de compte ?

 

Un extrait pour se mettre dans le bain ?

Ainsi la faim eut-elle un premier aperçu de la résistance que je lui réservais. C’est une plaisanterie, je suppose ? demanda-t-elle. Puis, d’un ton un peu plus sévère : C’est une plaisanterie, mmh ?

Je m’empressai de m’approcher du conteneur et de l’ouvrir.

Il renfermait un jeune Blanc efféminé d’une vingtaine d’années, bâillonné, ligoté et, à en juger par ses pupilles, complètement drogué. Des cheveux blond sale et gras, de minuscules mamelons, des bras de junkies et un long sexe fin. Je ne sais pas ce qu’on lui avait procuré, mais les substances en question n’étaient pas de taille devant la vision qu’offrait votre serviteur. Les yeux battus du malheureux se fixèrent sur moi avant de virer follement. Il rugit derrière son bâillon ; l’odeur de peu exhalée par ses narines était un véritable tonique.

Ah, dit la faim. Ah, l’adorable, la délicieuse petite chose.

Dans leur prison cellulaire, les morts dévorés par mes soins se levèrent. (Lorsqu’on mange les gens, il faut savoir que les ingérés sont avide de compagnie. Chaque nouvelle victime ajoute une voix au chœur mensuel.) Les chevilles et les poignets de Ganymède sont meurtris au sang, car il avait cherché à se débarrasser de ses liens. Un réseau sanguin bleuté se dessinait à travers la peau blanche de son ventre. Ses pores libéraient sous l’effet de la terreur des sécrétions aussi abondantes qu’appétissantes. Mes glandes salivaires se vidèrent, c’était dans l’ordre de choses. Devant tout ce… toute cette viande, la pensée de passer les huit heures à venir sans manger me faisait mal aux dents et aux ongles. Aux cheveux. La tentation enfonçait mentalement son coin : résister serait futile. Je craquerais, je le tuerais, je le dévorerais, pendant que Jacqueline Delon regarderait en se faisant sucer, en fumant une cigarette, en mangeant une crème brûlée ou en se posant de faux ongles.

Toutefois.

Une profonde répugnance esthétique subsistait.

 

Impression générale

Ohhh, ce que c’est bon. Ce que c’est bon de trouver enfin des Loups-garous qui ne soient pas des gentils toutous domestiqués (oui, la bit-lit c’est de toi que je parle), mais bien des créatures de sang, de sexe et de cauchemar. Glen Duncan rend à la bête toute son aura, et la transformation n’est clairement plus une bénédiction, mais bien une – la — Malédiction, celle qui aliène l’humain (moral, réfléchi et vertueux) au profit de la bête (instinctive, amorale et meurtrière).

 

Ce que j’ai aimé

Jake ! Jake, le cynique, le blasé, celui qui a tout vu, tout connu, qui porte sur le monde un regard complètement désabusé. Jake, qui ne croit plus en rien, jusqu’à ce l’amour ne pointe le bout de son nez. Jake, le philosophe et l’érudit, misanthrope et pessimiste – voire nihiliste – forcené. Jake, humain, trop humain...

La réécriture du loup-garou – du Lukos. Pas de gentil chien apprivoisé ou de loup végétarien, ici. Comme tout bon loup-garou, Jake doit se nourrir de chair humaine à chaque pleine lune. Et il le fait. Pas sans états d’âme, non, mais avec la connaissance absolue qu’il n’y a pas d’autres choix. Pas de transformation éclair et parfaite non plus. Le Lukos est une créature hybride, qui s’installe lentement, douloureusement, asseyant son emprise sur l’humain impuissant – ou peut-être reconnaissant.

La violence latente, inhérente à la condition de Jake. Les meurtres à la pleine lune, les scènes orgiaques de la fin du livre… L’auteur ne nous épargne pas, nous amène mot après mot dans l’esprit du Lukos, et nous dévoile l’horreur de ses actes dans toute leur splendeur sanglante.

La plume de l’auteur. Bavarde, précieuse, riche, psychologique… Un vrai régal si on aime. Et la narration à la première personne est absolument parfaite pour cet ouvrage, nous plongeant directement dans la tête bien compliquée de Jake.

La traduction française, parfois plus percutante que la VO. Notamment pour la devise de Jake, ce « Va où tu peux, meurs où tu dois. » qui remplace parfaitement le « Let it come down » originel. Bref, toutes mes félicitations à la traductrice !

 

Ce que je n’ai pas (ou moins) aimé

Hem… Rien ?

 

Donc, au final, quel verdict ?

On lit, on lit, on lit !

Du moins on ne craint pas la plume volontiers verbeuse de Duncan, chargée de philosophie ou de réflexion. Et que l’on ne craint pas un certain niveau de violence ou de sexe explicite. Dans ce cas, passez votre chemin, mais vous passerez à côté d’un pur bijou.

Mais pour toutes les personnes intéressées par le mythe de la lycanthropie, ce roman est un must-have, et un must-read.

 

Mais encore ?

Le Dernier Loup-Garou est le premier tome d’une trilogie, mais il peut tout à fait se lire de manière indépendante. Les deux suivants sont de bons romans, mais ils n’atteignent pas pour moi les sommets de virtuosité du premier tome (même si le personnage de Remshi du troisième tome est remarquablement bon lui aussi.)

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