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par Luxia - le 21/08/2014
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par Luxia - le 21/08/2014

[VOF] Aucun souvenir assez solide - A.Damasio

Bonjour tout le monde ! Enfin, bonsoir, mais soyons générique. C'est bien le début de la journée quelque part sur le globe, après tout. Allez, un peu de changement pour cette fois, avec un recueil de nouvelles. Au programme : Aucun souvenir assez solide, d'Alain Damasio. Ce qui va entrainer quelques changements, tant il est compliqué de parler d'une œuvre de quelques pages sans trop la dévoiler et en détruire le charme. Je me contenterai donc d'une description lapidaire, et de mon ressenti. A vous de faire le  reste du travail.

A ma décharge, je n'ai jamais été une grande fan de nouvelles. Je préfère les romans longs, qui laisse beaucoup de temps pour s'attacher au monde, aux personnages, à tout... A charge… Je suis amoureuse de la plume de Damasio depuis que j'ai plongé dans la Horde du Contrevent. Donc, à vous de vous faire votre petite idée !

 

Œuvre

Titre : Aucun souvenir assez solide (recueil de nouvelles)

Nouvelles incluses : Les Hauts® Parleurs®, Annah à travers la harpe, Le Bruit des Bagues, C@ptch@, So Phare Away, Les Hybres, El Levir et le Livre,  Sam va mieux, Une stupéfiante salve d'escarbilles de houille écarlate, Aucun souvenir assez solide.

Auteur : Alain Damasio

Première publication : de 2002 à 2012 suivant les nouvelles

 

Synopsis personnel

Sans trop de surprises, Alain Damasio aborde dans ces nouvelles les thèmes qui lui tiennent à coeur : la vie, ce que signifie être vivant, les relations humaines, la technologie et sa place de plus en plus importante, trop peut-être, la mondialisation et la privatisation du monde…  Il nous livre ici des mondes technologiques, perdus, dévastés, des vies détruites ou au bord du gouffre, mais qui tentent malgré tout de faire front, réinventant les langages et les moyens de communication.

 

Un extrait pour se mettre dans le bain ?

La théorie d'El Levir, par ses ennemis simplifiés à outrance, s'appuyait sur cette conviction : qu'un texte unique, même court, recelait une potentialité vertigineuse de sens ; que les effets de rythme, dans le plan d'immanence sonore, pouvaient se démultiplier à l'infini, aussi bien par vibration moléculaire, de proche en proche, que par effet sonar, avec des sons pulsés dans le vide, sans écho audible, qui apportaient une respiration à même le bruissement ; enfin que le jeu des lettres et des mots, la proximité des signifiants (par exemple, rappelait-il toujours, cette manière qu'a « nuit » d'être hantée par son propre verbe, ou « lourd » de vibrer avec lent et sourd), les anagrammes ou les palindromes (une passion dévorante du scribe) pouvaient, si l'on en tenait compte « comme des spectres circulant dans l'ombre blanche de la page », ouvrir au Livre la diversité du vivant. Un Livre unique, oui, d'une seule couleur, pourquoi pas ? – disons bleu mais d'un bleu hurleur, changeant comme un ciel rougit, se violace puis vire soudain au noir. Un Livre bleu polychrome.

 

Impression générale

Fait  numéro 1 : je suis toujours autant amoureuse de la plume de Damasio. Ciselée, travaillée, néologique, qui dépouille les mots de leurs sens pour leur en faire prendre un nouveau, qui joue avec les sons, les images et les sensations, changeante, instable, toujours en Mouvement, apte à décrire l'indescriptible, à vous faire ressentir l'impensable, à vous faire croire l'impossible, exigeante, difficile à dompter… (On me souffle que le message a dû passer. D'accord, d'accord, je me tais.)

Fait numéro 2 : C'est contestataire, polémique, anti-technologique, philosophique (et je ne suis sans doute pas assez philosophe dans l'âme pour comprendre tous ce que l'auteur cherche à exprimer.). Il faut aimer.

A part ça, j'ai trouvé ce recueil assez inégal, avec quelques nouvelles se détachant clairement du lot, et d'autres que je n'ai pas réussi à apprécier. État des lieux juste en dessous...

 

Les nouvelles que j'ai aimées

C@ptch@ : ou l'attrait de la vie virtuelle
Pour moi, la claque conceptuelle de ce recueil. Cette nouvelle est aussi glaçante que le monde qu'elle décrit, et certains passages m'ont pris aux tripes et ont failli me tirer des larmes (et c'est très rare). Et je reste plus ou moins persuadé que ce texte devrait être lu au moins une fois par tous les enfants dès  le moment où internet et ses merveilles leur ouvrent les bras.

El Levir et le Livre : ou jusqu'où aller pour écrire l'univers
Cette nouvelle est un bijou. Damasio s'éloigne de la dénonciation sous-jacente dans nombre des autres nouvelles du recueil,  s'éloigne également de l'exercice de style, et livre au passage un conte magistral de poésie et de beauté. C'est beau, ça parle de la vie, ça parle de l'écriture, et ça confine au sublime. Je ne regrette qu'une chose… Moi aussi, j'aurai aimé lire le Livre…

Une stupéfiante salve d'escarbilles de houille écarlate : ou la course du Mouvement
Et voilà le retour de la plume survoltés de Damasio, et cette fantasy étrange, débridée, naturellement inventive qui m'avait séduit dans la Horde du Contrevent. Le mu, la force vitale, la force du mouvement, du changement, des émotions-matières, et une course pour départager ceux qui la possèdent…

Les Hauts® Parleurs® : ou comment s'exprimer dans un monde où le lexique a été privatisé...
Retour de la claque stylistique pour cette nouvelle où Damasio joue avec les mots, les sons et les sens comme il sait si bien le faire. Mais également un appel (pas vraiment) masqué à la révolte contre la marchandisation du monde. Étrangement actuel alors que certaines firmes veulent déposer des brevets de monopole sur des mots aussi vieux que « Saga »...

So Phare Away : ou la lumière pour langage
Les idées sont là, de la communication par les phares à la mer d'asphalte liquide. C'est beau,  poétique et tragique… Et  ce monde vous colle à l'âme.

 

Les nouvelles que je n'ai pas (trop) aimées, voire pas du tout

Annah à travers la harpe : ou Oedipe aux Enfers revisité à la sauce technologique
A nouveau, les idées et le monde sont là… Mais quelque chose me manque. A moins que les choses ne soient trop personnelles, au contraire, dans ces parents surprotecteurs et le monde vu comme trop dangereux.

Aucun souvenir assez solide : ou la douleur de l'absence
Encore une fois… Quelque chose me manque, que je n'arrive pas à définir. Mais je n'ai rien ressenti à la lecture de cette nouvelle… Même si le titre en est sublime.

Les Hybres : de la réalité des sculptures
Nope. Je n'ai pas aimé cette nouvelle. Rien à dire, vu que je ne sais pas ce que je n'ai pas aimé.

Sam va mieux : ou la fin de la solitude
Dérangeant stylistiquement et psychologiquement…

Le Bruit des Bagues : ou la vie connectée
Trop critique, peut-être, trop contestataire pour moi.

 

Donc, au final, quel verdict ?

Le style de Damasio peut déranger. Trop précieux, trop recherché, trop étrange, trop personnel peut-être, comme s'il écrivait pour lui et qu'il oubliait que son lecteur ne serait peut-être pas capable de le suivre. De plus, il ne faut pas oublier la portée polémique et contestataire de ces nouvelles. Si ça ne vous fait pas peur, foncez. Je gage que vous trouviez votre bonheur quelque part au milieu de ces dix nouvelles dont certaines sont de pures merveilles.

Mais si vous n'aimez pas… Alors vous aurez du mal avec ce recueil. Ceci dit, je recommande quand même la lecture d' El Levir et le Livre, dans laquelle ces aspects sont bien présents.

 

Mais encore ?

…. Hum, rien à dire pour cette fois. Alors je vous laisse avec ce texte rétrospective où l’auteur nous livre quelques parcelles de sa vision du monde, et qui éclaire pas mal certaines nouvelles. Par ici !

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