Bad Blood n'est pas que le nom d'un titre de Taylor Swift en duo avec le très bon Kendrick Lamar. C'est également l'un des nouveaux albums à rejoindre la collection Contrebande de Delcourt, qui se charge d'importer un maximum de bons comic books pour le compte de l'éditeur français. Revenons donc sur cette histoire de vampires pas comme les autres, signée par Jonathan Maberry et Tyler Crook.
Initialement parue chez Dark Horse, cette mini-série tire profite des talents de Maberry, qui avait été récompensé aux Bram Stoker Awards pour son Dust & Decay. Avec sa compréhension du genre horrifique, le scénariste nous invite ainsi dans une historie à la fois familière et singulière, quelque soit votre degré d'amour pour le genre horrifique. L'auteur trouve d'ailleurs, dans les dessins de Tyler Crook (B.P.R.D.), un atout de poids, qui sera utilisé tout au long de cet album très agréable à l'œil, malgré son sujet et son ambiance assez crades.
Il faut dire que Bad Blood nous raconte l'histoire de Trick Croft, un pauvre jeune homme en train de mourir d'une leucémie, qui comme si ça ne suffisait pas, va très vite croiser la route de dangereux suceurs du sang. Au passage, il profitera l'aide d'une jeune fille qui vénère les vampires, et va lui en apprendre un peu plus sur ces mystérieux antagonistes que l'humanité semble avoir oubliés. Un pitch des plus simples et efficaces, qui cache tout de même de belles originalités, dont l'impact de la maladie du héros sur le récit.
Bad Blood est d'ailleurs un joyeux et savant mélange de mythologie vampirique classique et d'une incarnation plus moderne pour nos amis suceurs de sang. L'intrigue de Maberry et l'univers qu'il développe proposeront en effet autant de jolis clin d'œil aux classiques du genre que de réinventions intrigantes, le tout dans une univers assez urbain et terre-à-terre, mais qui ne cherche pas nécessairement à rendre ses monstres plus réalistes. Et tant mieux.
Moralité, on finit par s'attacher à l'ambiance de cet album, aussi crasseuse que savoureuse, comme on s'attache aux personnages du récit, qui s'éloignent progressivement des sentiers battus, et évoluent à un rythme très soutenu. Plutôt bien huilé, celui-si se retournera toutefois contre l'auteur lorsque Maberry multiplie, en fin d'album, les twists.
Un trop plein de rebondissements qui aura tendance à nous faire décrocher. Pire : les révélations faires par l'auteur cachaient de superbes concepts et une réinvention assez intéressante des vampires, qu'on aura à peine le temps d'explorer, la faute à un final très enervé. On comprend l'effet, et on l'apprécie, car la lecture se révèle très dynamique, mais on aura tout de même l'impression que la série ferme trop tôt les portes qu'elle ouvre.
Histoire bien menée doublée d'une réinvention discète mais très efficace de nos amis les vampires, Bad Blood est un comic book de bonne facture, qui brille par son rythme - parfois presque trop rapide - et une ambiance assez unique, bien saisie par les planches de Tyler Crook. On le conseille à tout ceux qui aiment boire du sang, et à tous les lecteurs aux dents longues. Plus sérieusement, le titre vaut le détour, pour peu que vous aimiez nos amis les vampires.