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par Sullivan - le 18/09/2015
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par Sullivan - le 18/09/2015

Batgirl - Tome 1, la critique

Devenue le fer de lance de DC You, une ligne "jeune et fraîche" supposée sortir DC Comics de sa torpeur éditoriale, Batgirl et la "Batgirlisation" ont maintenant presque un an, et si Dan Didio et les siens n'avaient pas explosé leur frein à main avant de faire machine arrière, la série de Cameron Stewart pourrait véritablement compter. Au lieu de ça, celle-ci se contentera de rester dans l'histoire comme une vaine tentative vaguement pertinente, témoin des errements d'un board qui ne sait plus où donner de la tête.

En effet, vous ne le savez peut-être pas, mais devant les difficultés rencontrées récemment, DC a décidé de jouer la carte de la jeunesse avec ses jeunes héroïnes et propose avec Batgirl, Black Canary (les deux actrices de ce premier tome) et d'autres un certain nombre de séries destinées à un public plus large, que les esprits étroits pensent être "les filles, les plus jeunes de préférence." Pourtant, dieu sait que Batgirl est un personnage universel et que malgré son passé (avec le Joker) massacré à la hâche de la continuité, un grand nombre de lecteurs voient en Barbara Gordon l'un des personnages les plus passionnants de la Distinguée Concurrence.

Ici, Cameron Stewart (Fight Club 2, Assassin's Creed...) propose une histoire résolument teenage, à mi-chemin entre Gossip Girl et les tentatives de séries à échelle humaine, façon Matt Fraction / Jeff Lemire. Le problème, c'est que le résultat n'en est que plus glissant, dans la mesure où le titre se veut déjà ringard (avec ses "méchants" qui parlent en hashtag et ses photos instagram trop "kawaï" lorsqu'il ne s'agit pas d'un drame sur la popularité au lyçée), onze mois après sa sortie. Et là où le bât blesse, c'est parce que la lecture n'en est pas moins bonne pour autant, puisque celle-ci offre de vrais moments de bravoure et certains découpages osés, quand elle ne s'enfonce pas dans une tentative d'aventure adolescente, terreau (fertile) d'auteurs qui ne s'encombrent heureusement pas avec le poids de la licence. En ressort un hybride mi-figue mi-mascara, où certains enjeux  nous navrent autant que certaines idées nous enchantent. 

Amenée à s'améliorer, la série est dessinée par Babs Tarr, heureusement vite remplacée par l'excellent Bengal puisque le français récupère le poste de dessinateur dès le second tome. Un transfert bienvenu, surtout que ce dernier évite de tomber dans la facilité et l'imitation des canons du genre, contraitement à ce premier tome qui se veut Scott Pilgrim pour finalement ressembler à une série CW. Bon point par contre du côté de l'édition, où Urban Comics nous offre un déluge de couvertures variantes toutes plus jolies les unes que les autres, entre Darwyn Cooke, Cliff Chiang et j'en passe. Et si l'on veut pinailler, on notera aussi une traduction souvent approximative, moins dynamique qu'en V.O, ce qui n'aide pas à apprécier la modernité d'un titre voué à occuper les étals quelques mois encore. 

Le cul entre deux chaises, Batgirl - Tome 1 est clairement une éprouvette éditoriale, abandonnée depuis sa sortie aux USA il y a un an environ. Loin de me tomber des mains, le titre propose quand même de la naïveté par pelletées et se contente d'être mignon sans jamais briller par son dessin. Trop ciblé, le titre se perd dans un modernisme hypocrite et antinomique de ses ambitions, un gâchis qui laisse toutefois entrevoir quelques beaux moments, et un futur plus radieux une fois Barbara dans les mains du talentueux Bengal. 

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