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par Arno Kikoo - le 28/06/2018
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par Arno Kikoo - le 28/06/2018

Black Monday Murders Tome 1 : laissez-vous séduire par l'argent Roi

On dit souvent que l'argent gouverne le monde. Et si c'était vraiment le cas ? Littéralement, entendons-nous. Si un groupuscule servait une divinité occulte dans le but de contrôler l'humanité par le prisme de l'argent ? Si l'ensemble des évènements économiques des dernières décennies avait été monté de toutes pièces par les mêmes familles ? Dans le but d'asseoir un pouvoir qui ne sera jamais partagé ? Bienvenue dans Black Monday Murders, où les traders ne sont les instruments que d'une machination qui vous dépasse tous.

Un thriller économique et surréaliste

Aux commandes de cette nouvelle parution du catalogue Urban Indies, on retrouve Jonathan Hickman, dont le nom ne vous sera certainement pas inconnu  puisque vous avez déjà pu découvrir East of WestPax Romana ou plus récemment Manhattan Projects, chez le même éditeur. Le scénariste nous propose dans ce premier tome de plonger dans une sombre conspiration où l'argent et les grandes finances servent des buts encore plus obscurs que l'outillage qu'on lui prête de façon commune.

Oui, le dollar est maître et décisionnaire de tout ce qu'il se passe dans le monde. Oui, le milieu de Wall Street est peuplé de personnes déconnectées de la réalité, et oui, derrières les flots d'argent qui circulent à la Bourse se cachent de sombre desseins. Hickman apporte une grande touche d'occulte à ce qu'on imagine, crée une secte toute puissante - mais pas immortelle - qui sert la divinité Mammon, entité qui dans les écrits symbolise l'avarice et la richesse. Une confrérie macabre qu'Hickman nous invite à découvrir en jouant sur les codes du thriller moderne. 

On peut scinder cet épais tome en deux grands fils conducteurs. Il y a d'une part l'envie du scénariste de nous présenter sa vision du monde, en exposant au travers de différentes époques comment agissent ces familles, quelle est leur organisation, et les répercussions que leurs actions ont sur l'Histoire. De l'autre, Hickman présente une intrigue de polar, où un meurtre crapuleux entraîne un enquêteur à la découverte de secrets dont il ignore tout, avec en filigrane une revanche familiale qui se dessine au fur et à mesure de la lecture. La découverte est donc double, et les quelques touches de fantastique qui parsèment l'histoire ont quelque chose d'envoûtant.

Faites l'enquête par vous même

On retrouve des ficelles assez classiques du thriller dans le récit, mais qui sont solidement exécutées, et servies par un accompagnement visuel de qualité. Tom Coker officie aux dessins, avec un style qui se veut réaliste, et un encrage très marqué. Le tout, accompagné de couleurs qui bercent dans des teintes grisâtres et sombres, participent à donner une ambiance maussade, étouffante, en parfaite adéquation avec le propos.

C'est que le but de Black Monday Murders, c'est également d'entraîner le lecteur dans cette caste, de faire vivre une enquête policière, découverte après découverte, et on peut apprécier la façon dont l'oeuvre s'amuse à alterner entre planches de bande dessinée classiques et schématiques, coupures de journaux, tableaux et autres rapports d'enquête pour casser une forme de narration linéaire. Les symboles, les données s'empilent et c'est au lecteur de faire un petit effort intellectuel pour faire le lien entre ces quelques pistes et l'histoire qui continue de se dérouler par la suite. La corollaire, c'est que Hickman s'amuse beaucoup à cacher certaines informations, quitte à entraîner une légère frustration car l'ensemble n'avance pas tellement, malgré une certaine épaisseur du volume. Qu'à cela ne tienne, l'ensemble est assez séduisant pour qu'on revienne à la suite sans trop hésiter.

Une nouvelle série indé réussie à accrocher au tableau d'Urban Comics. Black Monday Murders a tout pour passionner les amateurs de polar, avec une proposition qui mêle le flou réel du monde de la finance avec des idées de conspirations et d'occulte qui attisent naturellement la curiosité. Si le tout reste assez lent, on se plaît à découvrir cet univers bien servi à la fois par ses dessins et par sa narration alternée. Et au prix de lancement de dix euros proposé par l'éditeur, il serait criminel de passer à côté.

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