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par Alfro - le 21/05/2015
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par Alfro - le 21/05/2015

Black Science - Tome 2, la critique

Après un premier tome qui avait non pas créé la surprise, le talent de Rick Remender étant connu depuis Fear Agent, mais dépassé largement les espoirs qu'on plaçait en lui : une pure histoire de science-fiction qui a des choses à dire et un dessin transcendant. C'est peu dire que l'on attendait avec impatience la sortie de ce deuxième tome.

"On n'a pas fabriqué de l'espoir..."

Reprenant là où le précédent s'était arrêté, le deuxième tome de Black Science nous fait découvrir un nouveau monde. Une terre où l'espèce la plus avancée semble être une race de créatures mi-végétales mi-reptiliennes qui cohabitent avec des trolls poilus, dont les chevaux sont des poissons colorés aux pattes protubérantes et qui ont aussi des montures volantes qui ressemblent à des hippopotames insectoïdes qui projettent un liquide à haute-vitesse. Non, l'imagination de Remender ne s'est pas tarie depuis le dernier tome et ce sont encore des mondes aussi merveilleux et fourmillants que dangereux et effrayants qu'il nous invite à découvrir.

Ce sont aussi des gens. Le scénariste a une science pour créer des personnalités fortes, que l'on découvre au fil des épisodes, tantôt dans les pensées de Kadir, homme avide qui décide d'être honnête avec lui-même au fil de ce voyage et de retrouver un sens moral, de Nate, garçon qui était en admiration devant son père et qui n'arrive pas à en faire le deuil, ou encore sa sœur, qui elle hait ce même père, le détestant pour les avoir délaissés, ne comprenant pas que sa colère est aussi un deuil qu'elle refuse de faire. Remender ne veut pas de fiches de personnages, il préfère que ses héros habitent, évoluent, vivent dans les pages de sa BD.

"C'est l'heure de la plus grande des épreuves. Grandir."

Si Rick Remender s'attache tellement à rendre ses personnages plus vivants que jamais, c'est qu'il a besoin d'eux pour exprimer ses idées. Au-delà de l'aventure merveilleuse, ce voyage au fil de l'infinivers, l'auteur nous expose ses idées. Sur la paternité, la conséquence de nos actes ou la valeur morale. C'est un message profondément humaniste (même s'il est très conscient de la nature de ses contemporains) que transmet Remender. Cette Ligue Scientifique Anarchique cherche quelque chose de plus grand pour l'humanité que sa condition d'être social. Une quête dont le graal se dérobe.

Dans sa recherche de réponses, Remender est bien accompagné par Matteo Scalera. L'Italien baroudeur s'éclate visiblement avec les concepts fous qui sortent du crâne de son scénariste. Dessiner un monde végétal peuplé de créatures aussi folles que possible, puis un univers où la civilisation de l'Egypte antique semble avoir continué à prospérer pour arriver à un niveau technologique proche des années 30. Tout ça avec un récit qui fonce pédale au plancher, lui permettant de faire des cadrages extrêment dynamiques, des mises en scènes pleines d'inventivité. Un rêve pour un dessinateur de BD que Scalera ne boude pas, se donnant à fond et bien aidé par les couleurs magnifiques de Dean White.

Black Science continue son voyage au firmament. Sans temps mort, le récit prend tout de même le temps de poser des questions. Pourtant, la quête de réponses n'est pas sans peine dans cette histoire qui ne connait jamais de ralentissements, où les surprises ne sont pas des cliffhangers artificiels mais le moyen pour Remender de toujours relancer son récit. Une lecture qui se dévore et qui reste.

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