Illustration de l'article
Critiques
Archive 9ᵉArt
par Republ33k - le 5/02/2016
Partager :
par Republ33k - le 5/02/2016

Black Science - Tome 3, la critique

Tels des dimensionautes, les auteurs de 9emeArt.fr vont et viennent dans l'univers de Black Science. Sullivan avait inauguré le bal avec le spectaculaire tome 1, tandis qu'Alfro vous parlait de la densité du tome 2. Et si la logique ne tient pas forcément dans l'univers créé par Rick Remender, elle régit encore notre monde et je m'attaque donc au troisième tome de la série dessinée par le talentueux Matteo Scalera.

Folle fuite en avant à travers les dimensions, Black Science n'a cessé de nous émerveiller depuis son lancement l'année dernière. Monstres, lieux et concepts foisonnants de créativité peuplent l'intrigue de Rick Remender, qui, à la surprise générale, va ici ralentir la candence. En effet, ce troisième tome se déroulera essentiellement dans une seule et unique dimension. Certes nuancée par quelques flashbacks bien sentis, cette pause va permettre au scénariste de remettre les choses à plat pour mener son histoire vers de nouveaux horizons.

Les numéros compilés par ce troisième opus font donc office de transition, et sont à considérer comme tel. Ce qui pourrait bien décevoir les fans qui s'attendent, avec cet album, à un nouveau shot d'inventivité pure. Mais force est de constater que cette baisse de régime ne s'accompagne pas d'une baisse de qualité, puisque ce troisième tome vous réserve son lot de suprises, et surtout, entend faire avancer les choses.

Car si on ne bouge pas de lieu, on avance considérablement du côté des enjeux de notre histoire, qui se voit aggrémentée de funestes disparitions et de twists plutôt bien distillés par l'auteur. Remender a encore joué avec nous, et comme nombre des auteurs ayant trouvé refuge chez Image, il nous surprend avec un volume plus lent, certes, mais tout à fait poignant. Car ce que l'auteur perd en frénésie et en folie, il le gagne en impact émotionnel.

Nous connaissions déjà un peu la vie de Grant, l'anti-héros de notre histoire, et de sa famille, mais c'est seulement dans les chapitres de ce troisième volume que Rick Remender entend générer, chez le lecteur, un maximum d'empathie pour ces personnages. Nous n'irons pas jusqu'à tirer une larme, mais honnêtement, certains passages sont d'une justesse déchirante : le scénariste est toujours aussi fort lorsqu'il s'agit d'explorer les troubles de l'adolescence ou de la condition parentale. 

Toutes les émotions qui nous traversent alors nous rappellent que nous n'avions jamais réellement pris le temps de connaître et d'aimer ces personnages, prisonniers que nous étions du rythme tout simplement dingue imposé par le scénariste. Et en le ralentissant, Remender s'assure de notre loyauté envers ses protagonistes, qui s'apprêtent - sans doute - à affronter des dangers plus grands encore.

Finalement, le scénario a donc des allures de mal pour un bien, tant il sert à développer les personnages et à nous préparer à une suite qui partira forcément sur les chapeaux de roues. Hélas, du côté des dessins, ce rythme plus doux ne réussi pas forcément à Matteo Scalera. Globalement, l'artiste italien est très en forme, mais si on regarde de plus près les premières pages de l'album, on constate des fonds un peu plus vides que lors des tomes précédents. Dans le même ordre d'idée, notre équipe devenue sédentaire oblige Scalera à camper sur un seul concept, celui de troupes "romaines" à Jet Pack, qu'il décline dans différents lieux et véhicules. Comme toujours avec Black Science, le résultat est plutôt original, mais il faut croire que l'artiste est plus à l'aise avec une multitude de petits concepts qu'aux côtés d'un unique concept à développer sur un volume entier.

Les planches paraissent ainsi moins spectaculaires, mais encore une fois, elles accompagnent le scénario, qui fait le choix de ralentir pour mieux nous séduire et nous impliquer. Et même si nos yeux seront peut-être moins ébahis que par le passé, ils seront parfaitement divertis par le travail de Scalera, en retrait sur cet album, comme pour mieux laisser son scénariste explorer sa dantesque métaphore sur la vie familiale.

Black Science se ralentit, mais pour le mieux. Même si ce choix représente un sacré risque pour la série, reconnue pour sa folie et son rythme dingue, Remender l'assume jusqu'au bout, nous offrant ainsi de très beaux moments, qui ont le mérite de renforcer notre empathie pour les personnages et de préparer nos dimensionautes à des aventures plus tarées encore. Dommage que Scalera soit un petit peu absorbé par la nouvelle orientation de la série, mais ça ne fait aucun doute, Black Science continuera à briller pour un petit bout de temps encore !

Actualités
Voir tout
Publications similaires
Abonnez-vous à la newsletter !
Le meilleur de l'actualité BD directement dans votre boîte mail