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par Republ33k - le 29/03/2016
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par Republ33k - le 29/03/2016

C.O.W.L., la critique

Tout ou presque a été mélangé au genre super-héroïque. Presque, parce que des auteurs comme Kyle Higgins - qui nous avait impressionné sur Gates of Gotham, aux côtés de Scott Snyder, avant de reprendre Nightwing au début des New 52 de DC - nous prouvent régulièrement le contraire. En mixant les super-héros aux fifties américaines et leurs réformes sur le droit du travail, il a ainsi obtenu un univers unique, qu'on connaît sous le nom de C.O.W.L.

Fait amusant, l'œuvre n'est pas une bande-dessinée, à l'origine, mais bien le film de fin d'études de Kyle Higgins, qui avait demandé à son futur collègue et ami Alec Siegel de l'accompagner dans cette folle aventure. Un court-métrage plus tard, l'idée de C.O.W.L., alors appelé The League, subsiste, et les deux scénaristes finiront à l'adapter en comic book du côté de chez Image, éditeur qu'on retrouve régulièrement dans le catalogue de notre Urban Comics national.

Et comme à son habitude, l'éditeur français propose, avec ce one-shot, une BD indépendante de qualité. Dès les premières pages, on comprend l'intérêt d'Urban pour ce titre, qui emprunte aux Minutemen d'Alan Moore (voire de Darwyn Cooke) une partie de leur aura, pour un résultat surprenant et bourré de réflexions pertinentes, et plus que jamais d'actualité, sur le monde du travail.

En effet, imaginez, le temps d'une pensée, que les super-héros n'évoluent plus en dehors des lois, ou sous un permis : dorénavant, ils sont encadrés par une profession, chapeautée par la Ligue, une sorte de seconde police évoluant dans les rues des villes américaines. Ici, c'est la Chicago des années 50 qui est choisie par les scénaristes, qui profitent d'une atmosphère rétro sincère et savoureuse, sur laquelle ils greffent une intrigue quasi-politique et des essais sur la condition du travailleur.

Tout l'intérêt de C.O.W.L. (abréviation signifiant Chicago Organized Workers League, au passage) réside ainsi dans cette idée toute simple mais puissante du concept de super-héros réduit à une véritable carrière. En partant de cet intriguant constat, Higgins et Siegel nous proposent de plonger dans une intrigue politisée et assez dense, ponctuée par de puissant reflets de notre société capitaliste.

C'est à la fois l'une des qualités du scénario des deux auteurs, et son principal défaut. En effet, après un chapitre assez avare en expositions, les réponses, les réflexion et les rebondissements s'enchaînent, parfois trop rapidement. Un manque de pages, ou du moins de fluidité dans la narration, qui aura tendance à perdre le lecteur, trop occupé à digérer de nombreuses informations, qui restent néanmoins pertinentes, pour qui veut bien les comprendre. On pense notamment à la place des femmes au travail, abordée par l'intermédiaire de Radia, une héroïne charismatique.

Les dessins de Rod Reis, plutôt séduisants au demeurant, n'aident pas non plus, dans le sens où leur trait dépouillé nous amène parfois à confondre les personnages ou les lieux de l'action. Rien de rien rédhibitoire cependant, puisque le scénario s'avère haletant malgré ces heurts tandis que les dessins et les designs de Reis ne perdent rien de leur charme, les personnages ci-dessous en témoignent.

Réflexion intéressante sur la condition des super-héros et du travailleur, C.O.W.L. est un hybride qui ne manque pas d'intérêt, de suspense ou de classe. Une plongée très agréable dans le quotidien de ces héros du passé, qu'on peut prolonger d'une bande-son (spécialement composée pour la lecture) en attendant une suite, pas encore prévue, mais tout à fait envisageable. A ne pas manquer si le sujet vous intrigue, et si vous avez aimé les séries proposés jusqu'ici par Urban Comics dans sa gamme Indies !

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