Illustration de l'article
Critiques
Archive 9ᵉArt
par Republ33k - le 11/10/2016
Partager :
par Republ33k - le 11/10/2016

Chrononauts, la critique

Il est peut-être le scénariste de comics le plus influent du monde à l'heure où j'écris ces lignes, Mark Millar donne le ton à Hollywood et dans les comics shops depuis quelques années déjà. Il faut dire que ses écrits chez Marvel et DC ont marqué les esprits, et que ses créations, comme Kingsman et Kick-Ass, sont désormais de vrais phénomènes dans les cercles cinéphiles. Ce qui n'empêche pas Millar de produire un certain nombre de séries de comics, souvent fortes d'un compagnon de jeu très populaire et d'un concept hyper-accrocheur.

Et Chrononauts, récemment paru chez Panini Comics, ne fait pas exception. En effet, aux dessins, on retrouve un autre monsieur qui donne aujourd'hui le ton à toute l'industrie, le très bon Sean Gordon Murphy. Quant à l'histoire, elle se base sur une idée encore très populaire aujourd'hui, le voyage dans le temps, et cherche à la rénover en la passant au mixeur d'un road ou plutôt d'un buddy movie.

Ici, les buddies en question ne sont autres que Corbin Quinn et Danny Reilly, qui vont s'embarquer dans un voyage dans le temps pas comme les autres. Il faut dire que Mark Millar est visiblement moins interessé par les enjeux et la technologie convoqués par le concept que les réjouissances qu'il implique. Et c'est toute l'idée derrière Chrononauts : pourquoi s'arrêter à une pâle émission de télé réalité temporelle, introduite dans le premier chapitre, quand on peut vivre entre les époques comme un roi ?

Une idée absolument dingue, typique du scénariste écossais, et qui sied particulièrement bien au dessinateur star de l'industrie, qui le suit la tête la première dans cette aventure. En ressort un comic book entièrement tourné vers le fun et l'aventure, à l'état brut. C'est simple, en écrivant Chrononauts, Murphy et Millar ne se demandent pas ce que font des hélicoptères de la guerre du Vietnâm en pleine Rome Antique, ils jouent simplement avec.

Le scénariste nous propose ainsi des courses-poursuites à travers le temps et l'espace et des passages de pure bromance d'une époque à l'autre, le tout avec un maximum d'easter-eggs et de références que les plus érudits d'entre-vous n'auront aucun mal à repérer. Et de son côté, on sent que Murphy met toute son énergie dans de puissantes splash pages qui regorgent de détails anachroniques en tous genres, quitte à négliger son découpage dans des scènes plus classiques ou à remplir quelques cases en mode pilote automatique.

L'ensemble se veut donc réjouissant, drôle, et comme toujours chez Mark Millar, touchant, même si le scénariste limite ici les enjeux et les passages plus tendres au strict minimum. On reconnaîtra toutefois son envie de nous parler des "vraies choses" au milieu de planches complètement fantasques où se côtoient des légionnaires romains armés de fusils de la seconde guerre mondiale, des tanks soviétiques et Murphy oblige, les voitures les plus sexy que vous puissiez imaginer.

Maintenant, pour tout le fun qu'il représente, ce premier album - qui fait un appel du pied à une suite, toujours pas annoncée officiellement - manque de finitions, notamment du côté du concept central. Prolifique et hyper-créatif, Mark Millar a l'habitude de lancer des projets aussi cool qu'addictifs, mais qui pourraient faire bon usage d'un supplément de réflexion. Et Chrononauts est un peu victime de l'hyper-activité de son auteur. Par exemple, tout le monde se demandera comment fonctionnent les combinaisons qui permettent à nos héros de voyager dans le temps. Et même si vous n'êtes pas attaché à ce genre d'explications, on parie que vous finirez l'album avec une certaine faim au ventre, faute de détails et d'enjeux plus raffinés.

Or Millar, avec un peu plus de pages, aurait très bien pu peaufiner le concept et nous offrir une expérience complète, c'est à dire non seulement fun, mais aussi intrigante, captivante. Il faudra donc composer avec votre amour des personnages archétypaux de Chrononauts et votre imagination pour terminer la lecture, avec un sourire plus ou moins large à la clé. De notre côté, si on ne boude pas notre plaisir, on attend déjà avec impatience une adaptation au cinéma - sous l'impulsion du producteur de Fast & Furious - qui prendra sans doute le temps de nous offrir plus de précisions.

Buddy movie spatio-temporel bourré de réjouissances et porté par une vraie folie, Chrononauts vaut le coup d'œil, ne serait-ce que pour les planches de Murphy et l'humour toujours aussi accrocheur de Millar. Certes, le concept aurait mérité d'être étoffé et précisé pour offrir à Image Comics et par conséquent Panini Comics l'un de ses plus grands titres "all-star". A défaut, la lecture est plaisante et amusante, et parfois, ça suffit !

Actualités
Voir tout
Publications similaires
Abonnez-vous à la newsletter !
Le meilleur de l'actualité BD directement dans votre boîte mail