Illustration de l'article
Critiques
Archive 9ᵉArt
par Republ33k - le 5/04/2016
Partager :
par Republ33k - le 5/04/2016

Damned, la critique

Ce mois-ci, la collection Contrebande de Delcourt se dote d'un représentant pour le moins burné en la personne de Damned, un polar signé par Steven Grant et dessiné par Mike Zeck, qui se place très haut sur l'échelle du hard boiled, en alignant un maximum de 357 magnums, de gueules, de sexe et de violence.

Mick Thorne est un taulard qui renoue avec la vie civile de la plus brutale des manières. Après avoir promis à un compagnon de cellule mourant de trouver sa sœur à sa sortie, notre héros s'empêtre dans un sacré programme, envenimé par sa libération conditionnelle. Dès les premières pages, on sent venir le traquenard, et on doit ainsi reconnaître au scénariste Steven Grant (également auteur du 2 Guns adapté à Hollywood) une parfaite compréhension des codes du polar.

Et pour le coup, à travers la figure d'un agent de probation peu impressionné par les cheveux longs et la dégaîne de baroudeur de notre héros, le scénariste amorce, dans les premières pages, un pitch assez intriguant, qui promet alors de jouer sur la cupabilité de Mick et son envie de s'intégrer pour de bon à une société qui fera tout pour le renvoyer sur le mauvais chemin.

Hélas, on comprend très vite que le scénariste préférera à un récit introspectif une virée en enfer musclée et dans la droite lignée des romans noirs et autres polar hard boiled, qui ne sont pas connus pour faire dans la dentelle. Et si Grant maîtrise les codes du genre, c'est surtout pour faire avancer son histoire à cent à l'heure, dans de multiples scènes d'action et autres rebondissements inattendus.

Ceux qui connaissent bien ce genre d'histoires ne seront ainsi pas dépaysés, et trouveront dans certaines planches de l'auteur une forme d'hommage pas toujours bien senti, mais au moins sincère. Seulement, si Damned se dévore aussi vite, ce n'est pas seulement grâce à son rythme, mais aussi à cause d'un manque assez criant de fond.

A ce titre, difficile de recommander la bande-dessinée aux fans du genre, qui ne trouveront rien de nouveaux dans l'intrigue de Steven Grant et les dessins de Mike Zeck (Punisher, Captain America). On ne peut pas non plus la conseiller aux parfaits néophytes, qui risqueraient d'être choqués par le rythme assez effréné et l'aspect brut de décoffrage des dessins. Il faut donc se trouver entre ces deux catégories de lecteurs pour pleinement apprécier la lecture.

Car pour le coup, Grant reste en surface tout au long de son histoire, qui se termine sur run final assez nébuleux fait de twists à répétition. Et de son côté , Mike Zeck ne brille pas tellement par son trait. S'il accompagne tout à fait la brutalité du récit et l'ambiance testostéronnée de celui-ci, son travail manque de charme et d'une certaine originalité qui permettrait à Damned de se hisser au-dessus du lot.

En étant particulièrement musclé, Damned s'attirera forcément un peu de sympathie de la part des amateurs de polars brutaux et autres films noirs violents. Sauvé par sa parfaite compréhension de ces genres, Steven Grant livre un récit qui se dévore, pas toujours dans le bon sens du terme, tandis que Mike Zeck livre des planches à l'image de l'histoire : brutales. Une dose hard boiled à réserver aux curieux en manque de sensations fortes.

Actualités
Voir tout
Publications similaires
Abonnez-vous à la newsletter !
Le meilleur de l'actualité BD directement dans votre boîte mail