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par Alfro - le 23/06/2015
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par Alfro - le 23/06/2015

Daredevil - Tome 2, la critique

Marvel a placé Daredevil sous le signe du tout nouveau et tout différent, mais a pourtant laissé en place l'équipe créative qui s'occupe du personnage depuis plus de cinquante épisodes. À vrai dire, on va pas trop s'en plaindre, tant leur travail a su nous ravir, alors même qu'ils ont effectué un virage à 180 degrés par rapport à ce qui s'était fait sur l'Homme Sans Peur depuis de nombreuses années. Un héritage qui revient d'ailleurs frapper à la porte de ce tome.

"Sœur Maggie n'est plus ici."

Alors que Mark Waid a soigneusement pris soin de tout changer autour de Daredevil dans le tome précédent, le transportant à San Francisco, lui offrant une nouvelle petite amie en la personne de Kirsten McDuffie et en installant de nouvelles intrigues, il va devoir une nouvelle fois gérer le poids de la continuité à cause d'un event Marvel, Original Sin, et ses inéxorables conséquences. Ce crossover partait du principe que tous les héros découvraient les secrets et mensonges qui parsemaient leur histoire. Pour Matt Murdock, l'intrigue est forcément liée à son père. Il le revoit alors qu'il était enfant et découvre une image qu'il avait oublié, et qui pourrait bien changer toute la vision positive qu'il en avait. Une image qui est lourde à gérer pour Waid, à qui l'on colle une intrigue pas évidente et qui arrive pas forcément au meilleur moment dans son histoire.

Ainsi, on commence ce nouveau volume avec Matt qui soupçonne son père d'avoir battu sa mère, raison pour laquelle cette dernière aurait alors quitté le domicile familial. Lourd pour le scénariste. Si Waid est un expert en continuité, il n'avait pas forcément envie à ce moment-là d'avoir à gérer avec des éléments des plus cruciaux de l'histoire de Daredevil, et surtout pas une Sœur Maggie qui est l'une des figures les plus importantes de Born Again, le chef-d'œuvre de Frank Miller et David Mazzucchelli. Voici notre héros parti sur les traces de sa mère, alors qu'on l'avait toujours introduit comme une icône évanescente, veillant sur son fils tel un ange gardien. On reconnaitra que le scénariste s'en tire très bien au final, même si l'on sent qu'il se débarasse quelque peu de son cahier des charges à mesure que l'histoire progresse. Deux épisodes pour gérer l'aftermath d'Original Sin, des raccourcis scénaristiques dans tous les sens et il nous demande presque d'être indulgent sur ce qu'il nous présente.

"Vous m'engagez pour défendre Fatalis ?"

Mieux vaut passer sur cette histoire qui est l'une des plus faibles de l'ère Mark Waid, et qui voit d'ailleurs Chris Samnee se contenter de l'encrage et laisser le dessin à Javier Rodriguez. L'arc suivant laisse d'ailleurs le génial dessinateur américain reprendre le pouvoir pour servir une intrigue beaucoup plus construite. Waid, toujours dans son soin de piocher ça et là dans la continuité, nous ramène un vilain bien connu du bestiaire de Daredevil, qu'on découvrira bientôt sur les écrans avec le visage de David Tennant, le terrifiant et malsain Homme-Pourpre. Autant vous dire qu'un ennemi qui a le pouvoir de s'introduire dans l'esprit de ses adversaires, quand on a un passé aussi lourd que celui de DD, cela peut laisser des traces. Surtout que Waid va introduire une petite variante qui rend ce pouvoir encore plus terrible.

Cependant, cette histoire est encore un moyen pour le scénariste de justifier son propos, qui veut démontrer que l'optimisme peut tout vaincre. Cela fait des années que Mark Waid combat le tournant "obscur" pris par les comics, cherchant à replacer les super-héros à leur place de parangon de l'espoir et du positivisme (un discours qui n'est pas sans rappeler celui d'un certain Brad Bird). Mais cet autre adepte des théories d'Ayn Rand force un peu le trait ici. Son énième discours sur le courage et l'espoir parait presque artificiel tant il nous le ressort à chaque fois. On aimerait le voir introduire des nuances, ou du moins des évolutions. Reste une réflexion sur la paternité, la famille, une obsession pour lui en ce moment, et une intrigue secondaire avec le père de Kirsten qui permette de rester accroché à une histoire qui est toujours aussi maîtrisée à défaut d'être des plus inspirée.

Clairement, ce volume n'est pas le meilleur du run de Mark Waid sur Daredevil. Un premier arc très maladroit puis un second plus intéressant mais qui ne montre aucune évolution dans son discours, on est dans le ventre mou du run de Mark Waid. Reste le dessin de Chris Samnee toujours aussi inventif et une narration de haute volée.

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