Disponibles depuis quelques mois déjà dans les kiosques français les nouveaux comics "officiels" issus de l'univers Star Wars débarquaient la semaine dernière chez Panini Comics et pour la première fois en librairie. Et nous ne pouvions pas passez à côté du Dark Vador de Kieron Gillen et Salvador Larroca, un titre qui a sans doute les défauts de toutes ses qualités.
Une chose est sûre : quand on est très fan de Star Wars, il est particulièrement difficile de juger le travail récent de Marvel sur la sagaSur toutes ses séries, l'éditeur nous propose un niveau très respectable, et des équipes créatives faites de noms plutôt ronflants. Difficile de cracher dans la soupe donc. Seulement, en tant qu'univers ultra-populaire, Star Wars représente bien des difficultés pour les auteurs invités à s'y attaquer, et Dark Vador en est un glorieux exemple.
Pour le coup, la série s'ouvre sur un premier chapitre d'une qualité indéniable, où Kieron Gillen fait un excellent usage du charisme taciturne de seigneur Sith, placé dans une situation délicate. En effet, cette histoire étant située entre les épisodes IV et V de la saga, Vador doit faire face à la défaite de Yavin IV et la destruction de l'Etoile Noire. A un cheveu d'être désavoué par l'Empereur, il compte utiliser des moyens peu orthodoxes pour maintenir sa position au sein de l'Empire. Une promesse intéressante, que le premier chapitre tient à merveille, lui qui est dessiné par un Salvador Larroca au sommet de sa forme.
Mais déjà, on ressent quelques difficultés de la part du scénariste, quant au jeu dans ce terrain qu'est Star Wars. Prisonnier de références peu subtiles et contraint d'écrire entre les barrières d'Un Nouvel Espoir et de l'Empire Contre-attaque, Gillen décide de se lâcher, et progressivement, nous emmène sur un tout autre univers que celui promis par son ouverture. Nous qui nous plaignons de l'immobilisme créatif des titres Star Wars, nous voilà servis. Seulement, la décision du scénariste est à double tranchant.
Car plus les pages défilent, et plus le récit se transforme en une exploration bizzare de l'univers Star Wars. Le terme n'est pas innocent, puisque Kieron Gillen est vraisemblablement plus inspiré par une science-fiction à la David Cronenberg qu'a la George Lucas. En ressort des créations aussi étranges que loufoques, comme un droïde assassin camouflé en droïde astromech ou une reine Géonosienne folle à lier. Résultat, les inventions de Gillen ne laisseront personne indifférent. Selon votre degré d'amour pour Star Wars, vous allez pouvoir trouver ça génial et audacieux comme complètement à côté de la plaque.
Et si on s'extrait cinq minutes de l'univers créé par Lucas, on peut effectivement défendre l'histoire du scénariste, qui s'avère cohérente dans son audace, et plutôt constante en qualité. En revanche, on ne peut pas en dire autant de Salvador Larroca, qui baisse en régime à chaque nouveau chapitre. Sans être mauvais, les dessins tomberont donc parfois dans le niveau comic book le plus basique. Resteront quelques cadrages cinématographiques en forme d'hommage à la saga.
On se consolera avec l'édition offerte par Panini Comics, qui comme du côté des kiosques, fournit de beaux efforts pour la saga. La fabrication est soignée, les pages d'ambiance supplémentaires sont conservées et les chapitres bien découpés. Cerise sur le gâteau, on a droit à une bonne dose de bonus. Les nombreux titres à venir chez l'éditeur auront donc fière allure sur vos étagères.
Dark Vador se blesse avec sa propre originalité. Au problème d'écrire sur Star Wars, c'est l'un des symptômes récurrents, que les lecteurs pardonneront selon leur niveau d'amour pour la saga. Tous profiteront en revanche d'une édition soignée (mais à 17€50) qui a le mérite de servir l'histoire, comme toutes celles qui suivront.