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par Republ33k - le 18/11/2016
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par Republ33k - le 18/11/2016

Dead Body Road, la critique

Avant d'être connu de tous pour son travail sur Black Science, Matteo Scalera faisait déjà les belles heures d'Image avec une série intitulée Dead Body Road, qui débarque enfin en France chez Delcourt. Hélas, on commence à comprendre pourquoi elle a pris son temps avant d'arriver dans nos contrées.

Mais revenons avant toute chose sur le pitch de ce Dead Body Road. L'intrigue, qui n'est pas sans rappeler quelques-uns des meilleurs films de Quentin Tarantino, nous présente plusieurs personnages impliqués, de près ou de loin, dans une sombre affaire de braquage raté, qui va entraîner bien des péripéties. Et comme chez le réalisateur de Pulp Fiction, le scénario de Justin Jordan va tenter de faire éclater la structure narrative typique de ces histoires de braquage avec une approche un peu plus originale.



Seulement, là où Tarantino parvenait par exemple à calquer une structure théâtrale sur son Reservoir Dogs ou un chapitrage façon roman de gare à son Pulp Fiction, Justin Jordan ne maîtrise pas tout à fait l'exercice. Si du moins, il s'agissait bien d'un exercice, le plus gros problème de cet album étant d'être raconté d'une manière assez délicate ou pénible à suivre, sans qu'on sache si cela est volontaire ou non. Ajoutez à cela quelques oublis grossiers ou quelques facilités dans l'enchaînement des (nombreux) rebondissements, et vous obtenez une expérience de lecture somme toute assez frustrante.

D'autant que les personnages présentés par Jordan ont tout le mal du monde à s'extraire des archétypes qu'ils endossent au premier coup d'œil grâce à un Matteo Scalera très doué dans l'art d'iconiser les crapules en tous genres. Car au-delà de leur apparence, les protagonistes peinent à se démarquer et se contentent d'être en tous points fidèles aux archétypes qu'ils représentent, jusqu'à l'épuisement, tant les bulles sont parfois saturées de dialogues prévisibles.



Bien heureusement, on trouvera un peu de consolation dans les planches de Matteo Scalera. S'il n'échappe pas non plus à quelques petits défauts de narration, l'italien s'avère assez inspiré dans la création d'une ambiance "pulp" - qu'on retrouve parfois dans les pages de Black Science - et surtout très en forme dans les scènes d'action. 

Bonne nouvelle, Dead Body Road en propose beaucoup, et on sent que ce sont les passages qui intéressent peut-être le plus Justin Jordan et Scalera. Leur entente est en tous cas palpable dans des séquences de course-poursuite plutôt dynamiques et bien conçues, qui devraient ravir tous les fans du dessinateur, et on sait qu'ils sont nombreux depuis l'explosion de sa renommée dans le petit milieu des comics.

Il est facile de comparer un titre comme Dead Body Road à un film de Tarantino. Mais pour une fois, la comparaison est instructive et nous aide à comprendre ce qu'il manque au titre de Justin Jordan et Matteo Scalera. Lui qui partait comme un Reservoir Dogs musclé termine comme un Boulevard de la Mort, dans une ambiance un peu trop proche de la série B et de ses défauts pour qu'on l'apprécie pleinement. Resteront les jolies planches de Matteo Scalera, qui chez les amoureux du dessin, justifieront peut-être l'achat, malgré tout.

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