Auteur : Brian K. Vaughan
Dessinateur : Tony Harris
Editeur : Urban Comics / Wildstorm
Synopsis : Devenant le premier super-héros d'Amérique, il décide de se présenter à l'élection du maire de New York, histoire de mettre un peu de piment dans sa vie. Il remporte haut la main le scrutin. Dès lors, commence pour lui la véritable aventure...
Mitchell, notre héros, a une particularité qui le distingue de tout le monde : il est capable de communiquer avec tous les objets électriques (portables, lampes, TV,...). Ses pouvoirs, il les a obtenu en entrant en contact avec un matériau d'origine inconnue. Ceux-ci développés, il décide de les mettre au profit des habitants en devenant super héros et se fera appeler "La Grande Machine". Mais suite aux attentats du 11 septembre et une remise en question sur ses pouvoirs, il décide de faire campagne pour devenir maire de New-York. Le premier chapitre démarre sur son élection et on va ainsi parcourir son mandat tout au long de l'histoire.
Brian K. Vaughan nous livre ici un récit très avant-gardiste. Publié entre 2004 et 2010 aux États-Unis, ce récit est encore d'actualité aujourd'hui dans ses propos et dans les thèmes abordés.J'aime cette histoire car tout au long des chapitres, on va retrouver beaucoup de thèmes qui animent les discussions d'aujourd'hui comme le racisme, le sexisme, la drogue, la sexualité,... Vaughan va profiter de son personnage principal ainsi que de la fonction de maire qu'il occupe pour se permettre de tous nous remettre à notre place. Cette facette politique va lui permettre de mettre en avant certains problèmes de société et comment les aborder. Pour autant, le maire Mitchell n'a pas la parole divine et devra souvent se confronter à ses conseillers. Et c'est là toute la force du récit ! Vaughan nous livre tous les arguments possibles pour qu'on se créé une idée et va ensuite nous la détruire avec seulement deux lignes de dialogue. Une problématique va être récurrente au fil de l'histoire : "on peut vouloir faire changer les choses, mais on ne peut pas faire changer les mentalités" et cette problématique va être mise en avant plusieurs fois. On retrouve aujourd'hui encore ces problématiques sociétales et il est intéressant de voir la nouvelle façon dont on se confronte à celles-ci. (Réseaux sociaux, internet,...).
Même si on suit le mandat de Mitchell, son passé de super-héros a une place importante dans le récit. Dans un premier temps, Vaughan va jouer avec l'entourage de Mitchell qui souhaite le voir comme super-héros car selon eux, il est plus facile pour lui d'aider les citoyens en tant que tel plutôt qu'en étant maire. Ainsi, un premier discours sur l'impact du maire en tant que personnage politique est remis en question. Mais surtout, pour apporter encore plus de profondeur à son récit, Vaughan profite du côté super-héros du personnage principal afin de le rendre impuissant face à cette société qui ne veut pas changer sur certains sujets. Son passé de super-héros est donc un point fondamental dans tout le récit, il lui apporte légitimité, mais c'est également un boulet à tirer.
Pour aborder rapidement la partie graphique, j'ai adoré le côté réaliste des dessins de Harris. Le travail sur les personnages (qui sont vraiment au coeur du récit) est excellent et met en valeur les expressions. On a souvent tendance à dire des récits politiques que "la ville de X est un personnage à part entière". Ce récit ne déroge pas à la règle et de la même manière, on va pouvoir distinguer un New-York triste d'un New-York heureux,...
Vous l'avez compris, Ex Machina est un comics que j'affectionne particulièrement. Dans ses propos, dans sa profondeur, dans les thèmes abordés,... il y a énormément à découvrir et je n'ai traité ici que de la surface du comics. On va suivre tout au long de l'histoire énormément d'intrigues parallèles qui évolueront à leur rythme. C'est un récit riche avec des personnages forts, bref du Brian K. Vaughan.
