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par Arno Kikoo - le 18/10/2017
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par Arno Kikoo - le 18/10/2017

Green Arrow Rebirth Tome 1, la critique

Green Arrow en a connu des vertes et des pas mûres avec le relaunch des New 52, s'offrant malgré tout une belle parenthèse sous la plume de Jeff Lemire (et une reprise acceptable par Ben Percy) entre quelques runs calamiteux. Rebirth est maintenant bien installé en France, et Urban nous propose cet automne de découvrir le premier tome de ses aventures sous l'égide du relaunch de DC Comics. Autant vous le dire, les fans de longue date comme les nouveaux venus y trouveront largement leur compte.

Le Rebirth à l'essentiel

Ben Percy avait déjà donné un certain ton à Green Arrow lors de la fin de ses aventures période Renaissance, mêlant un terrain urbain avec une dose de mysticisme et de fantastique, tout en alliant un message social. Si le résultat n'était pas déplaisant, il manquait de panache et quelque part on peut penser que l'auteur avait les mains liées. On ressent alors pleinement un effet de délivrance au long de ce premier tome Rebirth tant l'auteur use de ce qui fait le charme - et le succès - du personnage, en piochant les meilleurs éléments, autant historiques que plus récents.

Le retour du bouc est purement cosmétique mais clairement bienvenu et on appréciera bien plus de retrouver Emiko, création du run de Jeff Lemire (que Percy utilisait déjà dans ses numéros précédents) et surtout Black Canary, qui va pouvoir renouer une relation avec Oliver Queen. Un retour petit à petit vers un couple ô combien iconique, et l'un des rares à avoir eu droit à un mariage chez DC période pré-New 52. L'entente entre les deux se ressent plus qu'elle ne se lit et si on pourrait trouver le cheminement vers une nouvelle relation amoureuse assez rapide, elle est tellement ancrée dans ce qu'on connaît du personnage que l'auteur aurait à peine eu besoin de s'embarrasser à la justifier. 

D'autres personnages secondaires gravitent comme John Diggle qui lui, vient directement de la série TV Arrow. Il fait son retour après son passage chez Lemire et nous offre aussi un personnage intéressant. L'ensemble de ce casting permet de rendre le tout hyper vivant, chacun des personnages ayant à apporter à l'Archer Vert, dans un combat qui le met face à ses contradictions de super-héros.

L'argent ne fait pas le bonheur

Oliver Queen, enfant privilégié de la société, se considère comme justicier social, rôle attribué depuis des décennies et la période O'Neal/Adams, et qui avait pu être mis de côté lors du passage au New 52Percy reprend cette idée et s'amuse des erreurs du personnage commises ces dernières années. Queen est ainsi persuadé d'être juste non pas que par son combat en costume mais aussi par ses actions en tant qu'Oliver Queen, donnant des millions dans toutes sortes de projets (sociaux, immobiliers) pour venir en aide aux plus démunis. Si on peut être d'accord sur le bienfondé de ces agissements, par la voix de Canary et d'autres, Ben Percy va plus loin et pose la question de l'argent comme seul argument utilisé par Queen pour son combat social.

Et l'argent (ou la valeur marchande de toute chose) sera également une question soulevée par son intrigue avec le Neuvième Cercle, compagnie qui représente l'idée de ce qu'on peut imaginer de pire comme industrie financière. L'idée sera d'une part de faire comprendre à Queen qu'il ne doit pas tout à son argent, mais permet aussi à Percy de déconstruire et reconstruire son héros pour l'élever au dessus de ce qu'il a été auparavant. 

L'intrigue use un petit peu trop de ficelles de retournements de situation, et de quelques petites facilités mais ne nuit en aucun cas au plaisir qu'on a à la lecture. Certes, Percy donne aussi un petit côté caricatural, ou du moins binaire en voulant absolument opposer vils capitalistes et héros socialistes. Mais il met un certain coeur à l'ouvrage et propose notamment un Neuvième Cercle aussi fascinant par son organisation que par sa représentation graphique. Et c'est là qu'il faut absolument vous parler des dessins, argument de vente imparable pour ce Green Arrow.

Otto Schmidt + Juan Ferreyra, combot ultime

La partie graphique est assurée par deux artistes aux styles bien différents, Otto Schmidt, et Juan Ferreyra. À titre personnel, j'ai découvert le premier avec ce titre, alors que je suivais Ferreyra depuis longtemps (ColderGotham By MidnightSuicide Squad), et sans vouloir verser dans le fanboyisme, je ne suis qu'heureux de pouvoir vous parler de cet artiste aujourd'hui.

On opposera pour les différencier un trait assez fin pour Schmidt avec une orientation du dessin qui tire vers le dessin animé, le découpage de l'artiste permettant aux planches de respirer ; tout en apportant quand il le faut un dynamisme indéniable. De l'autre côté Ferreyra a un trait plus appuyé et lui aussi sa propre patte, qui fera que vous reconnaîtrez ses futurs travaux au premier coup d'oeil. Son sens du cadrage, de la mise en scène et des perspectives donnent des compositions à la fois sublimes et des personnages on ne peut plus charismatiques.

Dans un cas comme dans l'autre, les artistes mettent en couleurs leurs propres dessins et ils ont clairement un talent pour le faire. Ferreyra passe par différentes étapes dans son processus, en commençant par colorer ses planches à l'aquarelle puis en terminant le tout avec des couleurs et effets numériques. Le résultat est de toute beauté, que ce soit pour les personnages ou les décors (observez l'Inferno du Neuvième Cercle). En tous les cas, les dessins de Schmidt et Ferreyra (qu'Urban met en valeur à la fin avec divers travaux préparatoires) pourraient suffire à eux-mêmes pour jeter un oeil à ce Green Arrow

Green Arrow, comme Superman, fait partie des personnages qui auront le mieux profité du relaunch Rebirth. Les mains déliées, Percy renoue avec tout ce qui fait le charme du personnage dans une intrigue prenante qui questionne son héros et son rapport à l'argent. Et son histoire est servie par deux artistes Ô combien talentueux qui vous en mettront plein les yeux pendant les 160 pages de ce premier tome. Oui, ça reste du super-héroïque et ce n'est pas le genre d'oeuvre à révolutionner le comicbook (des fois que vous ne vous intéressiez qu'à une note), mais du super-héroïque de cette qualité, on n'en voit pas tout le temps. Alors : foncez chez votre libraire si vous voulez découvrir le personnage. Ou si vous l'aviez perdu de vue. Foncez chez votre libraire quoiqu'il en soit, en fait.

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