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par Republ33k - le 22/07/2015
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par Republ33k - le 22/07/2015

Harley Quinn Tome 1, la critique

Pour son arrivée chez Urban Comics, Harley Quinn a vu les choses en grand et s'offre un premier album bien rempli par les huit premiers numéros de sa dernière série en date, accompagnée d'un numéro zéro en forme de note d'intention et un numéro Secret Origins en guise de préquelle. Reste à savoir si derrière ce programme chargé se cache une bonne lecture, et hélas, rien n'est moins sûr.

Depuis quelques temps déjà, DC, et donc par rebond Urban Comics, se sont rendus compte du potentiel du personnage, que ce soit pour les ventes de bandes-dessinées ou les entrées de cinéma, avec son arrivée prochaine dans le film Suicide Squad. Et si la série consacrée à Harley Quinn a démarré il y a plus d'un an déjà aux Etats-Unis, elle débarque enfin en France, et nous sommes prêts à parier qu'elle aura droit à un chaleureux accueil.

Il faut dire qu'au scénario, le couple Amanda Conner et  Jimmy Palmiotti a choisi d'opter pour une approche très "grand public" du personnage, en grignotant à tous les rateliers, à savoir ici, les différentes facettes du personnage : de son amour impossible et tragique avec le Joker à sa folie meurtrière en passant par ses nombreux costumes sexy. Un moyen, pour le duo de scénaristes, d'éviter la plupart des écueils qui entourent Harley. On ne tombe pas dans l'histoire d'amour nunuche, pas non plus dans la violence gratuite, et on évite de trop sexualiser le personnage. Seulement, en voulant aborder tous ces aspects, le couple finit par les survoler ou à mal les interpréter.

On se retrouve ainsi avec un personnage certes attachant, mais finalement édulcoré de ce qui pouvait faire sa saveur. Et si tout n'est pas imputable aux scénaristes - le Joker ayant été retiré de l'équation Harley Quinn depuis le débuts des New 52 aux Etats-Unis - Conner et Palmiotti ne fournissent guère d'efforts quand il s'agit d'approfondir les traits de personnalité de leur héroïne. Pour comprendre cette orientation créative, il suffira ainsi de faire un parallèle en direction de la concurrence, Harley Quinn étant devenu une sorte de Deadpool pour l'éditeur aux deux lettres.

Pas sûr que ce soit ce que les créateurs du personnage, Paul Dini et Bruce Timm, avaient en tête lorsqu'il ont imaginé la belle du Joker, même si on retrouvera dans cet album plusieurs fondamentaux de leur création, notamment sa relation crypto-lesbienne avec Poison Ivy et son amour pour les bêtes. Une fois ce décallage avec la première incarnation du personnage passée, on se retrouve donc avec une héroïne un poil plus générique que prévue, bloquée dans une histoire qui ne tient qu'à moitié ses promesses.

En effet, après nous avoir fait miroiter l'apparition des responsabilités dans la vie d'Harley Quinn, les auteurs se tournent très vite vers une compilation de petites aventures qui voient l'ex docteur Quinzel devenir l'héroïne du jour, souvent malgré elle. Et il faut dire que la plupart du temps, ces intrigues reposant sur le décallage entre l'héroïne et le contexte, fonctionnent autant qu'elle choquent : le lectorat se laissera-t-il séduire par une psychopathe prennant la défense des mamies et des chats errants du coin ?

On tombe dans le surréalisme, une approche, qui n'est pas aidée par le choix du dessinateur. Si Chad Hardin est plutôt inspiré dans son trait, sa composition, souvent maladroite, essaie tant bien que mal de servir l'histoire improbable qui l'accompagne, pour un résultat rarement convaincant. D'autant plus que les couleurs d'Alex Sinclair uniformisent les planches dans des teintes métalliques malvenues.

On se rattrapera avec l'édition de cet album, Urban Comics mettant les bouchées doubles pour l'apparition d'Harley dans son catalogue. Proposé à 19 euros, ce tome plutôt riche en bonus a le mérite d'inclure un chapitre sur les "nouvelles" origines du personnage - d'ailleurs l'une des histoires les plus inspirées de cet album - et le fameux numéro zéro, qui invite un dessinateur à chaque nouvelle page (un aperçu ci-dessus) et qui ouvre assez habilement l'album.

Série girly maladroite mais efficace, Harley Quinn perd à ratisser trop large. Resteront quelques rires très sicnères à la lecture, et des trouvailles plutôt appréciables au milieu d'un océan d'irréverences et de références (Star Wars, Pulp Fiction...) un peu grossières. Dispensable mais conforme à la nouvelle identité éditoriale du personnage.

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