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par Republ33k - le 13/05/2015
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par Republ33k - le 13/05/2015

Iron Fist tome 1, la critique

Ce mois-ci chez Panini Comics, la collection 100% Marvel s'enrichit de l'une des meilleures séries All-New Marvel Now : Iron Fist - The Living Weapon, écrite, dessinée et colorisée par Kaare Andrews, artiste canadien accompli qui avec cette histoire, entend donner un nouveau souffle au personnage apparu dans les années 1970 chez Marvel.

En ouvrant les pages de ce premier tome, on plonge très vite dans une ambiance plutôt originale, si ce n'est totalement fraîche, pour un récit super-héroïque. Une atmosphère qui est sans doute un savant mélange des multiples influences convoquées par l'auteur.

Un cocktail étonnant

Tout d'abord, on remarque qu'en dépit de son envie de faire avancer la mythologie entourant son personnage principal, l'intrigue a en fait tout d'une histoire d'origine. Excellent point d'entrée, marque de fabrique des séries All-New Marvel Now, cette série Iron Fist convoque la genèse du personnage pour mieux la réinventer, ou du moins, l'actualiser. Véritable petit remake des origines de l'Immortel Iron Fist, le scénario de Kaare Andrews offre au héros une vision plus sombre et troublée de ses débuts. Ceux qui connaissent bien Daniel Rand et ses aventures profiteront donc d'un point de vue plus noir et plus sanglant sur sa mythologie, quand les néophytes découvriront des origines brillament distillées au fil de l'intrigue principale.

Ensuite, on note un style de narration propre aux héros urbains. Le fameux monologue intérieur est de la partie dans ce récit, qui s'inscrit, malgré son univers oriental, dans la plus pure tradition du héros de rue. Un choix qui pourrait sembler déroutant, et qui donne finalement tout son charme à cette nouvelle série Iron Fist, qui malgré ses envies d'Asie, se lirait presque comme un bon polar. Il faut dire que Kaare Andrews fait le choix de développer au maximum le monologue de son héros, qui ne se limite pas à l'exposition des éléments de l'intrigue ou de quelques doutes : il rentre profondémment dans l'esprit tourmenté de Daniel Rand, et lui offre quelques punchlines dignes d'un bon Batman ou d'un Daredevil, pour rester dans l'univers Marvel.

Enfin, impossible de passer outre les influences orientales de cet album. Certes, le sujet s'y prête bien : Iron Fist est un guerrier utilisant des arts martiaux mystiques pour affronter des hordes de vilains. Mais le parfum oriental de l'intrigue et des dessins n'est pas une simple projection de mon esprit. Kaare Andrews a déjà travaillé sur une série flirtant avec le manga dans Spider-Man Clan, avec Skottie Young, et il fait preuve ici du même talent dans la réinterprétation des codes de la bande-dessinée japonaise. Les dialogues, le découpage séquentiel et bien sûr le trait - qui semble parfois imiter l'animation nipponne - ne trompent pas : nous avons affaire ici à comic book aux influences internationales.

F.M chéri

Mais toutes ses influences ne sauraient être cohérentes sans une inspiration de taille, qui se cache difficillement dans les pages de ce premier tome. C'est simple, ce qui est au départ une simple idée devient vite une évidence : cet album hurle Frank Miller à chaque nouvelle planche.

D'ordinaire, je n'aime pas comparer les artistes entre-eux, craignant que l'un finisse par pâtir de la réputation des autres. Mais l'influence de Frank Miller se fait tellement sentir sur les pages d'Iron Fist : The Living Weapon qu'il serait stupide de l'ignorer. Car pour le coup, on peut retrouver le génial auteur de The Dark Knight Returns ou Daredevil : Born Again dans toutes les remarques précédentes.

Comme Miller l'a fait sur Batman ou Daredevil, Andrews semble remettre à plat - peut-être pas aussi drastiquement - l'univers qui lui est proposé. Il reprend un à un les éléments typiques de la mythologie Iron Fist et leur donne de nouveaux sens. On notera d'ailleurs que l'un des chapitres de cet album est placé sous le signe de la renaissance, Rebirth, ou Born Again, en anglais. Mais peut-être vais-je trop loin dans l'interprétation.

En revanche, que ce soit dans les représentations graphiques ou même l'influence de la culture japonaise, la série d'Andrews ressemble comme deux gouttes d'eau à une série de Frank Miller. Pour ne prendre qu'un exemple : le trait très organique et brutal qui donne naissance aux personnages de la série. Même dans l'écrit d'ailleurs, l'introspection conduite par Kaare Andrews dans l'esprit d'Iron Fist évoque précisément les monologues intérieurs si bien maîtrisés de Frank Miller, les deux auteurs partageant ici un même goût pour les phrases chocs.

Il n'en faudrait pas plus aux fans du Frank Miller de la meilleure époque - Ronin et The Dark Knight Returns - pour se jeter sur la série de Kaare Andrews, qui est réellement ce que pourrait faire l'auteur culte sur le personnage à l'occasion d'un titre all-star. Mais pourquoi se tourner vers le passé quand l'avenir est aussi radieux ? La série de Kaare Andrews est d'un charme absolu, fait d'une écriture viscérale, presque antinomique avec le personnage de Daniel Rand, et de planches incroyables. Malheureusement, comme son illustre influenceur, Kaare Andrews n'est pas infaillible et tombe même parfois dans les défauts - encore une fois la resemblance est frappante - de Miller. On pense notamment aux personnages féminins, tiraillés entre femmes fortes et demoiselles en détresse. Mais sur ce point cependant, on notera que le tome 2 promet déjà de très belles surprises, même si le rythme devrait s'accélérer et le scénario se faire plus commun.

En attendant, on tient ici l'une des meilleures séries super-héroïques du moment, influencée par l'un des maître du comic book, et construite sur des références particulièrement solides. Le résultat est explosif, et on peut vous le dire très simplement : l'Immortel Iron Fist n'a rarement été aussi mortel. The Living Weapon est sans doute ce qui s'est fait de mieux sur le personnage, tout juste derrière les écrits d'Ed Brubaker et Matt Fraction. Mais ce n'est peut-être qu'une question de temps avant que le ce run illustre soit détrôné...

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