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Archive 9ᵉArt
par Republ33k - le 25/10/2016
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par Republ33k - le 25/10/2016

James Bond - Tome 1, la critique

Depuis Casino Royale, notre cher James Bond a bien du mal à s'adapter au monde moderne, en témoignent un Quantum of Solace sorti en pleine grève des scénaristes hollywoodiens et deux films par Sam Mendes, Skyfall et Spectre, qui donnent plus dans la nostalgie que dans la nouveauté. Heureusement, 007 évolue aussi du côté de la bande-dessinée depuis quelques années déjà ! D'ailleurs, le personnage de Ian Fleming avait été adapté pour le 9eme Art (en 1958) quatre années avant la sortie de James Bond contre Dr.No, premier film de la saga ! Et le génial Warren Ellis (Transmetropolitan, Trees, The Authority) nous replonge ce mois-ci dans cet héritage avec un superbe album dessiné par Jason Masters et édité chez Delcourt.

De retour à Londres après une mission qui a viré à la vengeance à Helsinski, notre James Bond enquête ici sur VARGR, une organisation ou peut-être un homme, qui menace toute l'Europe et donc, par extension, la couronne britannique. On le comprend dès le premier chapitre, ce 007 là est ainsi un mélange de la plus récente et de la plus illustre des itérations du personnage. Dans les premières pages, Ellis et le dessinateur Jason Masters font en effet preuve d'un sens du spectacle très impressionnant, qui utilise avec brio tous les codes du neuvième art pour souligner le côté impeccable et limite bestial du personnage de James Bond. La scène rappelle d'ailleurs la course-poursuite effrénée du chantier du Casino Royale de Martin Campbell, qui souvenez-vous, se terminait sur un duel vertigineux au sommet d'une grue.

Et dans le même temps, l'attitude du personnage évoque directement le héros tel que l'écrivait Fleming. Bond est un prédateur, dans tous les sens du terme, et seule une cicatrice sur sa joue droite (qui sera le signe distinctif de la verion Ellis du personnage) semble l'humaniser. Plus loin dans l'album, notre super-espion se montera d'ailleurs aussi drôle que franchement sadique, un drôle de mélange qui a tôt fait de boulverser le lecteur, qui se posera beaucoup de questions sur les méthodes de cet agent double zéro. Ellis n'y va donc pas par quatre chemins, mais la formule qu'il invente à le mérite de proposer un Bond qui fonctionne très bien dans un contexte moderne, tout en restant charmeur et drôle.

La lecture finira donc par être cathartique, mais elle n'est pas stupide pour autant. Bien au contraire, au sein des quelques pages qui lui sont données, Ellis parvient à bâtir un scénario assez crédible, qui nous parle de traffic de drogue ou encore d'implants cybernétiques. Par ailleurs, le scénariste s'amuse à jouer sur les clichés du genre et de la saga, en inversant certains archétypes (on pense notamment à une Moneypenny plus entreprenante que James Bond) et en inventant d'autres. Le résultat est assez brillant, car famillier et rafraîchissant à la fois : un constat que j'aurais aimé rapporter à la sortie de Spectre, à titre personnel.

Il convient, enfin, de mettre un coup de projecteur sur le superbe travail de Jason Masters sur la séquencialité de ce titre, tout simplement renversante. De nombreuses scènes, muettes mais impressionnantes, sont en effet consacrées à l'action-inflitration si caractéristique des aventures de James Bond, et Masters, accompagné par les couleurs de Guy Major, nous offre une vraie performance. Mieux, VARGR est un véritable cas d'école qui nous permet de comprendre comment et pourquoi la bande-dessinée peut utiliser une mise en scène encore plus puissante que celle du cinéma, malgré toutes les technologies modernes à sa disposition

Moralité, si on ne relevait pas un vilain aux motivations un peu survolées et des résolutions parfois rapides - mais jamais gratuites - ce premier tome du James Bond relancé par Dynamite (et Delcourt en France) serait un vrai chef d'œuvre dans son genre. Et si ces petits défauts l'empêchent de se dresser tout là haut ce James Bond reste une lecture particulièrement divertissante, très réussie visuellement, et plus équilibrée que les derniers films en date sur le personnage. Un album à ne pas manquer, et qui pourrait bien se retrouver sous de nombreux sapins à Noël. C'est tout ce qu'on souhaite à Delcourt, qui nous offre ici une très jolie édition.

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