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par AntoineBigor - le 19/05/2016
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par AntoineBigor - le 19/05/2016

Je suis Captain America, la critique

Comment découvrir les comics aujourd'hui, alors que certains personnages ont maintenant plus de 75 ans d'aventures derrière eux ? Les éditeurs sont bien conscients du problème, profitant actuellement des blockbusters super-héroïques pour mettre en avant différentes histories complètes ou des ouvrages anthologiques. On a pu le voir en début d'année avec Deadpool, et il semblait logique que Panini Comics France réitère l'exercice pour la sortie du dernier film de Captain America.

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Là où, aux Etats-Unis, Marvel a choisi de lancer une nouvelle Civil War, écrite par Brian Michael Bendis, en France, Panini propose avec Je suis Captain America un ensemble d'épisodes clés de l'histoire de Steve Rogers. Ainsi, on peut y retrouver sa toute première apparition dans Captain America Comics #1, son retour dans Avengers #4, son team-up avec le Faucon sous le crayon de Jack Kirby, son évolution dans les années 70/80 sous l'influences de différents scénaristes et enfin ses aventures modernes, avec sa mort par Ed Brubaker ainsi que le premier épisode de la série Marvel Now de Rick Remender.

L'album est ainsi construit avec ces différents épisodes sélectionnés entre-coupés d'une page ou deux de textes détaillant le contexte et les personnages qui gravitent autour de celui-ci. En cela, l'ouvrage est intéressant car il permet de voir et de comprendre les différentes évolutions du personnage à travers les époques, tout en se remémorant des éléments oubliés de vieilles histoires. Il est intéressant de découvrir aujourd'hui le tout premier numéro de Captain America, pour déjà se dire que c'était assez rudimentaire mais efficace pour l'époque et, ensuite, le comparer à d'autres épisodes, réalisés plus tard, qui refont ses origines légèrement différemment. Par exemple, le professeur responsable de la formule du super-soldat va ainsi changer de nom entre 41 et 65, passant de Reinstein à Erskine. Ces légères différences notables apparaissent comme autant de témoins des époques où ces épisodes ont été publiés ainsi que de l'évolution des mentalités et des moeurs. Il est d'ailleurs assez fascinant d'enchainer ces épisodes, afin d'observer les différentes écritures du personnage de Captain America, chacune inhérentes à leur époque.

Longtemps apparu comme un héros manichéen ne défendant que les intérêts des Etats-Unis, ces épisodes viennent prouver l'inverse, fer de lance du personnage depuis Ed Brubaker, mais pas seulement. Roger Stern et John Byrne vont d'ailleurs en faire un élément important de leur run, réaffirmant ce principe dans une histoire où le monde pousse Steve Rogers à se présenter aux élections présidentielles. Une dimension politique qui sera plus ou moins importante tout au long de la carrière de Cap, dont l'ouvrage présente également les différents costumes qu'il a pu porter, en dehors de la bannière étoilée, comme celui de Nomad ou de Captain. Seulement, comme celui consacré à Deadpool, l'album trouve sa limite passé quelques épisodes.

En ne proposant que deux épisodes des années 2000, Je suis Captain America se révèle de moins en moisn intéessant, en se permettant de résumé en quelques maigres paragraphes des dizaines d'années d'histoires. L'album aurait clairement mérité un peu plus de pages, afin d'avoir un vrai tour d'horizon des différents runs sur le personnage, plutôt que d'en sélectionner quelques uns et d'expliquer les autres par la prose. La quantité de texte est plutôt réduite, et même si elle a le mérite d'introduire le contexte historique de chaque run présenté, elle passe beaucoup trop rapidement sur les épisodes écartés. Un tel ouvrage, sensé présenter les multiples facettes d'un personnages, devrait proposer beaucoup plus de rédactionnel, quitte à revêtir un aspect plus magistral.

On a bien le droit à quelques informations et anecdotes, mais c'est bien trop peu comme valeur ajoutée à des épisodes qu'il serait finalement plus intéressant de lire au sein du run. Certains textes sont d'ailleurs assez mal introduits dans l'ouvrage, notamment l'un d'entre eux situé en plein milieu d'un épisode de Mark Waid. Un défaut assez regrettable tant le format même d'une telle anthologie appelle à plus d'explication et plus de clarification. On se rattrapera malgré tout avec les dessins, dont l'intérêt est double : là encore, pouvoir observer l'évolution des chartes graphiques et le travail d'artistes légendaires à travers le temps - notamment celui de Jack Kirby, auteur de 5 des 14 épisodes ici réunnis, dont la réalisation s'est étalée entre 1941 et 1976.

En sortant de Civil War, la lecture de Je suis Captain America peut paraitre très intéressante. Déjà parce qu'elle permet de découvrir la multitude de point de vues, de styles et de thèmes que les aventures de Steve Rogers portent depuis 75 ans, mais aussi parce qu'elle permet de voir le travail de formidables artistes - de Kirby à Byrne, en passant par Dwyer ou Epting. Seulement, la construction de l'album se révèle imparfaite, trop peu riche en édito et difficilement claire sur sa sélection d'épisodes. L'ouvrage n'en reste pas moins accessible et fait figure de jolie porte d'entrée vers l'histoire des comics. Si vous cherchez un peu plus de réflexion ou d'analyse sur la relation charnelle que le personnage partage avec l'Histoire des Etats-Unis, il faudra chercher ailleurs.

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