Illustration de l'article
Critiques
Archive 9ᵉArt
par Strafeur - le 23/03/2016
Partager :
par Strafeur - le 23/03/2016

Judge Dredd - Origines, la critique

En 2017, Judge Dredd et 2000 AD, la maison d'édition britannique l'ayant vu naître, fêteront leur 40eme anniversaire. Pour préparer cet évènement, l'éditeur français Delirium, à qui l'on doit déjà le très bon Oink, vient de publier le premier album estampillé Judge Dredd, sobrement intitulé Origines. 

John Wagner (A History Of Violence), co-créateur de 2000 AD et de Judge Dredd, est ici accompagné par Kev Walker, un artiste anglais ayant notamment œuvré sur l'Uncanny Avengers de Rick Remender chez Marvel  le temps du premier numéro dans lequel il livre un vibrant hommage à Mike Mignola (Hellboy). Le reste des dessins de l'album sera ensuite assuré par Carlos Ezquerra (Preacher), l'autre moitié paternelle de Dredd. 

Autant vous le dire tout de suite, Judge Dredd Origines n'est pas une réelle préquelle. En effet, Wagner entremêle habilement son récit de flashback toujours justifiés par le récit principal. Si bien que cet album représente la parfaite occasion pour les curieux de se lancer dans le monde où la justice s'applique partout, et de manière immédiate. Ainsi, ces origines tiennent plutôt du jumping point parsemé de quelques références à l'histoire de Dredd mais aussi à celles d'autres personnages de son univers.

En partant de ce principe, Wagner va, sous l'impulsion du trait rugueux d'Ezquerra, dépeindre une société au bord du gouffre, et pourtant très similaire à la notre. Un message qui n'est pas sans rappeler celui d'un certain Transmetropolitan dont le message résonne toujours plus fort. Et Judge Dredd Origines pourrait (malheureusement pour nous) lui aussi voir son propos amplifier à mesure que notre société s'enfonce encore un peu plus dans la crasse et la bêtise.

Si pour beaucoup, Judge Dredd est et restera Sylvester Stallone, il est bon de rappeler que le personnage de Wagner et Ezquerra représente bien plus que cela. Incarnant la seule justice encore vierge de toute corruption, Dredd et les juges de Mega-City One administrent la justice à "application immédiate" depuis maintenant près de 40 ans. Une bon prétexte pour dénoncer aussi bien la dérive de notre système que la corruption de notre justice, ou encore les abus du pouvoir. 

Et c'est là toute la force de cet album. En effet, tout est prétexte à la dénonciation, à l'appel à la prise de conscience collective et à la remise en question de soi. À tel point que même Dredd, fragilisé par des années d'application d'une justice implacable et des nombreux meurtres commis dans le cadre de cette dernière, va devoir affrontrer de nombreux questionnements intérieurs. 

On pourrait reprocher à l'album d'être parfois bavard mais Wagner ne recourt à ce processus que pour appuyer un peu plus son message, notamment dans le traitement de l'information par les médias, mais aussi la corruption et l'avidité du pouvoir. Heureusement, le dessinateur britannique nous offre un découpage inspiré qui permet au récit (et au lecteur) de respirer tout au long de ces quelques 175 pages. 

Enfin, l'édition de Delirium vient parachever ce retour gagnant de Judge Dredd en librairie, lui offrant un format proch edes comics mais plus grand, agrémenté de nombreux bonus, qu'il s'agisse des différentes covers des numéros regroupés dans cet album ou encore de quelques pages de recherches et croquis réalisés par Ezquerra.

Vous l'aurez compris, grâce au très bon travail réalisé par Delirium - qui propose ici un récit de 2000 AD inédit en France - Judge Dredd Origines est un retour gagnant. Fort de sa scénarisation maligne et d'un dessin époustouflant, on ne peut que trop vous conseiller ce one-shot qui constitue une très bonne porte d'entrée pour les nouveaux lecteurs et un récit majeur pour les fans avertis. 

Actualités
Voir tout
Publications similaires
Abonnez-vous à la newsletter !
Le meilleur de l'actualité BD directement dans votre boîte mail