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par Elsa - le 15/01/2015
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par Elsa - le 15/01/2015

Killjoys la vraie vie des Fabuleux, la critique

Au début de tout ça, il y a deux potes. Gerard Way (chanteur de My Chemical Romance, qui a déjà commis l'excellent Umbrella Academy) et Shaun Simon. Comme ils l'expliquent en postface, dès qu'ils sont tous les deux, c'est un festival d'idées délirantes. Et c'est ainsi qu'est né Killjoys, dont l'histoire fut longue et mouvementée avant de devenir ce comics, publié en France par Delcourt.

La vraie vie des Fabuleux.

C'est l'histoire d'une gamine. Il y a une dizaine d'année, dans un monde où une grosse entreprise contrôle la population, les Killjoys, une petite équipe de révolutionnaire, ont sacrifié leur vie pour la sauver, elle. Depuis elle se débrouille pour survivre, menant une existence solitaire dans le désert, seulement accompagnée d'un chat. 

Les marginaux vivent ainsi en dehors de la ville, et elle finit par croiser la route de jeunes qui se voient comme de nouveaux Killjoys, l'égo démesuré en plus, les valeurs en moins. Douze ans que le sacrifice de ces héros semble n'avoir rien changé, mais l'heure est venue pour l'héroïne de découvrir ce qu'il y a de si spécial en elle.

Plongez dans un monde complexe.

Gerard Way a ce talent pour créer des univers complètement inédits, hyper denses, passionnants et géniaux. Cette fois-ci, l'univers des Killjoys est né de discussions avec Shaun Simon. En 2009, le comics a été annoncé à la San Diego Comic Con, mais le projet est finalement tombé à l'eau. En 2010, Gerard Way a décidé d'utiliser cette histoire pour le quatrième album de My Chemical Romance. Un choix logique, puisque ces héros avaient été imaginé d'après les membres du groupe, et en réaction au fossé entre leurs idéaux et ce que le succès faisait d'eux. Très visuelle, l'histoire a donné naissance à deux clips, Na na na ! et Sing. (Petit apparté. J'ai pour ma part vu les clips après avoir lu le comics, et je n'arrive pas à savoir quel ordre vous conseiller : regarder les clips en premier vous permet de vous immerger plus rapidement dans l'univers, ce qui n'est peut-être pas un mal -j'y reviens juste après-, mais en même temps, je pense qu'on ressent beaucoup plus d'émotions en regardant les clips après avoir lu la bd, et appris plus de choses sur les différents protagonistes).

Ils n'avaient plus le budget pour un troisième clip, et c'est là que le projet du comics a été relancé. Gerard Way et Shaun Simon se sont lancés dans son écriture, et c'est Becky Cloonan qui se charge du dessin. Voilà pour la longue histoire de la naissance de ce comics. Mais tous ces évènements ont amené les deux scénaristes à réviser leur copie : ils avaient imaginé les Killjoys, et le monde autour d'eux, mais ont finalement choisi de raconter une histoire se déroulant après leur mort. Cette histoire née il y a plusieurs années avait pris le temps de vieillir avec eux.

On pouvait déjà, peut-être, un peu le reprocher à Umbrella Academy, c'est encore plus le cas dans Killjoys : quand Gerard Way imagine un univers, il est tellement clair et précis dans sa tête qu'il ne semble pas ressentir le besoin de nous l'expliquer. Ce comics nous plonge donc abruptement dans ce monde à la fois violent et aseptisé, où le capitalisme gouverne le peuple et l'oblige à sourire. Une allégorie simple mais plutôt juste d'un système qui cherche à broyer les idéaux et les personnalités. Il y a beaucoup de personnages, il ne nous seront pas présentés. Beaucoup de lieux, mais ne comptez pas sur les auteurs pour vous faire une visite guidée. C'est à la fois un sentiment cool, assez nouveau, de se retrouver devant un titre qui ne nous prend jamais par la main et nous laisse nous débrouiller pour comprendre, mais c'est parfois vraiment frustrant, parce que les enjeux sont si complexes qu'on a par moment la sensation de complètement passer à côté de certaines choses.

A l'image de l'univers très dense, le récit très découpé, rempli de flashbacks et sautant d'un lieu et d'une histoire à l'autre a tendance à perdre le lecteur, tout en parvenant à nous captiver totalement. Il faut bien avouer que le déferlement d'action et les émotions des personnages sont parfaitement retranscrits. Les auteurs imaginent des personnages tellement intéressants et cool qu'on aurait bien envie de leur pardonner le reste. Imaginez un moment un peu dingue, dont vous avez eu l'impression d'avoir été plus spectateur qu'acteur, mais où vous avez fait de très chouettes rencontres, et ça se rapprochera un peu de l'étrange sensation que laisse Killjoys quand on a refermé la dernière page. 

Graphiquement, le trait de Becky Cloonan est vraiment superbe, et sert à ravir l'histoire. Elle donne une personnalité forte à touts les personnages, rend le monde dans lequel ils vivent fascinant, et transmets avec force toutes les émotions. le tout servi par une mise en page ultra dynamique. Les couleurs presque fluos de Dan Jackson ajoutent encore à l'ambiance survoltée. Il y a de la musique qui explose de toutes les pages de ce comics, et sa lecture s'associera parfaitement à l'écoute de l'album du groupe, Danger days : the true lives of the fabulous Killjoys.

Killjoys est un comics captivant, réussi, dont l'histoire aurait cependant mérité d'être un peu simplifiée, ou mieux expliquée pour certains passages. Il nous plonge dans un univers dense et fascinant, peuplé de personnages attachants et servi par un graphisme impeccable et des couleurs explosives. Un moment de lecture un peu déroutant, mais assez génial.

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