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par Manu - le 29/01/2016
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par Manu - le 29/01/2016

Les Grands Entretiens de la Bande Dessinée : Mark Buckingham, la critique

Après treize années de parution, la série Fables de Bill Willingham s’est arrêtée en juillet dernier chez Vertigo. Suivant de près la publication, Urban Comics a sorti son dernier tome de la série à la mi-janvier, et a profité de l’occasion pour lancer une nouvelle collection consacrée aux Grands Entretiens de la Bande Dessinée, en l’inaugurant par un tome consacré à Mark Buckingham, artiste principal de la série qui en aura mis en images plus d’une centaine de numéros. Grand bien leur en a fait.

Adaptation d’une collection américaine, Modern Masters, Les Grands Entretiens de la Bande Dessinée ont pour ambition de présenter de longues discussions avec des auteurs et artistes actuels, leur carrière, leur façon de travailler, etc. Sortie en 2010 en VO, cette discussion avec Mark Buckingham avait été menée par Eric Nolen Weathington, qui était revenu avec le britannique sur son parcours singulier, de ses débuts dans l’art à son travail sur Fables, mais aussi Miracleman, dont l’annonce du retour venait d’être faite à l’époque.

Mark Buckingham fait partie de ces grands artistes quelque peu négligés par le grand public. Loin de la hype d’un Jim Lee, Humberto Ramos ou J. Scott Campbell, l’artiste originaire de Clevedon en Angleterre se considère comme un caméléon de la bande-dessinée, toujours enclin à changer de style, à s’adapter à ses collaborateurs, au point de ne pas laisser derrière lui une patte unique et reconnaissable de tous. C’est selon lui la raison de son tout relatif anonymat au sein du milieu. Et pourtant, il aura croisé le chemin des plus grands au cours de sa carrière, émergeant en même temps qu’une génération de britanniques partis à l’assaut des comics.

Dans cet entretien qui couvre 130 pages, entrecoupées d’illustrations tirées de tous ces travaux, avant même qu’il se lance professionnellement, et d’une galerie finale, Buckingham se livre en toute honnêteté et modestie sur son œuvre. Découvrant sa passion pour l’art à travers les crayons et la pâte à modeler, il avait décidé de ne jamais se fermer aucune porte, et de se former dans toute sorte d’art. Profitant d’une visite aux désormais célèbres studios Aardman pour proposer sa candidature dans un coup de bluff. Engagé pour un CDD, il a vu l’histoire se faire quand Nick Park est venu y réaliser son Wallace et Gromit. Et il n’avait pas fini de se mêler aux futurs faiseurs de l’histoire.

On y découvre ainsi sa rencontre avec quelques auteurs britanniques de l’époque, dont Neil Gaiman avec lequel il est devenu très ami, et finit par dessiner Miracleman à partir du dix-septième numéro (faisant suite à Alan Moore, rien que ça). On y découvre son arrivée chez DC au début de ce qui donnera Vertigo, quand il encrait les débuts de Hellblazer alors qu’il était toujours à l’université. On y découvre son travail sur Death de Gaiman, et pourquoi il n'a pas plus travaillé sur Sandman. On y découvre sa propre incertitude, alors qu’il cherchait à passer du statut d’encreur et de dessinateur. Et on y découvre sa fascination pour l’apprentissage constant, l’intégration continue de nouvelles techniques dans son travail, et à quel point il a pu absorber le style de ces collaborateurs, en faisant un fréquent joker sur les séries prenant du retard.

Très détaillé, cet entretien prend d’autant plus de valeur que chacun des noms cités par Buckingham au cours du récit de ses souvenirs se voit accompagné d’un encart résumant le travail de la personne concernée. Et c’est là qu’on comprend réellement l’importance de l’époque dans l’ascension des grands artistes et auteurs d’aujourd’hui, et l’explosion de la révolution britannique. Il est toujours agréable de pouvoir découvrir des choses encore inconnues quand on évolue profondément dans le monde de la bande-dessinée, et ce tome, et la collection, travaillent dans ce sens, créant un vrai bel objet accompagné d’une vraie bonne lecture pour les fans des plus néophytes, qui découvriront beaucoup de choses, aux plus renseignés qui pourront au moins voir sous un nouvel angle une histoire générale bien connue.

Véritable coup de cœur que cette collection, Les Grands Entretiens de la Bande Dessinée devraient avoir, on l’espère, un beau succès auprès des aficionados. Et les fans de l’artiste en lui-même mettront ici la main sur l’un des rares ouvrages qui lui sont consacrés. Le tout pour 19€, un prix plus que raisonnable pour la lecture qu’on reçoit, et le travail fourni derrière. On attend maintenant impatiemment celui de Bruce Timm

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