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par Alfro - le 13/07/2014
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par Alfro - le 13/07/2014

Les Patients d'Arkham, la critique

D'abord publiée en 2004 de l'autre côté de l'Atlantique, Les Patients d'Arkham est une série conceptuelle qui se proposait de porter un nouveau regard sur l'Asile d'Arkham, là où sont enfermés les pires ennemis de Batman mais sans que ce dernier ne participe à l'histoire. Urban Comics se propose de nous replonger dans ce nouveau point de vue sur un lieu que l'on a vu des centaines de fois.

"Notre guerre contre la folie se mène dans la tête."

L'Asile d'Arkham est devenu un lieu commun dans l'univers de Batman (d'ailleurs, Urban Comics vous en livre un très bel historique au début de cet ouvrage), un endroit aussi important dans ce microcosme que peuvent l'être le Manoir Wayne ou Amusement Mile. Il est devenu l'une des composantes du légendaire personnage de DC Comics. Cet asile de fous qui abrite les pires déments de Gotham, ce qui n'est pas peu dire. C'est donc un lieu qui a été maintes et maintes fois décrit, décortiqué, dont on nous a même offert une plongée dans le passé et dans celle de son créateur avec Arkham Asylum de Grant Morrison. Pas facile donc de raconter de l'inédit dessus. Sauf si l'on change le point de vue que l'on avait eu jusqu'ici pour découvrir la bête de l'intérieur.

C'est ce que nous propose ici Dan Slott, celui qui est maintenant devenu le Monsieur Spider-Man chez la concurrence, en prenant le parti d'emboîter le pas à Warren White (et pas Walter). Ce dernier est un escroc à grande échelle, un magnat de la bourse et de la finance qui n'a pas hésité à réduire à néant la vie de centaines de personnes pour s'enrichir. Pas le type recommandable de base donc. Surtout que celui-ci va invoqué la folie passagère pour avoir à éviter la prison. Sauf que comme le juge lui fera bien comprendre, si personne n'invoque la folie à Gotham, c'est qu'il y a bien une raison, avant de l'envoyer à l'Asile d'Arkham un sourire cruel aux lèvres. C'est que Warren va vite découvrir que Arkham est l'un des endroits les plus dangereux de la Terre, avec en guise d'introduction une douche avec le Joker. De quoi vous empêcher de dormir pour le reste de votre peine.

"Je pourrais utiliser ta tête comme chaise percée et la revendre sur eBay."

Là où Dan Slott va très bien maîtriser son récit, c'est qu'il va procéder d'une façon méthodique en nous faisant suivre chacun des personnages qui seront amenés à intervenir lors d'un final explosif. Nous suivons donc Warren White, mais aussi d'autres détenus comme Humpty Dumpty ou Jane Doe, mais aussi des membres du personnel de l'Asile comme Cash ou le Dr Anne Carver. Tout ce beau monde se croise et se recroise, en ne faisant que plus en plus nous enfoncer dans une folie qui ne semble pas avoir de frontière, comme si plus Warren essayait de se débattre, plus il se retrouvait inextricablement lié à une démence qui se fait un malin plaisir à le submerger. On se retrouve donc avec cette habituelle question qui nous interroge sur l'origine de la folie. Est-elle innée ou acquise ? N'attend-elle pas juste un élément déclencheur pour se réveiller ? La véritable question qu'il faudra alors se demander est au final : ne serait-ce pas le monde qui est devenu fou ?

Dan Slott ne va pas aller jusque-là, et si tout y menait, il va couper sa réflexion par un artifice scénaristique avant d'arriver à ce point-là et offrir une fin beaucoup plus convenue et beaucoup plus anecdotique que ce que l'on aurait pu espérer. Comme si d'un coup, la résolution approchant, il voulait se raccrocher aux codes du comics mainstream et ne pas ouvrir des portes que pourtant Morrison avait avant lui enfoncé à grand coup de plume au vitriol. Slott va lui se contenter d'offrir un parfait récit pour étoffer la mythologie de Batman (d'ailleurs un certain nombre des personnages introduits ici reviendront dans les aventures du Chevalier Noir par la suite). Un récit efficace et appuyé par une narration impeccable de Ryan Sook, qui prouvait alors qu'il pouvait faire bien plus qu'être un illustrateur de couvertures.

Si Les Patients d'Arkham n'est absolument pas la plongée métaphysique que nous avait offert Grant Morrison lors de son exploration de ces lieux, elle n'en reste pas moins une série efficace qui prend au corps et qui plonge son personnage principal dans les pires tourments. Surtout que Dan Slott a très bien pensé son récit et a laissé de subtils indices partout dans cette histoire.

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