Illustration de l'article
Critiques
Archive 9ᵉArt
par Republ33k - le 22/05/2015
Partager :
par Republ33k - le 22/05/2015

Nimona, la critique

Webcomic écrit et dessiné par Noelle Stevenson, Nimona arrive en France et aux Etats-Unis ce mois-ci dans une édition reliée qui vient compiler des mois de travail diffusés sur Internet. Et derrière ses dessins minimalistes et son origine numérique, Nimona cache une vraie bonne histoire qui en surprendra plus d'un.

Ayant une véritable affection pour les dessins minimalistes, je n'ai eu aucun mal à me pencher sur cet album édité par Dargaud. Attiré par cette approche légère, je me suis plongé dans un univers totalement unique, à mi-chemin entre un décor médiéval et des thèmes de science-fiction. Assurément, au-delà de son trait, Noelle Stevenson a donné vie à quelque chose d'original, de frais, si bien que même les sceptiques du style minimaliste risquent de trouver leur compte dans cette histoire.

Pour revenir sur cette dernière, nous suivons dans cet album le pas si terrible Lord Ballister Blackheart, l'ennemi public numéro un qui n'est en fait pas si méchant, mais qui trouve un allié de poids en la personne de Nimona, une métamorphe capable de se transformer en toutes sortes d'animaux ou de prendre l'apparence d'autres individus. Des capacités qu'elle va mettre au service de Blackheart, pour l'aider dans son combat face à une mystérieuse organisation : l'Institut.

Et une fois le contexte et l'univers posés, on constate que Nimona n'est pas n'importe quel autre webcomic. C'est une histoire particulièrement riche, qui derrière une atmosphère naïve, cache de très belles réflexions. En effet, si le style des dessins aura tendance à enfermer l'album dans la case des œuvres destinées aux jeunes adultes, ses messages, son propos, n'en sont pas moins passionnants. En prenant un soi-disant vilain et une jeune-fille rebelle en guise de héros, Noelle Stevenson s'en prend à la dictature des apparences, et s'inscrit en faveur de la tolérance et du respect des différences. Elle oppose d'ailleurs à ses deux personnages non pas un seul antagoniste, mais bien un système, incarné par cette organisation floue et bizarre qu'est l'Institut. L'auteure s'attaque alors, très habillement, aux médias et aux agences gouvernementales, qui font tout pour maintenir leurs sujets - le terme a encore plus de sens dans cette ambiance médiévale - dans un moule.

D'ailleurs, Noelle Stevenson met en scène un troisième personnage, lui aussi passionnant, Sire Ambrosius Goldenloin, un chevalier, qui au fil des années, s'est mis au service du système sans jamais vraiment y trouver son compte. Vous l'aurez compris, le scénario de Nimona, qui prend racine dans un univers très original, est porté par une absence appréciable de manichéisme. Un contexte parfait pour refléter notre monde, et en tirer de belles conclusions. Car si le propos est incisif, les messages sont subtilement distillés et ne nuisent pas au déroulement de l'histoire et des cases, très fluides et plutôt jolies.

Chargées d'humour et de vérité, les pages de Nimona se dévorent à une vitesse folle, malgré une introduction assez lente, et presque déroutante étant donné la fraîcheur de son univers. Mais on se retrouve vite pris dans le doux engrenage de ce trait minimaliste et de son stoty-telling qui s'améliore à chaque page. Il faut dire que Noelle Stenvenson a gagné en assurance et en talent au fil des mois sur son blog, et que cela se ressent une fois son histoire imprimée sur le papier, les pages s'embellissant de chapitre en chapitre.

Ne vous fiez pas (nécessairement) à sa couverture : Nimona est un album loin d'être reservé aux plus jeunes. Une histoire qui cache bien son jeu, qui est forte de plusieurs niveaux de lecture et d'un dessin aussi léger qu'attachant ! Un chouette album à mettre entre toutes les mains.

Actualités
Voir tout
Publications similaires
Abonnez-vous à la newsletter !
Le meilleur de l'actualité BD directement dans votre boîte mail