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par AlexLeCoq - le 14/04/2014
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par AlexLeCoq - le 14/04/2014

Northlanders - Tome 1, la critique

Avec Northlanders, Brian Wood a décidé de faire parler ses racines pour faire voyager ses lecteurs dans une époque lointaine où la barbarie et autres guerres de religions régissaient déjà le monde. La série Vertigo s’était déjà arrimée sur les côtes françaises avec une édition Panini Comics mais elle profite du changement de main du catalogue DC Comics en faveur d’Urban Comics pour refaire parler les glaives et les drakkars.

Il a été un Jomsviking. Un guerrier.

Rarement les comics se veulent historiques et c’est pourtant le terrain qu’a décidé d’attaquer le scénariste américain Brian Wood, qui officie en ce moment sur Star Wars, avec Northlanders. La série décide donc de s’installer dans les terres du nord de l’Europe à la fin du premier millénaire après la naissance d’un certain Jesus Christ. Si l’Histoire (avec un grand h) n’a jamais longtemps connu la paix, cette période de notre ère a été particulièrement tourmentée avec l’arrivée du peuple Viking tout droit sorti de Scandinavie, région regroupant la Norvège, la Suède, la Finlande, le Danemark et les îles limitrophes. Cet héritage historique est le décorum parfait pour les différents récits du scénariste américain. Les récits, car Brian Wood a décidé de faire de Northlanders le témoignage d’une époque en racontant les aventures et les mésaventures de plusieurs héros dans cette époque ou vivre plus de trente ans était un véritable tour de force. Découpées en deux numéros ou plus, ces histoires permettent avant tout de mettre en avant les usses et coutumes d’un peuple que nous connaissons finalement très peu en France. Les Vikings sont, chez nous, synonymes de barbares sans cervelle faisant la guerre et pillant pour le simple plaisir de la guerre. Mais c'est un total contrepied que prend Brian Wood en racontant des histoires humaines et sentimentales mélangeant amour et honneur.



Il existe donc plusieurs histoires dans l’Histoire et ce premier pavé de Northlanders permet à nous, lecteurs, de nous sentir pousser des ailes d'historien en parcourant ses pages. Les nombreux personnages disparaissent presque aussi vite qu'ils sont arrivés même certaines histoires s’installent sur plusieurs numéros comme celle de Sven le Varègue, un mercenaire voguant sur les mers du Nord, qui décide de rentrer dans les Orcades pour laver l’honneur de son nom et libérer son village de la tyrannie mise en place par son oncle ou encore l’histoire de Magnus qui fuit, avec sa fille, les troupes du Roi de Dublin, Sigtrygg Silkbeard. Ces histoires ne laissent finalement peu de place à l’attachement car ce n'est pas le point d'orgue de la série. Northlanders met en avant un contexte historique de guerres et de violence menées par des idéologies totalement divergentes entre les différents peuples du Nord, et entre les Vikings eux-même. Même s'il s'agit principalement de la Chrétienté face aux croyance Nordistes des Vikings. Une vision de la violence totalement opposée dépeinte ici par Brian Wood à travers ses personnages et ses récits. Alors que les chrétiens utilisent la violence comme un moyen de purifier les peuples considérés comme "païens" , pour les Vikings, la violence est un moyen de culte qui permet de rendre hommage à leurs dieux tout en assurant leur place au Valhalla. Il s'agit ici de convaincre par l'épée ou de mourir pour ses croyances. L’occasion de se rappeler que la dissuasion nucléaire aura au moins eu le mérite d’apporter à notre époque un semblant de débat face à des idéaux divergents.

C’est un pays triste, plein de gens tristes et apeurés.

C’est aussi visuellement que toutes les émotions et tous les enjeux de Northlanders ressortent sur chaques pages. Pour ce premier tome, Brian Wood s’est entouré d’autant d’artistes qu’il avait d’histoires à raconter. On retrouve ainsi à l’œuvre les dessinateurs Dean Ormston, Danijel Zezelj, Davide Gianfelice, Marian Churchland et Ryan Kelly. Il faut avouer que les 5 artistes livrent des prestations vraiment incroyables même si chaque lecteur aura ses affinités au vu de travail de chaque artiste. La colorisation du titre joue aussi un rôle majeure dans son identité et son unité puisque tous les numéros proposent une pallette de couleurs similaire. Des teintes fades qui retranscrisent l’époque sale dans laquelle le récit se pose mais qui jaillissent dès qu’une tête est coupée et que le sang coule à flot. Il n’y a pas de violence sans violence. Chaque numéro de la série Vertigo est d’ailleurs magnifié par les superbes couvertures de Massimo Carnevale comme en témoigne la couverture du premier tome d’Urban Comics.



Paradoxalement, Brian Wood se sert d’images fortes et de tranches de vie totalement imaginées pour mettre en avant un contexte historique. Et c’est d’ailleurs le travail qu’Urban Comics a décidé, avec son édition, de mettre aussi en avant en chamboulant totalement l’ordre de parution de l’œuvre originale pour offrir un découpage géographique et historique des évènements de Northlanders. Ce premier tome débute donc en 793 pour se terminer en 1014. S’il est de prime abord difficile d’apprécier toutes les subtilités de la série Vertigo sans en connaître un minimum le background historique et les enjeux de l’époque dans le nord de l’Europe, soyez rassurés puisque tout a été pensé par l’éditeur français. En effet, une préface de Bernard Weber est là pour recoller les morceaux et comprendre tout le contexte géopolitique de l'époque  avant d’attaquer les 480 pages du gros bébé.

Northlanders est une lecture intelligente qui allie la densité d’un contexte historique à des histoires intéressantes à découvrir mettant en avant les Hommes plus que les barbares souvent imaginés lorsqu'on parle de Vikings. Brian Wood est clairement passionné par cette époque ce qui rend évidemment son œuvre passionnante et brillante. Il pousse la réflexion sur la vision des Vikings et des luttes de religions dans l’histoire. Certaines de ces pistes sur la nécessité de la guerre font d’ailleurs écho avec le manga Vinland Saga de Makoto Yukimura que je vous invite vivement à lire et dont nous reparlerons sans aucun doute sur 9emeArt.fr.

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