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par Elsa - le 19/02/2015
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par Elsa - le 19/02/2015

Princesse Ugg tome 1, la critique

Nouveauté du très bon catalogue de l'éditeur Akileos, Princesse Ugg vous invite à visiter une école pour princesses. Et contrairement à ce que vous pourriez imaginer, le résultat est particulièrement cool.

Princesse barbare.

Ülga est la princesse du royaume de Grimmeria, là-haut, dans les montagnes. Elle vit au milieu des cimes enneigées et ne connait presque rien des cinq royaumes qui vivent en paix dans les basses terres. Elle sait monter à cheval, manier une arme et se bat d'ailleurs avec talent. Mais sa mère a d'autres attentes pour elle. Elle ne veut pas que sa fille se contente de perpétuer les mêmes actes, les mêmes traditions que tous ceux qui l'ont précédée. Ülga doit apprendre, évoluer. Et pour cela, quoi de mieux que l'école ?

Alors la barbare Ülga intègre l'Académie des princesses. Et ça risque de ne pas être une partie de plaisir.

Un conte de fée taillé à la hache.

Ted Naifeh nous avait déjà régalé avec Courtney Crumrin, apprentie sorcière aussi curieuse qu'impertinente, qui nous entrainait avec elle dans un monde invisible du commun des mortels, tout en devant gérer le lot de soucis et de désillusions que compte l'adolescence. Il nous présente désormais Ülga, princesse barbare qui héritera du sobritquet de Princesse Ugg, parachutée au milieu de princesses plus 'conventionnelles', obligée d'apprendre à boire son thé avec élégance, à se tenir bien droite, et à devenir la future parfaite petite épouse d'un délicieux prince charmant.

Ce comics est destiné à un lectorat plutôt adolescent, mais se dévore avec plaisir même quand on est adulte. Ted Naifeh y raconte une histoire pleine d'humour où sa jeune héroïne bouscule les clichés liés à son titre de princesse. C'est aussi un récit d'apprentissage. Ülga est là sans trop savoir pourquoi, elle devra apprendre à s'adapter, trouver les réponses à ses questions par elle-même, et évoluer. Ted Naifeh brode un récit rythmée par des passages comiques ou plus tristes, qui se mêlent à des dialogues qui petit à petit changent l'héroïne, mais aussi ceux qui l'entourent. Le seul petit reproche qu'on pourrait faire au récit, c'est que certains passages sont en fait imaginés par Ülga sans avoir réellement lieu, mais qu'aucun changement graphique n'indique qu'ils ne sont pas la réalité. Cela crée un effet de surprise intéressant, mais désappointe un peu, le temps que le lecteur comprenne que ce n'était qu'une rêverie.

C'est également une réflexion sur la tolérance. Ülga est méprisée par ses pairs pour ses origines, son rang n'y changeant rien. C'est aussi la notion de féminité, de féminin, que l'auteur questionne à travers les autres princesses, confrontées, avec la jeune barbare, à une jeune femme bien différente de tout ce qu'on leur a inculqué, autant physiquement, que dans ses manières ou ses centres d'intérêt. D'abord sujet de moquerie, ses camarades pourraient bien réaliser que la jeune 'sauvage' a beaucoup de choses à leur apprendre. Déjà dans Courtney Crumrin, Ted Naifeh tissait le portrait d'une jeune fille jugée 'différente' parce qu'elle n'envisageait pas le monde, ni son propre comportement, selon les stéréotypes liés à son genre. Il imagine ses personnages comme des modèles positifs, qu'il développe avec subtilité et intelligence.

Graphiquement, quiconque se sera délecté du trait en noir et blanc de Ted Naifeh (dans les premières versions de Courtney Crumrin ou dans GloomCookie) pourrait être un peu déçu d'apprendre que sa nouvelle série est en couleurs. Pourtant, la colorisation assez simple sert les ambiances avec simplicité, et ne dessert pas le dessin à la fois très élégant et expressif du talentueux auteur. Une fois encore, il crée des 'gueules' à ses personnages, en leur associant à chaque fois une garde robe et une gestuelle particulière, qui leur confèrent énormément de personnalité et les rend instantanément attachants. Les passages racontant des souvenirs de la princesse sont colorisés en traditionnel, pour un résultat particulièrement beau, mais qui s'insèrent naturellement dans les autres planches en colorisation numérique.

Ce premier tome de Princesse Ugg dévoile une série prometteuse, plutôt à destination d'un lectorat adolescent. Un comics plein d'humour, mais aussi d'émotions, qui bouscule avec intelligence et bonne humeur le cliché de la princesse de conte de fée, le tout servi par un graphisme particulièrement élégant.

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