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par Arno Kikoo - le 4/02/2018
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par Arno Kikoo - le 4/02/2018

Quantum and Woody Must Die! : faut-il changer une formule qui marche ?

Faut-il nécessairement changer une formule lorsque celle-ci fonctionne, au risque de se répéter ? C'est la question que nous soulèverons avec la sortie du nouveau Quantum & Woody chez Bliss Comics, qui profitent d'une nouvelle mini-série après un premier titre en trois volumes, et un crossover avec Archer & Armstrong intitulé The Delinquents.

On prend (presque) les mêmes, et on recommence

Les habitués de l'univers Valiant ont eu le loisir de découvrir Quantum & Woody depuis 2016 et les titres sus-mentionnés, mais faisons un bref rappel. Il s'agit de deux demi-frères, Eric et Woodrow "WoodyHenderson aux caractères complètement opposés et qui ont bien du mal à se supporter. Par la force des choses (et un accident de laboratoire), ils vont être dotés de super-pouvoirs. Mais ces pouvoirs les obligent également à se "klanger" (se donner un coup de bracelet) toutes les 24 heures sous peine de se désintégrer. Obligés de vivre ensemble malgré leurs différences, les deux lurons s'improvisent super-héros, mais avec le tempérament de l'un et toutes les c**neries de l'autre, la situation n'est jamais comme il faudrait : souvent désespérée, et malgré tout hilarante.

La formule s'est montrée efficace et puisque l'on retrouve majoritairement James Asmus sur le titre, présent depuis la première série, les lecteurs se retrouvent en terrain connu. Les répliques fusent à tour de bras, Woody est impayable à chaque case, montrant des traits de caractères qui feraient perdre la raison à n'importe lequel d'entre nous - et la galerie de personnages environnant est toujours très délurée. James Asmus allie comme toujours du comique de situation, avec des scènes franchement absurdes, à l'écriture de personnages improbables et de dialogues survoltés, qui n'hésitent pas à verser par moments dans l'humour plus ou moins "correct". Un mélange classique, et c'est peut-être le problème.

Parce qu'après avoir lu quatre tomes du même accabit, le lecteur pourrait souhaiter un peu de changement de tonalité, bien que ce soit cet humour qui, à mon sens, fait de Quantum & Woody un titre très agréable à lire. Mais à force de faire dans la surenchère, on en perd parfois un peu le fil, d'autant plus que les nouveaux arrivants n'ont pas le même charisme qu'autrefois. Si vous êtes un lecteur fraîchement débarqué sur la série, alors l'introduction qui renvoie directement aux précédentes aventures risque de vous laisser de côté. Et c'est dommage car cette ouverture est d'excellent facture, et l'on retrouve Thomas Edison, un vilain marquant de cet univers, pour une histoire qui explore avec humour (très noir) des thématiques dans le pur esprit comic book, avec l'avènement d'un nouveau vilain qu'on a envie de voir plus... Mais il faudra patienter pour voir ce souhait exaucé. De même, une intrigue secondaire est laissée en suspens sur tout le tome (ça concerne le Bouc) et il est un peu frustrant de voir ce cliffhanger venir en conclusion. 

Mention peut mieux faire aux dessins

Malgré ces quelques déconvenues, le lecteur qui a été client de la façon de faire de James Asmus devrait trouver son compte et passer un bon moment, mais Quantum & Woody Must Die! accuse aussi une légère perte dans sa qualité graphique. Bien que le départ soit assuré par Pere Pérez, qu'on retrouve toujours avec grand plaisir pour son trait très propre et carré, les dessins de Steve Lieber ont un peu moins de finesse, et un encrage plus épais qui donne un aspect convenant moins à l'esprit de la série. Rien de dommageable non plus (l'artiste souffre un poil de la comparaison avec la première partie), la lisibilité n'étant jamais entravée par les dessins. Si dans le seul aspect du dessin j'ai été un peu sur le reste, Lieber maîtrise sa mise en scène et propose des planches qui répondent aux normes du médium. Le tout reste donc très correct et devrait contenter le maximum de lecteurs.

Avec la partie visuelle qui ne pose donc pas de réel problème, puisque l'humour et l'écriture de Quantum & Woody prime à mon sens sur le dessin, on se retrouve avec la question du départ. On peut reprocher à Asmus de rempiler, certes avec de nouveaux personnages et quelques idées vraiment prometteuse. Mais dans une recette qui ne surprend plus, et ceux en recherche perpétuelle de nouveauté y trouveront à redire. On peut estimer aussi que si une façon de faire se montre efficace, il n'y a pas de raison de vouloir à tout prix en changer, juste pour le fait de changer. Et à ce compte, Asmus s'en tire bien.

Ce ne sera sans doute pas la sortie la plus folle de Bliss Comics en cette année 2018, mais Quantum & Woody Must Die! montre que James Asmus a toujours des histoires à raconter, en suivant certes une formule qui ne fait plus surprise (c'est le problème de toute nouveauté) par ici, mais qui reste efficace si vous y avez accroché. Malgré des dessins "bien mais sans plus", l'album est donc à recommander pour les fans du duo de super-ratés.

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