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par Republ33k - le 6/12/2016
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par Republ33k - le 6/12/2016

Rebels, la critique

Connu pour des titres comme Northlanders, Star Wars ou DMZ, Brian Wood est assurément un passionné d'histoire, et il ne l'aura jamais aussi bien montré qu'en s'attaquant à Rebels, une série parue chez Dark Horse aux Etats-Unis, et éditée chez Urban Comics chez nous. Retour sur ce titre en forme de one-shot qui s'intéresse à la complexe guerre d'indépendance américaine.

Et pour prendre ce sujet à bras le corps, Brian Wood va opter pour un format anthologique. Si la première histoire, celle de Seth Abbott, occupe une bonne majorité de cet album, l'intérêt de l'édition d'Urban Comics est en effet de compiler tous les autres intrigues imaginées par l'auteur pour saisir le conflit dans sa complexité, dans un seul ouvrage.

En effet, l'auteur va partir de l'intrigue d'Abbott, finalement très classique et presque cinématographique dans sa construction et son développement, pour s'intéresser, progressivement, aux oubliés ou au laissés pour compte de la guerre d'indépendance. Quelque part, Wood nous prend donc par la main avec une première histoire solide mais commune, qui ne fait que renforcer sa chute, et les histoires suivantes.

L'auteur déplace ainsi son regard, une fois la première histoire passée, pour nous offrir des intrigues plus courtes mais aussi plus variées, qui s'intéressent par exemple aux femmes des miliciens s'engageant contre le Royaume-Uni, au sort de ceux qui restent loyaux à la couronne ou encore aux Native Americans et leurs tribus, prises entre deux feux. L'idée est assurément d'étendre la vision qu'on peut avoir de la guerre d'Indépendance, et de questionner le rêve de ces rebelles, sans tomber dans le patriotisme aveugle ou le révisionnisme pur et simple.

A ce titre, Brian Wood s'avère très touchant et particulièrement minutieux, enchaînant les portraits avec une justesse assez incroyable, étant donné la densité et la complexité de cette période historique. Il explique d'ailleurs très bien ses choix dans les pages de bonus compilées par Urban Comics dans sa très belle édition. Résultat, Rebels nous divertit et nous instruit tout en sortant des sentiers battus des œuvres sur le sujet, mais aussi du cadre de la bande-dessinée historique.

Très populaire en France, le genre nous prouve ici qu'il n'a pas à se limiter à notre beau pays pour être convaincant, et de plus, la composition et les dessins d'Andrea Mutti, accompagnés des superbes couleurs automnales de Jordie Bellaire, mettent un sacré coup de pied au derrière des bandes-dessinées historiques à papa, tant l'album se veut aussi spectaculaire qu'instruit. Et si toutes les planches ne se valent pas d'une histoire à l'autre, les dessinateurs invités à la barre ont au moins le mérite de mettre en place une vraie diversité graphique.

Ce qu'on gagne de ce côté là, on le perd hélas un peu du côté de la constance d'un portrait à l'autre, mais la série se voulant anthologique, ça n'a rien de très dramatique. Au contraire, le trait convoqué renforce parfois la réalité historique du sujet, comme le montre une histoire courte sur une sorte d'agent double obéissant aux milices comme à leurs ennemis anglais. Le seul défaut de l'album restera donc quelques passages un peu décousus, par moments, qui sont peut-être simplement exacerbés par mon manque de connaissance sur le sujet, toutefois.

Bande-dessinée historique à l'américaine pour une histoire des plus américaines, Rebels transcende son genre pour nos offrir des portraits poignants et touchants des partcipants à la guerre d'indépendance. Les amateurs d'histoire avec un grand "H" y trouveront assurément leur bonheur quand les autres devront jeter un œil aux planches (plutôt jolies) d'Andrea Mutti et de ses confrères avant de se lancer. Mais on parie que cet ouvrage à de quoi vous instruire tout en vous divertissant.

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